L’éloignement
On a l’habitude de vivre loin l’un de l’autre mais c’est pour mieux se retrouver emboités.
Ce soir, on devait être ensemble mais quelques modifications de planning professionnel et nous sommes éloignés de quelques centaines de kilomètres mais sans décalage horaire… donc on voit la même lune. Pour une fois. Ou une rare fois.
Déçu de ne pas être collé serré, on s’est quand même briefé pour se faire plaisir au même moment … c’est nul ces dortoirs aux murs épais comme une feuille de cigarette qui nous empêchent de nous appeler et jouir au téléphone ou en FaceTime.
Du coup à la même heure on se masturbe après avoir ouvert le mail spécial que chacun a écrit. Mais j’ai un avantage pour lui : je peux me filmer, lui envoyer la vidéo et/ou la bande son, je n’ai pas encore tranché. Il la regardera et l’écoutera avec ses écouteurs… plus tard quand elle aura décidé de lui envoyer.
Il est l’heure … on se connaît par coeur et on sait quand nos corps commencent à s’enflammer au contact des mains de l’autre. Il pense que ce sont ses mains mon monteur d’orgasmes. Mais en fait c’est son odeur si propre à lui si subtile si mielleuse si … (j’arrête vous allez vouloir recevoir des échantillons de ses effluves. Ceci dit il a bien un échantillon des miennes dans un joli flacon enfermant mon string préféré).
Bref
Il est l’heure. Les caresses subtiles et délicates commencent chacun sur notre corps. C’est triste mais avec une pointe d’excitation malgré. Je sais qu’il pense à moi en jouant de son bambou. Il sait que je pense à lui lorsque mon majeur décide de me pénétrer pour sentir mon humidité florale. Le plaisir monte doucement au rythme de notre chanson que nous avons tous les deux dans les oreilles à cet instant précis. C’était notre deal. Le plaisir il doit se taire : je pense à lui silencieux tandis que je pousse les vocalises gémissantes pour qu’il m’entende bien. Mon orgasme arrive. Le sien aussi j’en suis sure. Je suis trempée dans mon dernier râle. Son drap est entaché de sa semence. Nous sommes bien. Son SMS stoppe ma plénitude. Je lui manque. Il me manque. Il est pressé d’avoir la bande son. Je le nargue et lui souhaite une bonne nuit.
À son réveil il n’a pas la bande son mais, pour la première fois, une vidéo. Il bande immédiatement et jouit à nouveau. On est heureux de ce jeu à distance.
Rêve ou réalité ? Réalité ou fantasme ? À faire ou à refaire ?
On sait et vous savez …
Annotations
Versions