Chapitre 4

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- Désignez moi comme tel si vous le souhaitez, déclara Kaerthage face à ces gens qui avaient décidé qu'elle serait le méchant de l'histoire et l'ennemi du pays à abattre. Mais retenez bien le parricide que j'ai dû faire pour vous protéger d'un Roi.
- Mensonges !
- Vraiment ? Où étiez vous au moment où j'ai retiré l'épée de mon père, le Roi Edmond Avening de Solaris, du corps de Sir Kamille ? Où étiez-vous quand j'ai dû affronter le tigre préféré de mon père ? Où étiez-vous donc quand ces femmes qui se disaient être les protectrices de la Reine, se sont lancées dans un assaut désespéré contre leur Maîtresse et contre moi ? Où étiez-vous quand l'attaque a éclaté et que les Solariens ont dû fuir comme des lâches tandis que je n'étais déjà plus rien d'autre qu'un corps sans vie ?

Les accusations avaient été sa douleur, mais également le moteur pour elle de prouver qu'elle n'était pas la faible Princesse Solarienne, trompée par son propre pays et abandonnée par sa famille dont la lâcheté n'avait eu d'égal que le complot qu'ils avaient fomentés pour prendre possession des terres de glace.

Son regard froid devint soudainement très lumineux.

- Reculez ! gronda alors la voix d'Atlas. Fieren.
- Atlas, mon ami, mon frère. Que ce passe t-il pour que je sente autant de colère en cette jeune personne ?
- La vie humaine mon cher. souffla le démon qui ne quittait pas du regard ces gens ignobles.
- Ah les humains, déclara l'ange dans la voix de la femme qu'il possédait. Faibles et si incrédules. Vos Altesses.
- Qui...
- Majesté, le Roi Stanislas et la Reine Danika, présenta Atlas. Je vous présente Fieren, un des anges responsables de notre vie parmi vous.

Le Roi se leva alors, peu sûr de ce qu'il entendait. Lui et sa femme, Lowrak et Stalia se levèrent alors pour venir s'incliner devant Kaerthage dont Fieren avait pris possession du corps afin d'interagir avec les mortels.

- Un ange ? se murmurait-on parmi les gens présent dans la grande salle.
- Serait-elle vraiment en communication avec le Divin ?
- Sir Fieren, s'exclama la Reine, nous vous en sommes éternellement reconnaissant pour avoir donné une seconde chance pour nos, maris, fils, et frères.
- L'honneur ne revient qu'à ceux qui en ont fait la demande, Majesté la Reine Danika, répondit Fieren en souriant. Mais je suis bien plus aisé de savoir mon frère et compagnon de nouveau en vie et foulant cette terre au travers de votre enfant.

La Reine s'inclina de nouveau, comprenant là que Fieren n'avait pas fait ce geste sans intérêt certain, Atlas valait beaucoup aux yeux de l'ange et elle comprenait que ce qu'il avait voulu faire était de le voir encore une fois plutôt que d'en être séparé pour l'éternité.

On leur avait apprit que Démons et Anges ne pouvaient s'associer sans se demander réellement pourquoi certains gardaient leurs statuts tout en fréquentant pourtant leur ennemi juré. Fieren semblait avoir réussi l'impensable et avait obtenu un statut encore bien plus haut dans la hiérarchie des chercheurs angéliques. Ce qui avait eu pour effet de le maintenir assez proche d'Atlas pour l'observer et garder un œil sur lui comme sur ce qu'il ce passait en bas.

Fieren, sous les traits de la jeune Princesse, se tourna vers le reste de la famille et avisa Stalia, tenant fermement son bébé dans ses bras.

Il remarqua Thomas, debout aux côtés de son père et d'Atlas, l'allure d'un guerrier malgré son jeune âge. Il posa alors une main sur la tête du garçon qui se détendit et la leva pour croiser le regard de l'ange dans celui de sa mère.

- Nous nous retrouvons mon jeune ami. sourit l'ange.
- Sir Fieren, répondit ce dernier un peu moins sur la défensive qu'à leur première rencontre.
- Je te dois des excuses mon jeune enfant.
- Des excuses ?
- Un ange peut-il vraiment s'excuser ?

Les murmures firent gronder Atlas, mais son ami de toujours préféra ne pas relever, lui adressant un regard simple qui lui fit hocher la tête.

- Je t'ai arraché ta mère durant toute une année à cause de notre première entrevue.
- Si fait, répondit le garçon en baissant la tête.
- Ai-je été un peu trop présomptueux des forces de cette douce créature, dont les humains semblent être encore dans l'ignorance de ce qu'elle a put leur éviter ?
- Je ne puis répondre Sir Fieren, dit le petit garçon, la tête basse.

Fieren, touché par ce petit être magique fait de chair et de sang, se pencha alors pour se mettre à sa hauteur et se trouver ainsi en position de faiblesse. Immédiatement, Atlas réagit, brandissant sa lourde épée, ses hommes tout proche, prêts à réagir.

- Me pardonneras-tu jeune enfant ?
- P...
- Sir Fieren, intervint alors la voix de Nohan. Ma femme va t-elle repartir dans ce sommeil sans fin encore une fois ?
- Est-ce là la question que ton fils souhaitait me poser à l'instant ?
- Oui... répondit Thomas, le regard brillant d'un espoir incertain.
- Alors non, rassurez-vous, elle est certes encore un peu faible, mais sa force à me contenir est bien plus impressionnante et le sera bien plus encore avec le temps. répondit l'ange, caressant la joue du garçon, puis se releva.
- Cette femme est une sorcière ! hurla alors une des femmes présentes, pointant du doigt Kaerthage dont Fieren se distinguait assez bien de la jeune femme.
- Saviez-vous, entendirent-ils, ce qu'il encours à un simple mortel de s'en prendre à un ange ?
- Kaerthage.
- Maman !
- Fieren est un bon professeur, mais apprendre d'un humain méfiant et d'un démon est encore plus édifiant, répondit-elle alors que l'ange lui laissa la place pour s'exprimer.

Son pouvoir était grand, l'artefact qu'elle était faisait d'elle un être puissant qui allait attirer bien des convoitises. Les anges pour récupérer leur bien le plus précieux, les démons pour avoir enfin une chance de se venger des hommes. Et les hommes pour récupérer ce bien précieux qu'ils avaient dérobé pour s'en servir encore et encore jusqu'à la tuer.

Mais Fieren ne laisserait rien de cela arriver, Atlas et Nohan non plus. Kaerthage devait apprendre ce qu'elle était pour accepter son destin et aider ceux qu'elle jugerait dans le besoin.

L'artefact ayant été créé dans le but d'apporter force, douceur, réconfort et bien plus encore, l'ange et le démon avaient tout deux peur qu'elle ne puisse réaliser ce qu'elle était et qu'elle n'arrive à devenir ce qu'elle était au plus profond d'elle. Mais Thomas et Nohan, placés sur son chemin de la destiné, seraient ceux qui la guideront, la protégeront ainsi que les Ravageurs qui connaissaient déjà les effets de la jeune femme sur eux.

- Je n'ai connu élève plus assidue que cette jeune femme, répondit l'ange dans un demi sourire envers l'époux de cette dernière.

L'homme hocha la tête, mais son regard sombre se retourna vers la femme qui osait braver les divins pour s'en prendre à celle qui lui permettait encore aujourd'hui de cracher son venin.

- Assez ! s'exclama la Reine.
- Ma...Majesté ?
- Je ne puis tolérer encore plus d'humiliation.
- Ma chère Reine Danika, déclara Fieren en se tournant vers le reste de la famille royal. Je vois en vous une combattante avérée, tout aussi puissante et juste que votre cher époux.

La Reine reste coite, écoutant attentivement ce que l'ange allait lui dire.

- Mais votre cour est malheureusement rempli de vipère aux crocs d'aciers et au poison mortel. Une pomme pour l'équilibre tout comme pour la mort.

La femme tiqua.

- Un... Un ange ! C'est...
- Silence ! gronda Nohan.
- Fieren, approche l'enfant, ordonna Atlas.
- Hmm ?
- L'enfant royal, dit Kaethage en le guidant vers le bébé de Stalia. Ne craignez rien.

Se disant, Stalia resta tout de même proche de son mari dont la main sur la garde de son épée se fit plus dur.

Fieren pencha alors sa tête sur l'enfant qui le regardait avec de grands yeux étonnés et fascinés.

La femme douce était à présent partagée par une autre aura douce à son tour et plus chaude que le soleil. Stork leva ses doigts pour approcher le visage de la créature étrange, Fieren se laissa alors toucher et fut également prisonnier des visions de la jeune femme.

- Hmm... Ainsi est-ce que tu as vu. Cet enfant sera un Prince !
- Si..Sir ?

Fieren posa son doigt sur le front du bébé qui resta immobile durant un instant alors qu'une douce chaleur pris possession de lui, le berçant dans les bras de sa mère.

- Cet enfant a reçu une bénédiction, le Prince Stork Karsan de Kaolan vivra une belle vie. déclara alors l'ange en souriant sous les gazouillis du bambin. Grandit bien jeune Prince, que ta vie soit longue et prospère.

Nohan se précipita vers Kaerthage, comprenant que l'ange quittait son corps. Il la rattrapa de justesse pour lui éviter de se fracasser le crâne sur le sol. Thomas avec lui, ils quittèrent la salle, les Ravageurs et les aides de la jeune femme, à leur suite. Mais arrivés à la grande porte, le Roi déclara :

- Nohan !
- Père ?
- Le Roi ordonne une arrestation.
- Louis, Fafnar ! Karsssian !

Trois Ravageurs dont le bras droit du Prince, s'écartèrent de la faction pour se diriger vers le Roi.

Quand ils quittèrent la salle, tout ce qu'ils retiendraient seraient l'intervention de l'ange et la façon dont Kaethage avait put partager sa force avec ce dernier l'espace d'un instant.

[...]

Les jours qui suivirent cette entrevue extraordinaire, le Roi décida qu'il était temps d'ouvrir une chasse à l'homme afin de rétablir la vérité sur les actions de la jeune femme, ainsi que son implication dans la tuerie des Solariens sur le sol froid du pays de l'hivers.

Mais la liste des personnes qui se dressaient contre la réalité était longue et le travail s'annonça rude pour le Roi et ses hommes. Il pouvait compter sur ses fils et les Ravageurs, mais ne pouvait espérer meilleur chance d'obtenir des voix favorables envers sa belle fille. Car l'humain était bête et ne voulait en rien écouter le magique ou le surnaturel, de peur que ces derniers ne les trompent. Pourtant, le Monarque lui-même avait été témoin de ces faits extraordinaires, et même ceux présents et encore en vie avaient témoigné en la faveur de la jeune femme.

Mais ce refus d'écoute engendra alors un début de révolte.

Ce qu'avait vu Kaerthage se concrétisait, mais quelque chose semblait ne pas être plus naturel non plus dans cette révolte, car un humain avait son libre arbitre et pouvait penser par lui-même. Pourtant, il lui semblait que tous ceux qui se dressaient devant les douves du château, étaient dépossédés de cette partie qui faisait d'eux des humains.

Quand elle en fit part à son mari et au Roi, Atlas et Nohan lui confirmèrent qu'ils avaient également ressentit une sombre menace être à l'origine de cette révolution qui risquait de tous les tuer. Il leur fallait trouver qui et d'où car si c'était un fait magique, alors cette personne devait se trouver assez loin pour ne pas être trouvée mais assez proche pour pouvoir guider les révolutionnaires jusqu'aux portes du château.

- Je ne maîtrise point encore ce genre de magie, déclara t-elle.

Alors qu'on lui proposait de tenter quelque chose, la panique la prit et elle ne su comment arrêter ce sentiment d'urgence qui lui dictait de fuir le plus vite et le plus loin possible.

Qu'est-ce qui lui arrivait ? Pourquoi avait-elle si peur tout d'un coup ? La mort venait-elle enfin toquer à sa porte ? La personne derrière tout ceci cherchait-elle à la tromper pour la piéger hors des remparts ?

- Tout doux femme, murmura la voix de Nohan à son oreille. Tout va bien Princesse.

Il la tint dans ses bras, son odeur la réconforta, les battements forts de son cœur l'apaisèrent, sa voix tranquillisa sa peur et tue les sombres pensées qui prenaient le pas sur sa conscience. Elle avait besoin de ce contact, de cet homme auprès d'elle. Elle avait besoin de lui et il l'avait compris. Elle devait calmer son esprit pour s'assurer de pouvoir trouver en elle la réponse à tout ceci.

- Kaerthage, gronda son mari dans son dos.

Il lui pris le menton et releva son visage vers le sien, posséda sa bouche sombrement, faisant vibrer en elle une corde qu'elle n'avait jamais connu jusqu'à l'or.

- Je... crois que je sais quoi faire. souffla t-elle sur sa langue tandis que le monstre apparu dans le regard de son époux.
- Je suis là. Fais ce qui doit être fait femme.

***

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