L'ancien Roi humain chargea le coffrage. Comment avaient-ils réussi à le trouver ? Cette femme avait été si inutile. Elle qui avait put penser qu'elle le dirigeait comme une marionnette bien attachée à son maître. Mais il avait trompé son monde, faisant tout son possible pour interdire à son ancien général d'entrer dans le paradis qui LUI était destiné. 

Il avait tant œuvré pour atteindre son but ultime : avoir le pouvoir de régner sur un monde qu'il avait tant idéalisé. Mais aujourd'hui, à cause d'un ange un peu trop intelligent et d'un démon qu'il avait formé durant des années, de son vivant, il voyait tout cela s'effondrer. Il ne laisserait rien passer ! Il ne voulait pas voir tout ce pourquoi il avait tant travaillé, être détruit par le sens de justice de son ancien général et de cet ange débile. Pourtant, quelque chose semblait étrange quand il regarda ce dernier. L'ange était trop proche du démon mais rayonnait comme si il en était le maître, le Seigneur lui-même. Pourtant... Oui, ça ne pouvait être le cas, car ce Seigneur était dans le coffrage que le démon avait ouvert sans se blesser.

- Mon Roi, entendit-il l'ange appeler le démon qui fit tournoyer sa grande lance mortelle, fouettant l'air pur avec.
- Cher ange.

Fieren enroula ses doigts autour de son poignet libre, le stoppant dans son élan. S'était à lui d'agir. Il n'avait pas passé ces derniers mois captif sans rien faire. Entre chercher son Seigneur, tenter de transmettre des informations à Atlas et son secret, il avait enfin réussi. Il était temps pour lui de montrer le résultat de tout ceci.

- Entre ma fille, déclara t-il alors.

- Fille ? Depuis quand les anges enfantent-ils ?! cracha l'ancien Roi humain.

Fieren ne répondit pas, quand une jeune fille d'apparence ne devait pas avoir plus d'une douzaine d'années, apparu à ses côtés. Elle était si jolie, des yeux bicolor d'un vert sombre, ressemblant à ceux d'Atlas quand il était encore humain et un bleu agate qui représentait la force de l'ange. Sa force, son aura, tout raisonnait avec le couple. Atlas pouvait le sentir, il arrivait à retrouver en elle sa propre présence.

- Qui est-ce ? souffla le démon en la regardant.

La petite, timide, tourna sa tête vers lui et afficha un grand sourire rayonnant à cette créature des enfers hideuse qu'il était.

- Notre engeance, Mon Roi, répondit Fieren, caressant la tête de la petite accrochée à sa tunique. Va ma fille.

Elle s'approcha alors d'Atlas et lui tendit ses bras. Sans peur, elle enfonça son regard inquisiteur dans celui de la créature. Le démon se pencha et tendit un bras pour la soulever contre lui. La petite s'accrocha à lui et murmura :

- Père. 

Ce simple mot déclencha une vague de sensations en lui qui s'entrechoquaient comme les vagues furieuses d'une mer agitée. Il planta sa lance dans le sol, faisant trembler les lieux, gardant la petite contre lui, Fieren accroché à son bras puissant, Atlas arracha de son corps un os qu'il donna à la petite.

- Mange petite. Tu seras à jamais protégée. déclara le démon. Fieren.

- Je te suis.

- Démons ! gronda le Roi Gardien avec fureur. Notre heure est venue !

- Ahou ! pouvait-on entendre se répandre dans tout le ciel.

Comme un orage dévastateur, les démons hurlèrent, frappant leurs lames contre les boucliers, faisant vrombir le sol, trembler de peur les anges. Les gardiens célestes s'activèrent, approchant pour protéger leur Seigneur, mais alors que l'ancien Roi les voyait s'approcher, un lent sourire élargit sa bouche, jusqu'à ce qu'ils s'éloignent de lui pour  se poster autour du coffrage.

- Non ! Je suis votre Seigneur ! hurla t-il. Je suis le seul dirigeant du Ciel !

- Menteur !  s'écria la petite accrochée au Atlas.

Son regard brillant, figea l'ancien Roi. Les gardiens s'arrêtèrent. Position de combat, ils pointèrent leurs armes sur l'humain. 

- Qui es-tu pour osé m'adresser la parole ? Vile créature du mal !

- Du mal ? s'amusa alors une voix provenant de derrière la ligne de gardiens en faction. Je sens effectivement le mal ici. Mais il ne provient pas de cette chose.

Le Seigneur se leva de son coffrage. L'être brillant et saint des cieux leur apparu comme un astre éblouissant. Atlas resserra son emprise autour de la petite et se figea contre son compagnon quand l'être suprême passa près d'eux.

- Je ne toucherais pas à ton engeance démon. Fieren est un de mes précieux généraux, chercheur en chef. avoua t-il.

Atlas savait. Il avait bien compris que son compagnon n'était pas un simple ange avide de connaissance. Il était puissant, il avait bien ressenti son aura. Surpris d'entendre qu'il était un des généraux des cieux ? Oui il l'était. Mais il ne lui en voulait pas. Fieren s'était donné pour eux, pour lui et Atlas ne lui en voudrait pas de lui avoir mentit sur sa vraie identité. Il connaissait son cœur, c'était suffisant pour lui. Ne lui avait-il pas caché, lui aussi, sa véritable apparence ?  Même si l'un comme l'autre, ça ne comptait pas, pour Atlas c'était ce qui comptait le moins pour lui. Un démon au cœur tendre, n'était-ce pas risible ? 

La petite avala discrètement l'os du démon.

- Cette chose possède le mal maintenant ! hurla l'ancien Roi qui l'avait pourtant vu faire.
- Elle possède en elle la liberté et le pouvoir, le chaos et la rédemption, déclara le Seigneur. N'est-ce pas mon frère ?

Une ombre apparue. Le Seigneur des Abysses fit son apparition.

- Est-ce là, la chose qui a vaincu le Seigneur des Cieux ? gronda l'Enfer.

- Il n'était pas seul. répondit tranquillement le Ciel.

- Comme tu me l'as demandé, j'ai envoyé le Gardien enquêter, mais si j'avais su que ton envoyé était un général, j'aurai sans doute fais les choses autrement.
- L'aurais-tu ignoré ?
- Non. J'aurai tenté de le soudoyer, tout au plus.

Le Ciel sourit à l'Enfer.

- Seigneurs, gronda le démon, je demande vengeance.

Les deux entités le dévisagèrent et acceptèrent, mais l'humain fonça droit sur lui, attrapant la petite au passage des bras du démon, le repoussant par surprise pour s'enfoncer dans l'espace des anges et trouver la bordure.

La petite, effrayée, hurlait si fort, indiquant à ses pères où elle se trouvait, cherchant à recevoir l'aide qu'ils lui avaient promis.

Mais l'ancien Roi sauta pour disparaître totalement, perdant ainsi l'engeance d'un démon puissant et d'un général des Cieux.

Des années passèrent, des siècles mêmes jusqu'à ce que l'Enfer et le Ciel, ne décident de tuer Atlas pour le punir.

Humilié, détruit et triste, Fieren avait pourtant réussi à sauvegarder l'esprit de son bien aimé et de ses hommes pour les implanter dans les corps les plus forts afin de les faire vivre de nouveau jusqu'à ce que la Clé ne soit trouvée et qu'ils puissent, de nouveau, un jour... se retrouver.

Mais qui aurait cru que ce jour viendrait où la Clé serait leur enfant retrouvée après des siècles de recherches ?

Kaerthage, assise sur son lit, émergea de ce rêve qu'elle avait découvert en remontant le temps des esprits de ses pères. Son sourire enfantin s'afficha pour éblouir la pièce.

- Douce enfant... murmura Atlas, lui caressant la joue. C'est donc pour cela que tu me semblait si proche de moi.
- N'est-ce pas le seul geste que j'ai pu faire pour me protéger ? dit-elle les larmes aux yeux.

Atlas, sous les traits de Nohan, lui caressa le dessous des yeux, effaçant les perles d'eau qui quittaient son regard pour glisser le long de sa peau fine.

Fieren pleurait lui aussi, réalisant que tout ce qu'il avait cherché, il le possédait déjà.
C'était ainsi une réunion familiale, bien trop longtemps après ce drame.

Les quelques Ravageurs présents dans la chambre, posèrent un genou au sol, les armes par terre, ils s'inclinèrent ainsi devant la suprématie qui se trouvait devant eux.
Thomas ne su comment agir, jusqu'à ce que Fieren tourne son regard éclatant verts lui et ne tende sa main pour le faire venir à lui.

- Approche Prince du Temps. Approche petit garçon.

Devant le secret que représentait les plus proches généraux d'Atlas et de Nohan, Fieren offrit à Thomas, un fragment de sa puissance d'ange, complétant ainsi sa génétique.

- Leron, Karssian, Storke, Samany, prononça alors Atlas. 

Un œil s'alluma d'une lumière dangereuse, signe que le démon appelé s'était réveillé.

- Kamille, Sartan, Konnan, Liark, fit Nohan.
- Mon Roi. 
- Devant cette famille, vous devez jurer qu'aucun mal ne sera fait.
- Nous le jurons ! grondèrent les quatre Ravageurs présents.
- Il est bientôt temps pour nous mon amour, souffla Fieren à Atlas.
- J'ai hâte.

Fieren quitta le plan pour laisser Kaerthage, vidée de sa force, s'effondrer contre les coussins.

- Maman ?
- Ne t'en fais pas, elle s'est endormie. Samany, veille sur la Princesse. ordonna Atlas. Prince.
- J'ai vu. Son pouvoir est immense.
- As-tu vu ?
- Si fait.
- Alors il n'y a plus rien à dire.
- Non, il n'y a plus rien à dire. Seulement une action à mettre en place. Il est l'heure pour nous également d'obtenir le salue divin.
- Nous l'aurons tous mon ami. 
- Ami ? Ne devrais-je pas vous appeler beau-père ? se moqua Nohan.
- Oh tais toi. peu importe où vous réapparaîtrez, promet moi de ne pas me chercher.
- Où serai l'amusement ?

Atlas souffla. 

Il aimait cet humain, mais les révélations et les secrets qu'il venait d'apprendre auraient dû le faire fuir ou le dégoûter. Voilà bien un être étonnant. La petite qu'il n'avait que vaguement connue, avait bien choisi. Où était-ce lui qui les avaient réuni par instinct ? Sans doute.

- Thomas, cours chercher Lady Capucine et Lady Cassia. Dis à Lady Ellan qu'elle va enfin avoir ce qu'elle voulait le plus.
- Bien père.

Konnan se redressa, surpris.

- Ta fiancée mon ami.
- Chef ?
- Allez le préparer.
- Par ici Monsieur le marié, s'amusa Karssian en poussant le géant.

La lueur de Storke était toute aussi surprise que son humain. Que ce passait-il réellement ? Que souhaitait le Roi Gardien et le Prince des Glaces ?

Les ordres furent donnés, Taran s'agita et c'est au clair d'une lune froide et argentée que Fieren réapparu dans le corps de sa fille réveillée. Tous réunis dans la grande salle de la forteresse de terreur, les Ravageurs et leurs Seigneurs étaient rassemblés pour accueillir Ellan, dans une robe bleue et violette, doublée de fourrure, un plastron en métal sur le torse, un bouquet dans les mains, Konnan attendait sa belle, habillé de son armure d'apparat.

- Chef, que ce passe t-il ? demanda le géant.
- Notre fin est proche mes amis. déclara Nohan quand Ellan pris la main de son fiancé, faisant tout deux face à leur Prince et Princesse. Nous connaissons la Vérité. Nous avons la Fin, à nous de la décider, mais l'Avenir est déjà tracé. Nous n'en reviendrons pas, il n'y a aucun retour pour nous. Pour garder une trace de notre vie ici, Thomas a été désigné comme le prochain Prince des Ravageurs. Taran lui reviendra une fois notre destinée accomplie. Lady Ellan.
- Majesté ?
- C'est un geste égoïste que je m'apprête à faire. Mais puisse t-il vous apporter du bonheur tout le temps que cela durera.
- Je mourrais avec eux. annonça la femme forte.
- Ellan...
- Que ce soit avec l'humain ou le démon, mon coeur suivra et je ferais ce qu'il faudra pour répondre à cette responsabilité.

Kaerthage sourit, touchée par les mots de sa dame de compagnie.

- Nous aussi Seigneur ! s'exclamèrent les deux autres femmes, horrifiant leurs compagnons.
- Cassia.
- Naie crainte, répondit la compagne de Sartan. Je ne prendrais pas peur. Ellan est une guerrière mais nous sommes loyales à notre Princesse. Sa sécurité est la notre. Nos coeurs sont vôtres mais nos vies sont vouées à la défense de notre Maîtresse.

Sartan sentit Karssian soupirer d'admiration.

- Qu'il en soit ainsi, prononça Fieren. Alors je vous lie tous à cette simple vie. La mort vous réunira, peu importe la forme qu'elle prendra.

C'est alors, à peine ses mots prononcés, que l'ange et le démon donnèrent à Taran sa véritable définition : Rédemption.

Fin du tome 2.