Chapitre 16
Après m’être reposé toute la matinée, je sortis de table au moment où tout le monde se mettait à table. J’attrapais Lianna, qui courrait dans toute la pièce et l’installa sur sa chaise. J’aidais ensuite les cuisiniers à mettre le repas sur la table. Dès que tout fut près, on s’installa à table.
— Ça va mieux ? me questionna Véra.
— Oui, merci.
— Avec Liva et Sélina, tu vas enfin pouvoir te reposer un peu.
— Avez-vous déjà visité le palais ? enchaînais-je ensuite.
— Pas encore, répondit Véra, à leur place. Je compte sur toi pour le faire. Elles savent déjà où sont leurs chambres et leur journée se termine à dix-sept heures pour qu’elles puissent s’installer.
— Ça marche.
— Et ma tante va venir récupérer Lianna.
— Bah pourquoi ?
— Elle en avait envie.
— Je vois, je vois, rigolais-je.
C’est pendant le repas que j’appris à connaitre Liva et Sélina. Sélina avait les manières d’une habituée du luxe. Sa coiffure, son maquillage et ses vêtements étaient impeccables. Tous au long du repas, ses couverts restaient parfaitement alignés à l’assiette. Même sa façon de parler était soutenue. Elle avait un avis sur chaque point évoquer par Véra, mais surtout, elle connaissait toute l’actualité. Elle était faite pour Véra, qui était très pointilleuse.
Liva, quant à elle, était plus réservée, en retrait, comme moi. Elle n’avait pas toutes les connaissances pour participer à la discussion. Elle préférait se faire discrète, intervenir quand on le lui demander et mangeait tranquillement, tant en gardant discrètement un œil sur ma fille.
Quand on eut terminé de manger, Véra s’occupa de coucher Lianna, en attendant Lizéa et je partis avec les nouvelles demoiselles de chambres, laissant le débarrassage de la table aux cuisiniers, exceptionnellement. Après avoir fait visiter l’ensemble du palais à Sélina et Liva, mais surtout les pièces les plus importantes, on remonta dans l’antichambre, où Lizéa et Véra préparaient le sac de Lianna.
— Bonjour, Votre Altesse, la saluèrent Sélina et Liva.
— Bonjour Mesdemoiselles. Salut Élia.
— Salut. Lianna s’est bien réveillée ?
— Oui. Elle a hâte d’aller à la piscine.
— Elle ne sait pas encore nager.
— Ne t’inquiète pas. Ma mère sera là et c’est une grande nageuse.
— Excuse-moi Liz, mais ta mère n’est plus toute jeune et…
— Respire Élia. Je ferais à Lianna, je te le promets. Je suis aussi une bonne nageuse et j’ai appris de la meilleure.
— Tu as de la chance que je te fasse confiance, Liz.
— Promis, je te la ramène en un seul morceau.
Le sac de Lianna sur l’épaule, ma fille dans les bras, Lizéa s’approcha. Elle déposa un bisou sur mon front avant que Lianna ne fasse de même sur ma joue. Quand elle quitta l’antichambre, un silence emplit la pièce. C’était la première fois que Lianna était loin de moi.
— Ça va bien se passer, mon ange. Ma tante et ma grand-mère sont tout à fait capables de s’occuper de Lianna.
Elle m’embrassa à son tour, tandis que je levais les yeux au ciel. Véra le remarqua et sourit.
— Je serais dans mon bureau, si tu as besoin de quoi que ce soit.
Dès qu’elle fut partie, j’invitais Liva et Sélina à s’asseoir sur le canapé avec moi. Dans une pochette, posée sur la table basse, Véra m’avait fait divers documents. Je donnais en premier les cartes temporaires aux deux filles, au moment où un soldat entra dans la pièce.
— Bonjour, Mesdames, contrôle d’identité. Veuillez sortir vos cartes s’il vous plait.
— Est-ce qu’il y a une raison particulière ? questionnais-je.
— Je suis le nouveau lieutenant du palais, mon collègue venant de partir à la retraite. Je veux juste faire un point sur qui travaille ici. Lieutenant Huston, pour vous servir, mademoiselle.
— Enchantée, lieutenant Huston. Je suis Élia Aubelin, la dame de chambre de Sa Majesté, enchaînais-je en lui présentant ma carte. Et voici Liva Glane et Sélina Letrac, les nouvelles demoiselles de chambre.
Le lieutenant Huston vérifia les trois cartes avant de nous les rendre.
— Est-ce qu’il y a d’autres personnes qui sont directement au service de Sa Majesté ?
— Rosalie Spencer, son assistante, vous la trouverait dans le bureau de Madame. Et il y a une enfant qui vie ici, Lianna.
— Je suppose que cette petite fille n’a pas de carte ?
— Non, elle n’a que trois ans. Mais c’est la seule enfant du palais. Je peux vous la présenter si vous voulez.
— Ça ira. Merci pour ses explications, Mademoiselle Aubelin.
— Bienvenue au palais, Lieutenant Huston.
Quand il quitta enfin l’antichambre, je pus distribuer les autres documents à Liva et Sélina.
— Pourquoi y a-t-il autant de protocoles de sécurité ? me questionna Sélina.
— Je crains que ce ne soit ma faute.
— Comment ça ?
— Ce n’est pas encore le moment de vous en parler.
Pendant plus d’une heure, j’expliquais les diverses tâches qui leur étaient attribuées. Pour son professionnalisme, ce serait Sélina qui s’occuperait de la chambre de Véra. Quant à Liva, le temps qu’elle soit correctement formée, elle resterait sur la chambre de Lianna. Ensemble, elle s’assurerait du rangement de l’antichambre. Aucune des deux n’avaient accès à la salle de bain, sauf Sélina si je lui demandais expressément. Quant à Véra et Lianna en elle-même, je serais la seule à m’occuper de mes deux amours. Quand tout fut mis au clair, je proposais aux filles de s’installer dans leurs nouvelles chambres. On descendit à la lingerie récupérée des draps propres pour les lits. Une fois qu’elles furent installées, j’en profitais pour leur montrait comment Véra aimait que son lit soit fait. Je fis de même pour la chambre de Lianna et le rangement de tous les objets du quotidien.
— Sélina, comme tu peux le voir, il y a une rose sous l’oreiller de Madame. N’y touche pas, je m’occupe d’en mettre une fraîche du jardin en fin de journée. Fais-le seulement si j’oublie, mais ça ne devrait pas arriver.
— Compris.
— Avez-vous des téléphones ?
— Oui, répondit Sélina.
— Moi non, enchaîna Liva.
— Très bien, je vais prendre ton numéro Sélina. Ce sera plus facile pour te contacter en cas de besoin. Et pour toi Liva… on verra au fur et à mesure, ne t’inquiète pas.
— Vous autorisez les téléphones au travail, mademoiselle Élia ?
— Bien sûr, Sélina. Et je te conseille même de le mettre au moins en vibreur. Je pourrais te contacter à n’importe quel moment. Et même si c’est votre famille qui vous contacte, vous avez le droit de leur répondre. Une urgence arrive toujours au moment où on s’y attend le moins.
Comme par hasard, mon téléphone sonna. C’était Véra qui m’appelait.
— Oui Ma dame ? répondis-je.
— La directrice de l’école vient d’appeler. Elle a bien reçu le dossier d’inscription et elle est prête à accueillir Lianna dès demain.
— Demain ? Mais je ne suis pas prête !
— Respire mon ange. Ça va bien se passer. Je t’envoie le numéro de la directrice. Appelle là si ça peut te rassurer.
— Merci.
— Comment ça se passe avec les filles, sinon ?
— Plustôt bien. Je leur ai tout présenté et elles se sont installées dans leurs chambres.
— Parfait. Laisse-les s’occuper de l’antichambre et profites-en pour aller danser. Qu’on voit comment elles savent travailler ensemble.
— Compris, Ma dame.
Après avoir raccrochait, je donnais à Sélina et Liva leur première consigne. Je partis ensuite me changer dans la chambre avant d’aller me vider la tête dans la salle de bal. La musique à fond, les pieds glissant sur le parquet, je pouvais enfin décompresser. En dansant, je ne vis pas les heures passées. C’est Lianna qui m’arrêta en m’appelant. Je l’attrapais en plein vol et la serre dans mes bras. J’aperçus ensuite Lizéa et Elena près des portes.
— C’est étrange, j’ai une impression de déjà-vu, commença Elena.
— Comment ça ? enchaînais-je.
— Dis-moi, Élia. Quel est ton plus grand rêve ?
— Entrer à l’Opéra-Théâtre de Glenharm, pourquoi ?
— Il y a quelques années, quand j’étais dans une période assez compliquée, j’ai fait un rêve étrange, mais très réaliste. Sur une plage, j’ai vu une jeune fille, de ton âge à peu près, danser. Je me souviens qu’elle s’appelait Élia et qu’elle rêvait d’entrer à l’Opéra-Théâtre, comme toi.
— Je ne comprends pas.
— Je ne comprends pas plus que toi. Mais ce que je peux te dire, c’est que le jour où j’ai fait se rêve, tu n’étais pas encore née. Ça pouvait aussi bien être toi que quelqu’un d’autre. Je crains que je ne sache jamais vraiment. Mais peu importe. Lianna a passé une super journée avec nous.
— Merci de vous être occupé d’elle.
— C’est normal et ça m’a fait plaisir. Lianna est une petite fille adorable.
Après avoir rapidement discuté avec Elena, celle-ci monta voir sa petite-fille avant de rentrer chez elle. Lianna était surexcitée par sa journée. Pour la défouler encore un peu, je la laissais danser et en profitais pour appeler la directrice. On convint d’un rendez-vous à l’école, le lendemain à huit heures.
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