Fuite
Les larmes aux yeux, il courait de toutes ses forces jusqu’à atteindre son refuge. Il arriva devant la porte de la grange, la respiration haletante, et quitta l’air frissonnant de la nuit pour entrer dans cet immense espace où des piles de bottes de foin rectangulaires culminaient à plusieurs mètres.
Là, leur présence invisible semblait l’attendre. L’air de poussière était bien plus doux qu’à l’extérieur. Silhouettes muettes, les géantes qui s’élevaient dans le noir d’encre somnolaient. Elles semblaient si sereines, mais si hautes qu’elles imposaient le respect. Immobiles dans l’obscurité.
Elles ne ressemblaient en rien à ce qu’elles devenaient au petit matin, quand le jour commençait tout juste à traverser les vitres du toit. Elles rayonnaient alors doucement, couvertes de reflets jaunes, comme des cheveux chauffés au soleil.
Mais ce soir là, elles n’avaient pas encore commencé leur métamorphose.
Il grimpa doucement sur leur échine de paille pour atteindre leur sommet protecteur et se blottir dans un coin, avant de s’assoupir, roulé en boule et le cœur encore battant.
-@lenab
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