Chapitre 33 : Espion
Kira marchait d’un pas rapide et martial le long des couloirs froid du palais. Elle avait finit sa ronde et comptait bien aller se reposer.
Cela faisait plusieurs semaines qu’elle avait été affecté ici, elle avait eut le temps de se faire apprécier par la plupart des gens de la cour. Ils la saluaient avec des sourires et lui racontaient les secrets d’An Wesiri. Elle en apprenait beaucoup et rassemblait ainsi des centaines d’informations plus ou moins utiles.
Pourtant, aujourd’hui, elle n’avait aucune envie de croiser l’un de ses oiseaux de basse cour. Elle était exténuée, elle n’avait pas dormie depuis deux jours car l’un des autres chevaliers du dragons assigné à la protection du palais était souffrant. Ils étaient trois en tout, un vieil ivrogne qui profitait des joies de la capitale, un jeune homme très intègre et elle. C’était le premier qui était malade, sûrement quelque chose attrapé dans un des bordel qu’il affectionnait tant. Elle jurait dans sa barbe, avec autant de travail, elle n’avait pas eu l’occasion de voir Maraxès.
Certes, la plupart du temps, elles effectuaient leur ronde ensemble mais, de temps en temps, Kira était chargée de l'intérieur du palais. Ce qui avait été le cas aujourd’hui.
Elle arriva enfin devant la porte de sa petite chambre. Une fois à l’intérieur, elle s’échoua sur son lit et, juste avant de s’endormir, elle songea à Ezékiel. Il ne lui avait pas répondu. Peut-être que la lettre n’était pas arrivé jusqu’à lui. A moins qu’il ne soit mort.
— Non, il ne peut pas être mort, marmonna-t-elle à voix haute avant de sombrer dans un sommeil réparateur.
§
Orestt venait d’arriver - en un seul morceau - à An Wesiri, l’immense cité n’avait pas changé depuis la dernière - et seule - fois qu’il était venu. Les trois tours qui formaient le palais des Sharaka trônaient au centre de la ville. C’était sa cible.
Comment allait-il entrer à l’intérieur ? Le palais était très bien gardé. Il y avait constamment un chevalier du dragon qui survolait la zone et de nombreux gardes surveillaient les rempart ainsi que les entrées.
Étant donné qu’il n’avait pas juste à entrer puis à sortir comme la plupart de ses travaux, il décida de se faire passer pour un garde ou un serviteur. Il ne savait pas dans combien de temps Sheireen et ses compagnons arriveraient. Peut-être aurait-il le temps de délivrer la princesse lui même.
Il eut un moment de flottement, depuis quand était-il devenu un preux chevalier sauvant les princesses en détresse ? Le temps passé avec Sheireen l’avait changé.
Quelque chose lui rentra alors dedans, le ramenant à la réalité. Il était planté au milieu de la rue commerçante et gênait le passage.
— Excusez-moi, marmonna-t-il au commerçant qui le regardait de travers.
Le jeune homme s’écarta, disparaissant dans la foule. Il marcha quelques instants, cherchant un endroit où il pourrait cacher ses affaires. Il finit par choisir une petite ruelle boueuse et mal-odorante. Il s’y glissa, zigzaguant entre les ordures et les déjections de rat.
Arrivé au fond, il retira son grand manteau noir, ses protection et ses armes. Il ne garda que son pantalon en toile noir et ses bottes en cuir. Frissonnant sous l’assaut du vent, il revêtit un haut en toile marron et une cape de voyage de la même couleur. Ainsi, il ne ressemblait plus à un voleur, juste à un voyageur - du moins, il l’espérait. Alors qu’il embalait le tout dans un sac gris sale, il se ravisa et glissa son plus petit poignard dans une de ses bottes. Il cacha ses affaires et s’en alla.
§
Kira se réveilla dans la même position que lorsqu’elle s’était couché, elle était encore habillée et son épée était toujours accrochée à sa taille. Se demandant comment elle avait réussit à s’endormir en armure, elle se leva et alla aux thermes.
Une fois propre, elle alla directement rejoindre l’autre chevalier du dragon. Ce dernier allait s’envoler sur son dragon vert émeraude.
— Gavin ! Attend !
— Qu’est-ce qu’il y a, Kira ?
— C’est encore à toi de surveiller l’extérieur ? demanda-t-elle avec une moue boudeuse.
— Et oui. Aujourd’hui c’est moi qui remplace Hort, demain ça sera toi. Comme convenu.
— C’est vrai, mais c’est que j’en ai marre de rester à l’intérieur moi, fit-elle avec une grimace.
— Je comprends. Tu en apprécieras donc d’autant plus ton travail demain, répondit-il en lui tirant la langue avant de décoller.
La jeune fille roula des yeux en soufflant, encore une ennuyante journée à déambuler dans le château en perspective. Elle fit donc demi-tour et commença sa ronde.
La main posé négligemment sur le pommeau de son épée, elle se mit à arpenter les longs et nus couloirs du palais. Ses bottes en cuir souple frottaient légèrement le sol de pierre, couvert par le cliquetis de son armure qui accompagnait ses pas. Petit à petit, face à l’inactivité et l’ennuie, elle finit par laisser son esprit divaguer.
Elle fut brusquement sorti de ses pensées par un frottement. Cela aurait pu être le bruit d’une robe à froufrou d’une des dames de la cour, pourtant, Kira était convaincue que ce bruit n’était pas normal. Décidant de suivre son instinct, elle fit ses pas plus légers et dégaina doucement son arme.
Pourtant, après avoir fait quelques pas, le frottement cessa.
§
Orestt avait réussit à s’infiltrer dans le palais des Sharaka. Habillé des vêtements d’un serviteur dont il s’était débarrassé, il jouait donc son rôle. Il faisait des aller-retour dans les longs couloirs, amenant ceci à monsieur, changeant les draps de madame. En parallèle, il menait discrètement l’enquête. Il avait déjà fait un tour dans les sous-sols du palais et n’y avait pas trouvé Zalénia, pareille pour la plupart des salles du palais, il en déduisit donc qu’elle devait être garder dans une salle secrète. A chaque moment opportun, il tâtonnait dans les couloirs à la recherche de mécanismes cachés.
Il errait dans une salle dont les murs étaient recouvert de tapisserie lorsqu’un bruit d’armure le fit spotter net ses recherches. Quelqu’un approchait.
§
Kira continua à avancer, son épée toujours levé devant elle.
Elle déboucha dans une salle bien plus chaleureuse que le couloir dont elle venait. Un homme avançait vers la sortie, elle ne l’avait jamais vu.
D’instinct, elle se jeta sur l’inconnu, plaçant sa lame sur le cou pâle. Il ne bougea pas, ne sembla même pas surpris.
— Qui es-tu ? demanda-t-elle.
— Un serviteur.
Elle n’eut pas le temps de poser d’autres questions, qu’avec un enchaînement de mouvement inattendu, ce fut elle qui se retrouva sous le joue d’une arme.
§
Orestt bloqua la jeune femme avec un bras et leva l’autre, près à lui ôter la vie. Il l’avait déjà fait, cela ne lui posait aucun problème et cette fois, c’était pour la bonne cause. Pourtant, alors qu’il allait l’abattre, sa main s’arrêta d’elle même à quelques centimètres du cou de sa victime. Ces yeux. Ces yeux aussi violet que ceux de Sheireen l’empêchait de commettre l’irréparable.
— Vas-y, tue moi. Si tu me relâche, j’irai te dénoncer, lança-t-elle.
Il mit quelques secondes avant de reprendre ses esprits et lui répondît :
— Je ne crois pas que tu iras me dénoncer. Si telle était ton intention, tu aurais déjà sonné l’alerte. (il se rapprocha, collant presque ses lèvres contre son oreille, et chuchota :) De toute façon, le temps que tu rampes jusqu’à tes chefs, je serais déjà loin.
La brune serra les dents et grogna.
— Qui es-tu, redemanda-t-elle avec haine.
— Un simple voyageur qui cherche quelqu’un.
— Qui ?
— Une adolescente blonde aux yeux bleu.
— On est en Wesiria ici, il n’y a pas de blondes.
— Qui t’as dit que je cherchais une Wesi.
— Comment ça ?
— Tu n’es vraiment pas au courant alors. La princesse de Zalia a été capturé par des Wesi et amené ici.
— Qu- je… (elle s’arrêta un moment, puis reprit :) je pense pouvoir t’aider.
— Et pourquoi tu ferais ça ? demanda-t-il suspicieux en baissant doucement sa lame.
Cela faisait maintenant deux fois qu’une femme aux yeux violet lui faisait déposer les armes. Il en aurait presque ri si il n’était pas en territoire ennemi pour l’une d’entre elle.
— Les Sharaka ne sont pas si appréciés, tu sais.
— Comment pourrais-tu m’être utile ?
— Je suis chevalier du dragon, dit-elle en montrant son insigne. Je peux aller où je veux quand je veux. Tu te fais seulement passer pour un serviteur, j’aurais bien plus de chance de la trouver que toi. Et puis, je crois bien que je l’ai déjà vu.
Il la relâcha et elle ajouta :
— Tu peux me faire confiance.
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