Chapitre 37 : Retour
— Où est-elle partie ? demanda Seth en regardant l’endroit où se trouvait Sheireen quelques instants auparavant.
— Elle est en deuil, Seth, laissons la tranquille. Elle reviendra, ne t’inquiète pas, dit Eglantine avec un air plus sérieux qu'à son habitude.
— Qui était Orestt pour elle ? intervint Léarco pensif.
Avant que qui que ce soit n’ait le temps de répondre les gardes du palais royal les encerclèrent.
— Je suis Léarco, fils de la Reine Eléonor. Baissez vos armes, ordonna le prince. Amenez nous jusqu’à sa Majesté, je ramène la princesse Zalénia.
Les soldats obéirent après s’être incliné bien bas.
§
Sheireen s’était téléporté sur la Terre Noire, la Terre d’origine d’Orestt.
Elle marcha longtemps entre les arbres, dans le noir perpétuel de cette Terre. Elle finit par s’arrêter dans une petite clairière illuminé par de nombreuses plantes luminescentes. Elle déposa enfin le corps sur la mousse qui tapissait le sol. Respirant un grand coup, elle se mit à creuser à main nues, elle voulait faire ça sans magie, pour Orestt.
Quelques heures plus tard, lorsqu’elle eut finit, elle souleva de nouveau le brun et le déposa au fond du trou. Instinctivement, grâce à la magie, elle fit en sorte que le temps n’ait pas d’emprise sur le corps. Elle sortit alors son poignard, se coupa une grosse mèche de cheveux et la déposa doucement sur la poitrine du mort puis sortit de la tombe.
La jeune elfe regarda une dernière fois son visage et, enfin, commença à reboucher le trou.
Les ongles cassés et crasseux, ses habits maculés de boues et de sang séché, elle fit ses adieux à Orestt.
§
Léarco faisait le compte rendu de leur mission dans le bureau de la directrice de l’académie. La Reine se tenait à ses côtés et écoutait en silence.
Les autres membres du groupe restaient en retrait. De temps en temps, ils jetaient des coups d’oeil vers Sheireen, elle semblait aller trop bien pour la situation. Elle avait disparue une journée la veille et était revenue pleine de boue. Cela ne faisait aucun doute qu’elle avait enterré son allié mais aucun d’entre eux ne savait encore vraiment qui il était pour elle.
Après le prince, ce fut le tour de Kryss de faire son rapport.
Il expliqua comment Noah les avait trahis, comment il avait tué Maïwen.
La directrice les félicita pour leur efficatité et présenta ses condoléance à Swan qui avait perdu sa soeur jumelle.
— Le jour où Noah refera son apparition, je le tuerais, marmona cette dernière pour elle même.
— Je ne vous ai pas convoqué seulement pour entendre vos explois, continua la directrice qui n’avait pas entendu la jeune fille. Dans quelques jours aura lieu votre sacrement, vous serez alors officiellement dragoniers.
— Vous serez ensuite immédiatement envoyés au front, ajouta la Reine.
§
Après la réunion, Sheireen sortit de Liodas, elle attendait quelqu’un. Debout sur une colline balayé par le vent, elle guettait le ciel. La jeune femme comptait bien honorer ce que lui avait demandé Orestt quelques jours avant de mourir.
Un point rouge apparut dans le bleu du ciel, il se rapprocha, dévoilant un grand dragon écarlate. Le reptile était bien plus grand que Orion et lorsqu’il atterrit, l’herbe ploya sur plusieurs mètre autour de lui.
Un jeune homme brun au yeux bandé descendit difficilement de la bête.
— Mon dragon me dit que tu es là, dit-il la tête tourné presque vers Sheireen. Es-tu la dénommée Sheireen ?
— C’est moi. Et tu dois être l’aveugle que je dois aider. Ezékiel c’est ça ?
— Exact. Orestt n’est pas avec toi ?
— Il est mort.
— Je suis désolé.
Il y eut un long silence puis Sheireen demanda :
— On y vas ?
Il acquiesça et se tourna plus ou moins vers son dragon :
— Rubyrion, tu ne peux pas venir avec moi. Vas te cacher sur la terre de feu que nous avons survolé tout à l’heure.
— Tu dois parler de la Terre Rouge, c’est une bonne idée. Si il s’installe près d’un volcan, personne ne viendra l’embêter.
Le dragon du lui répondre dans son esprit puis il s’envola, laissant son chevalier aveugle avec une ennemie potentielle. Elle s’approcha de lui, ses pas ne faisant presque aucun bruit sur l’herbe.
— Tu ne vas pas me tuer hein ? plaisanta le garçon.
— Bien sûr que non, j’ai fait une promesse.
Elle lui prit la main puis se téléporta. Elle réaparut devant la tour des magiciens. Autour d’eux, les bruits de la ville heurtèrent les tympans du Wesi.
— Que s’est-il passé ?!
— Je nous ai téléporté. Suis moi et ne suis pas ton instinct.
— Hein ? Pourquoi ?
Elle ne lui répondait pas et, la main toujours dans la sienne, l’emmena vers la porte. Elle ne ressentit qu’à peine le sort de répulsion qui entourait la tour, contrairement à Ezékiel qui commença à ralentir le pas puis à s’arrêter.
— Je t’ai dit de me suivre.
— Non, je sens que je ne dois pas continuer. C’est un piège c’est ça ? dit-il en essayant de se défaire de la poigne de la jeune femme.
— Pas du tout, Ezékiel. C’est un sort de répulsion qui teste les visiteur. Tu dois le combattre pour entrer et apprendre la magie. Orestt m’a dit que tu voulais apprendre à voir sans tes yeux.
Le jeune homme arrêta de se débattre et Sheireen ajouta :
— Je te demande juste de me faire confiance.
Il acquiesça doucement et, réfrénant son envie de partir en courant, il commença à monter les marches. Il entendit une porte en bois s’ouvrir en grinçant puis, comme par magie, il se sentit mieux.
— Bienvenue, Sheireen, dit un homme probablement âgé. C’est le jeune homme dont tu m’as parlé ?
— Oui, j’espère que vous pourrez l’aider.
Elle lui lâcha la main et fit demi-tour.
— Tu ne reste pas ? demanda faiblement Ezékiel.
— Je ne vous serez d’aucune utilité, répondit-elle. Je reviendrais peut-être te voir plus tard.
— A bientôt alors.
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