43. L'invasion de Baldt

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Quelques heures avant que les membres du culte aient commencé à saccager Baldt ; Misaki se remettait de ses émotions après avoir donné des ordres à son groupe, puis avoir arrangé une journée de congé à Flint. Elle se souvint, tandis qu’elle marchait le long des couloirs, à quel point elle avait été pressée de commencer ce métier. Au départ, elle pensait qu’elle s’occuperait simplement des répartitions de tâches et de donner des ordres au groupe.

Plus le temps avait avancé, plus elle s’était rendu compte à quel point elle avait eu tort. Les capitaines étaient aussi impliqués dans le support moral de leurs brigadiers et devaient s’assurer qu’ils puissent combattre ou bien être capable de patrouiller avec l’esprit tranquille. Ce fut un mal pour un bien, cependant, parce qu’elle avait appris à être beaucoup plus responsable en quelques semaines. Cette expérience lui avait beaucoup appris sur ses propres limites et celles des autres.

Elle commençait à comprendre pourquoi Nash était si souvent stressé, à l’époque. Il y avait beaucoup de papiers à faire signer ou à estamper avec le sceau de la république, afin de les faire passer par les conseillers et leurs clients. À part la santé mentale de ses coéquipiers, elle devait aussi remplir des rapports de missions et s’assurer qu’ils avaient tous un bon conditionnement physique. Plus tôt, elle avait décidé de mettre Flint à l’écart du groupe, car elle savait qu’il avait besoin de temps pour réfléchir. Après la mort de Nash, il ne s’était pas arrêté une seconde afin de rendre service aux baldtiens.

Il y avait aussi d’autres tâches qui s’étaient ajoutées à la liste des choses que Misaki devait faire chaque jour ; comme faire des rondes autour de la ville plus fréquemment, pour voir si tout allait bien… tout ça, en plus de devoir s’occuper de sa fille. Elle voyait Sakura de moins en moins à cause de ses chiffres de travail et savait qu’une fois à son accouchement, elle devrait prendre un congé de maternité. Elle avait fait un arrangement avec les gens de l’église afin de garder sa fille lorsqu’elle n’avait pas de gardienne en sa disposition. Cela l’arrangeait lorsque sa fille revenait de l’école et qu’elle n’était pas à son appartement. Sarah s’occupait de la récupérer à l’école, avec Estelle, quand elles finissaient leurs cours.

Misaki avait réussi à maintenir son esprit occupé, elle était aussi en santé. D’après les médecins, le bébé n’avait aucun problème de malformation, ni de croissance. Il se développait à un rythme régulier dans son ventre. Son discours envers les deux généraux et le président avait porté ses fruits. Elle se sentait forte, assez puissante pour gérer sa vie et celle de ses enfants. Néanmoins, le soir venu, elle se sentait seule et s’ennuyait de son mari. Toutefois, elle finissait par s’endormir, tellement elle était épuisée. Parfois, elle avait des cauchemars de Yosuke qui se faisait entailler par l’ennemi, d’autres fois, elle s’imaginait en train de plonger dans un volcan. Ces cauchemars étaient rares, mais finissaient toujours par la contrarier.

Il lui restait une heure avant d’aller dîner, alors elle décida d’aller faire sa ronde en ville, après avoir transporté son dernier rapport à la vieille Berthe, la secrétaire des bureaux administratifs. En chemin, elle croisa Shayne, en compagnie de Nox. Le général était perdu dans ses pensées.

— Ne devrais-tu pas être au centre d’entraînement, toi ? dit la jeune femme, qui haussa un sourcil.

— Hmm… ?

— Euh, Shayne ? Ça va ?

— Pfft…

Le puma noir répondit à sa place :

— Shayne est contrarié.

— Pourquoi donc ? demanda Misaki. Explique.

— Quelqu’un nous suit depuis plus d’une heure, mais nous avons perdu sa trace. Aussi, l’énergie vitale de Giotto commence aussi à se faire ressentir…

— Quelqu’un vous suit ? demanda la guerrière. Qui ça ?

— Je l’ignore, dit Shayne. Au moment de traquer la personne ou la chose, elle a disparu sans laisser de trace ou d’odeur.

— Nous pensons qu’elle ce truc volatilisé ou que c’était une invocation magique, expliqua Nox. Peut-être un espion chargé de me traquer, ma fratrie et moi.

Misaki se prit le menton et réfléchit. Elle avait passé Lusso à Serenity afin qu’elle puisse être protégée durant mission. Se pouvait-il que Giotto soit devenu un fardeau pour Shayne et Nox ? Elle se dit qu’il vaudrait mieux pour elle de reprendre l’arme de son défunt mari avec elle. C’était la meilleure chose à faire en ce moment.

— Si vous le voulez, je veux bien reprendre l’épée de Yosuke-kun, proposa-t-elle.

— Ça ne sera pas nécessaire, je suis capable de résister à sa présence, mentit Shayne qui tentait de se montrer utile.

— C’est faux, déclara Nox. Il ne l’avouera à personne, mais avoir Giotto en sa possession lui a donné des problèmes de santé dernièrement. Tu peux le voir par toi-même qu’il est tout blême.

— Ça, c’est parce que je n’ai pas assez de sang animal dans le corps, affirma le vampire. Je n’ai qu’à aller chasser.

— Écoute ce qu’il te dit, il est vrai que tu es beaucoup plus pâle que d’habitude, déclara Misaki. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quoi que ce soit, simplement parce que je suis incapable d’accepter la mort de Yosuke-kun… Cette arme était notre responsabilité, après tout. La tienne est de garder un œil sur Nox, en plus de t’occuper de nos troupes. Tu n’as pas besoin de ça. J’ai été égoïste de te faire cette requête.

— Je t’ai fait une promesse, je compte la tenir, insista le général.

— Bon sang, Shayne, couina Nox. Tu es aussi têtu qu’un Markios !

La guerrière rit. Son stress diminuait déjà en leur présence.

— Ça me manque, tout ça, dit-elle alors qu’ils sortaient du palais. Les missions de notre brigade, nos sorties en groupe… Elles étaient plus nombreuses quand Nash était des nôtres. Vous aussi, vous me manquez.

Shayne baissa son regard, gêné.

— Je sais que tu es occupé avec ton poste de général et tout ça, mais après que tu as quitté notre équipe, ç'a créé un vide, expliqua Misaki. Nox et toi êtes quand même des membres importants de notre communauté et pour ça, je vous en suis reconnaissante. C’est aussi grâce à vous si je suis ici aujourd’hui.

Ils descendaient les escaliers, en silence. Shayne était à nouveau perdu dans ses pensées. Il n’avait même pas remarqué l’étrange silhouette cachée dans l’ombre, près des clôtures en briques qui entouraient le palais. L’individu les observait depuis qu’ils étaient sortis. Le général hésita un moment avant de remettre l’épée de Giotto entre les mains de son amie. Il devait reconnaître que Misaki et Nox avaient raison, puisque cette arme commençait effectivement à avoir un effet néfaste son énergie.

— C’est dommage, tu parles peu, rajouta Misaki avant de ramasser l’arme. Tu n’as jamais été bavard avec nous, non plus. Est-ce qu’on te dérange ?

Il fit signe que non. Le puma répondit à sa place :

— Shayne n’a pas la parole facile, il pense beaucoup. Ça ne parait pas sur son visage renfrogné, mais il est inquiet.

— Eh ! grogna le vampire qui toisa son épée.

— Je ne fais que dire les choses comme elles sont, expliqua Nox.

— Tu n’as pas à étaler ma vie privée devant tout le monde. Je t’ai déjà demandé de ne pas t’en mêler. C’est déjà embêtant pour moi que tu puisses lire dans mes pensées, ne va pas répéter tout ce que tu vois dans ma tête !

Misaki cligna des yeux, puis tourna son regard vers le général.

— Si ça peut te rassurer, mentionna-t-elle, tu n’es pas le seul qui soit troublé. J’ai remarqué des petits trucs qui me dérangent.

— Quoi donc ? demanda Nox, curieux.

— Notre système a trop de failles. Oui, nous avons amélioré les choses depuis la présidence de Virgile, mais le Conseil a besoin de plusieurs améliorations si nous voulons continuer à coexister durant les prochaines années à venir. Nombreux dans nos rangs sont de nouvelles recrues et sont peu entraînées pour les combats. J’imagine que si nous étions attaqués du jour au lendemain, que la majorité d’entre eux ne survivraient même pas la prochaine vague de nos ennemis.

— Je vois où tu veux en venir, soupira Shayne. J’ai beau offrir mes services aux guerriers qui viennent au centre d’entraînement, plusieurs d’entre eux manquent de discipline et de bonne volonté pour apprendre les bases. Beaucoup de mes apprentis ont fini par abandonner mes cours particuliers, parce qu’ils ont une foi aveugle envers les brigadiers actuels. Le problème est que si nous devions perdre ceux qui travaillent déjà pour nous en ce moment, nous n’aurons plus personne pour les remplacer, sauf les aventuriers et les mercenaires qui travaillent déjà pour à la guilde.

— J’en ai glissé deux mots à Kyran, l’autre jour, ajouta Misaki. Je crois qu’il serait bon pour l’avenir de Baldt de rénover une partie de la ville et d’en faire un campus pour la formation de futurs brigadiers…

— Une académie militaire ? s’exclama Nox, étonné.

— En quelque sorte, continua Misaki. Il disait que nous pourrions encourager les adolescents de la république à s’y inscrire si nous avions des tuteurs et un endroit approprié pour leur apprentissage. Plus jeune, mieux c’est, d’après lui. Après, il y aurait cette question de frais à payer, puis les dortoirs pour celles et ceux qui vivent en dehors de la ville…

Elle penchait la tête de gauche à droite, et réfléchissait à tout ce qu’elle avait discuté avec le conseiller. Le général était étonné de réaliser comment elle comptait changer les choses. Il voyait même une possible éventualité à devenir enseignant, si un tel projet prenait forme.

— Vous avez déjà élaboré tout ça ? formula Shayne. Étonnant.

— La méthode qu’on utilisait ici, autrefois, était de recruter chez la noblesse et la descendance des brigadiers précédents, expliqua Nox. Maintenant ça ne suffit plus. Je comprends votre raisonnement.

Quelques secondes plus tard, le puma noir gémit de douleur. Shayne regarda son ami d’un air inquiet.

— Que se passe-t-il ?! demanda-t-il.

— C’est Dia… répondit Nox. Je crois qu’il est arrivé quelque chose à Flint.

— Comment ?! s’exclama Misaki.

— Je n’en sais rien… C’est comme si les ondes de ma sœur avaient grandement diminué en l’espace de quelques secondes. Ça vient du sud…

— Flint et Dia devaient se rendre au monument. J’espère qu’ils sont sains et saufs…

— Je crois que je vais aller faire un tour là-bas dans ce cas, dit Shayne.

— Je viens avec toi !

— Non, toi, tu restes ici. Tu sais déjà pourquoi…

— Et si cette chose, qui a attaqué Flint et Dia, s’en prenait à toi ? insista Misaki. Il vaut mieux pour vous deux que je sois avec vous.

— S’il te plaît, suis mes ordres pour cette fois !

Il y avait un ton inquiétant dans la voix du Shayne. Misaki avait compris que son ami était beaucoup plus fragile qu’elle ne l’avait imaginé. La simple idée de perdre Flint et Dia affectait déjà ce dernier, elle pouvait voir l’inquiétude dans son regard et les poils hérissés sur ses bras. Le général craignait autant leur mort qu’elle et la panthère ; seulement, il n’exprimait pas ses sentiments.

— Quoi qu’il arrive, promets-moi de ne pas quitter la ville sans escorte, ajouta le général pour sa collègue. Quelque chose de malsain se prépare. Ça me donne la chair de poule.

La jeune femme hésita un moment, puis hocha la tête. Ensuite, elle le regarda s’éloigner en direction de l’écurie du palais en silence. Elle tenait toujours l’épée de Giotto dans sa main.

Après avoir écouté leur conversation et repéré l’épée argentée, l’étrange silhouette se déplaça avec discrétion. Elle contourna la clôture et disparut dans les ruelles de la ville. Comme elle avait obtenu ce qu’elle cherchait.

Misaki soupira et rangea l’arme de son défunt mari à sa ceinture. Elle ressentait déjà une sensation étrange, comme si une présence divine venait de frôler son esprit. C’était la même émotion qu’elle ressentait lorsque Lusso était avec elle. Le pouvoir du dragon était beaucoup plus puissant qu’autrefois, il était fort possible qu’il se réveille de son profond sommeil, d’ici peu…

Qui aurait cru, il y a des mois, que je serai liée au destin de ta famille ? pensa-t-elle, alors qu’elle s’adressait mentalement au dragon, qu’elle croyait inconscient. À l’époque, je croyais halluciner, maintenant, j'ai bien peur d’être plongée dans des affaires qui me dépassent… Si ça se trouve, ça fait de moi une athénienne…

Pourtant, tout ce que tu dois faire, c’est nous protéger, dit une voix étrangement familière en elle.

— Giotto ? demanda Misaki, tout haut.

— Je suis présente… répondit l’arme verbalement. L’appel à l’aide de notre sœur Dia a perturbé mon sommeil.

— Mais tes blessures… elles ne sont pas tout à fait guéries, n’est-ce pas ?

— Elles ne sont plus que des cicatrices. Mon énergie est à présent stable, mais comme l’a dit Shayne, un mal se prépare… Je sens une énergie maléfique qui se propage autour de la république. Nous ne devons pas rester ici. Rentrons maintenant alerter les autorités. Mon agresseur est en route pour la capitale.

— Quoi… Comment ça ?

— Celui que vous appelez Randell a envoyé des espions dans cette ville. L’ancien conseiller a lancé sur moi autrefois un sort de localisation lié à mon énergie. Voilà pourquoi on a tenté de me dérober. Je laissai des traces superflues de mon mana partout où ton mari passait, afin de brouiller mes pistes, mais je crois qu’il sait finalement où je me trouve.

— Minute… Mon enlèvement était ta faute ?! Mais t’es dingue ou quoi ?!

— Je sais… Je m’en excuse, j’ai mis ta vie et celle des fillettes en danger. C’est un peu flou dans mon esprit, mais j’arrive à lire tout ce que vous avez vécu dernièrement… Oh… ? Je vois… Ainsi donc Lusso t’a choisi… Intéressant…

— Suffit, répliqua sèchement Misaki. Tu l’as dit toi-même, nous sommes en danger. Il nous faut agir.

— Rentre au palais, et vite ! Tes amis sont à l’ouest et vont bientôt tomber dans une embuscade, mais ça, il n’y a rien que l’on puisse faire. Aie confiance en eux, ils vont revenir aussitôt qu’ils comprendront que quelque chose d’anormal est en train de se produire.

Misaki fit demi-tour et monta les escaliers rapidement lorsqu’elle fut témoin d’une gigantesque explosion, du côté gauche du palais. Dans un chaos démentiel, des hurlements se firent entendre un peu partout dans la ville, au même moment. Des gens couraient déjà hors du vaste bâtiment, poursuivis par des monstres.

— Ç'a déjà commencé ! aboya-t-elle.

— Oui, mais leur chef n’est pas encore en ville.

La capitaine prit instinctivement l’épée qui se transforma en fusils entre ses mains. Deux pistolets argentés qu’elle pointa aussitôt en direction d’une étrange créature féline qui bondit dans sa direction. Elle appuya à quelques reprises sur les gâchettes qui firent apparaître un torrent de balles énergétiques. Rapidement, la bête fut abattue. Misaki fraya son chemin à l’intérieur du gigantesque bâtiment, où quelques brigadiers et civils étaient encerclés par une horde de monstres. Certains avaient pris la fuite à l’extérieur alors que d’autres n’avaient pas eu cette chance. En rentrant au palais, elle avait remarqué des cadavres d’hommes et de femmes, ici et là, sur les escaliers. Ils étaient pratiquement tous en train de se faire dévorer par les monstres. Elle ne comprenait pas ce qui avait attiré ces bêtes à l’intérieur de la ville. Normalement, leurs défenses étaient beaucoup plus élevées.

Après avoir abattu quelques monstres sur son chemin, Giotto aperçut des sceaux magiques dessinés sur les murs ou bien au sol et le fit remarquer à Misaki. On avait tracé ces derniers à l’insu des habitants du palais. Habituellement, il était difficile de les repérer si l’on n’était pas entraîné à reconnaître les runes. Une magicienne comme Luna aurait certainement pu les remarquer, un peu plus tôt dans la journée. Artael et Kyran étaient d’excellents connaisseurs de la magie ; ils auraient pu les repérer avant tout le monde. L’hypothèse la plus évidente, selon Giotto, était qu’on avait tracé ces symboles durant la journée ; pendant que les mages étaient occupés à leurs propres tâches personnelles.

La guerrière albinos était en état de choc.

— Nous devons détruire ces sceaux ! dit-elle au dragon.

— Je ne crois pas que ce soit dans mes moyens. Cette magie est puissante et est liée à Perséphone. Ils invoquent les démons à partir de sa dimension.

— Comment est-ce possible ? Je croyais qu’ils ne pouvaient pas ouvrir de portails… Je vis un cauchemar, c’est ça… ? Pincez-moi quelqu’un !

— Il y a plusieurs années de cela, nous étions plus nombreux et la possibilité d’ouvrir ces brèches étaient très limitées, lui expliqua Giotto. Comme tu peux le voir, maintenant, ce n’est plus le cas. On vous a souvent répété le même discours de nombreuses fois, mais tu comprends désormais l’importance de notre rôle et du vôtre… La magie de Perséphone est dorénavant plus puissante que celle d’Athéna, ce qui fait que nous avons un désavantage contre ses créations et ses disciples.

Misaki tua quelques démons et rejoignit les brigadiers au centre du couloir. Giotto l’alerta ensuite que quelques disciples venaient d’entrer par la porte principale. Ils étaient accompagnés de groupes de plusieurs créatures, plus dangereuses les unes que les autres.

— Ils sont trop nombreux ! râla Misaki.

— Ils semblent se multiplier à la minute, remarqua l’un des brigadiers.

— Nous devons rejoindre le président ! dit sa camarade.

— Il a ses propres gardes, dit son associé. Ne t’en fais pas pour lui !

— Capitaine Megumi, quels sont vos ordres ?! demanda un troisième brigadier.

— Montons à l’étage supérieur, exprima-t-elle. Nous devons protéger les civils coûte que coûte ! Les femmes et les enfants d’abord ! Tuez les monstres et n’épargnez aucun disciple !

La brigadière qui accompagnait le jeune homme se prit une lance en pleine tête et s’effondra aux côtés de Misaki. Horrifiée, la guerrière réalisa que cette arme aurait pu la tuer. Elle se retourna rapidement pour pointer ses fusils en direction du disciple qui venait de lancer le bâton pointu et le tua sur le coup. Ensuite, elle visa un autre de ses compatriotes qui courait dans sa direction, armé d’une hachette. Colérique, Misaki voulait l’abattre.

Pendant que ses subordonnés s’éloignaient avec les civils, en directions des escaliers reliés à l’étage supérieur, elle continuait de tuer plusieurs monstres qui apparaissaient à travers les sceaux. Elle descendit aussi tous les disciples qui se manifestaient, près de l’entrée principale. Au bout de quelques minutes, elle se cacha derrière un large pilier et essaya de reprendre ses forces. Giotto empruntait de son énergie afin de créer des munitions, puisqu’il avait déjà épuisé son propre mana.

— Nous devons fuir, dit le dragon. Je risque de causer ta mort sinon.

— Je préfère nous faire gagner du temps, pendant que c’est encore possible ! déclara Misaki.

— Qui nous dit que les autres étages sont sécuritaires ?

— Le côté gauche du château a explosé avec ce qui semble être de la dynamite.

— Et qui a, crois-tu, installé ces explosifs ? Ils sont probablement encore à l’intérieur du palais, remarqua Giotto.

Quand elle réalisa cela, Misaki se maudit de ne pas y avoir pensé plus tôt. Giotto avait raison, il y avait sûrement d’autres disciples à l’intérieur du palais. Ils s’étaient peut-être déguisés pour ensuite s’infiltrer et placer des explosifs ici et là. Cette analyse fit penser à la jeune femme qu’il y avait assurément d’autres bombes, quelque part dans le palais.

— Ça ne tient pas debout, pourquoi cherchent-ils à détruire le palais si ce qu’ils cherchent c’est toi ?! dit-elle. Pourquoi s’en prennent-ils aux innocents ?!

— Tu l’as certainement oubliée à cause des récents événements de ta vie, mais la plupart des disciples faisaient autrefois partie du Conseil de Virgile. Le même mage qui me persécute est à leurs têtes.

— Certes, mais là, c'est n’importe quoi ! S’ils voulaient vous tuer toi et les autres, ils auraient dû venir nous confronter directement ! Ce sont des lâches ! Ils n’avaient pas besoin de faire tout ça !

Ils se turent un moment. Misaki écoutait les bruits qui provenaient de l’extérieur. Elle entendait les grognements familiers de Shayne qui luttait contre une horde de créatures, alors qu’il montait les marches du palais. Il n’avait pas eu la chance de partir comme il l’avait prévu. La guerrière le vit qui rentrait par la porte principale, suivi de quelques brigadiers et son épée noire en main. Lorsqu’elle le vit, elle sortit de sa cachette et partit le rejoindre. Le général remarqua les flingues dans ses mains et la regarda d’un drôle d’air.

— Où as-tu trouvé ces armes ? demanda-t-il, intrigué.

— Pas le temps de t’expliquer ! formula-t-elle, alertée. Nous devons d’abord assurer la sécurité des civils. Après, je t’en parlerai.

— La plupart de ceux que j’ai vus en ville ont été abattus par les monstres, madame, dit l’un des brigadiers qui accompagnait le général.

— Plusieurs de nos hommes sont sur place, Misaki, expliqua Shayne. Notre priorité pour le moment est de rejoindre le président.

— Et ma fille ? demanda Misaki, hésitante. Que fait-on des enfants ?

— Ne t’en fais pas pour elle, dit alors Nox. Ils sont derrière nous avec les religieux et les orphelins.

La guerrière albinos était sur le point de répondre à Nox, lorsqu’elle entendit le cri familier de son enfant. La petite n’était pas très loin du groupe qui suivait Shayne. Elle vit Sakura monter les escaliers en compagnie de quelques nonnes et d’Estelle. Misaki rangea ses armes à sa ceinture et courut attraper son enfant dans ses bras, rassurée. La pauvre petite était en état de choc et pleurait bruyamment. Estelle était plus calme, même si on pouvait lire de l’inquiétude sur son visage.

— Tante Sarah n’est pas avec nous, gémit la jeune fille, qui s’approcha du général. Elle s’est fait attaquer par une brute.

— Sarah ? Je suis sûre qu’elle va bien, dit la guerrière qui essayait de rassurer Estelle.

— Mmm… Je n’en suis pas si certaine.

Estelle baissa son regard vers ses pieds, sur le point de sangloter. Elle avait peur et souhaitait voir ses parents. Misaki la prit d’une main, même si elle utilisait l’autre pour maintenir sa fille contre elle. Elle regarda le général d’un air pressant.

— Il faut les mettre en sécurité ! suggéra-t-elle.

Shayne hocha la tête après avoir vu l’expression de la guerrière, puis se tourna alors vers les brigadiers derrière lui.

— Kylie, Scottie, escortez Mademoiselle Megumi, les civils et les enfants jusqu’aux sous-sols ! ordonna Shayne. Assurez ensuite leur protection ! Wyatt, Ruby, Conrad, vous restez avec moi. Nous devons maintenir la défense du couloir !

Les membres de la Première Brigade sont tous présents, capta Misaki.

Leur capitaine, Ruby, avait été peu présente dans la vie des Megumi depuis leur arrivée à la capitale, mais Misaki savait que Ruby ne les laisserait pas tomber, Sakura et elle. La belle rousse aux yeux verts les regarda d’un air espiègle et leur sourit.

— Vous pouvez compter sur nous, dit-elle avant d’essuyer son front ruisselant de sueur. Montrons à ces disciples de quoi la nation de Baldt est capable !

L’arbalétrier chauve partageait la même attitude que sa cheffe ; il leur fit un pouce en l’air afin de renforcer les dires de cette dernière.

Les civils qui étaient montés jusqu’au palais finirent par encercler Misaki et les fillettes. Les brigadiers Scottie et Kylie, les deux jumeaux fraternels adolescents de Conrad, suivirent les ordres du général et emmenèrent tout le monde aux sous-sols. Il y avait plusieurs salles inoccupées, où ils pouvaient cacher les citoyens de Baldt.

D’après Shayne, d’autres brigadiers devaient les rejoindre dans les couloirs afin de protéger ces innocents contre les démons et les disciples.

Les sceaux étaient toujours actifs à l’étage, cependant les monstres commençaient à se faire de moins en moins nombreux. Toutefois, les disciples inquiétaient le vampire. Ils s’étaient multipliés dans les couloirs et étaient tous armés.

Pendant plusieurs minutes, Shayne lutta avec acharnement contre les cultistes, jusqu’à ce qu’il croise le fer avec un homme vêtu d’une longue cape rouge. Il reconnut aussitôt Troyd Markios. Celui-ci était accompagné d’une ancienne servante du palais. Elle les observait avec un sourire moqueur. Le général grimaça de dégoût.

— Repliez-vous ! ordonna Shayne aux brigadiers.

Conrad fut le premier à reculer, suivit de Ruby et Wyatt. Cependant, un disciple leur barra la route et tenta de les attaquer. Ruby lança une bombe fumigène dans l’espoir de faire diversion. Scottie, de sa position, tira un couteau dans le crâne du cultiste et le tua aussitôt, ce qui permit à Conrad et les autres de s’enfoncer plus loin.

Shayne utilisa la magie de Nox afin d’assombrir le champ de vision de ses adversaires. La protection des civils, derrière lui, était sa priorité immédiate. Il se tourna rapidement vers ses associés.

— Barricadez les sous-sols ! lança-t-il. Ne laissez personne passer !

Wyatt se retourna vers son supérieur au moment de descendre et fit apparaître un champ de force magique, ce qui repoussa les flèches et les sorts que les disciples jetaient dans leur direction.

Shayne profita des fumigènes de Ruby afin de s’élancer en direction de ses compagnons. Une fois de l’autre côté du champ de force, il utilisa son mana pour renforcer le mur que Wyatt venait d’invoquer.

— Ce mur ne tiendra pas longtemps, dit le mage aux côtés de Shayne. Nous devons trouver d’autres objets si nous voulons colmater ce couloir !

— Scottie ! Trouve-nous des meubles à bouger ! ordonna Ruby en direction de son coéquipier qui se trouvait près de la pièce dans laquelle l’on avait emmené les civils.

— T… tout de suite c… capitaine !

— Kylie, assiste ton frère ! rajouta la jeune femme.

— Oui, madame ! s’exclama l’adolescente qui sortit de la pièce.

— Conrad, reste près des civils et garde l’œil ouvert.

— Comment ça mon œil ? Ce n’est pas parce que je suis borgne que tu dois constamment y faire allusion !

— Ce n’est pas ce que je voulais dire, patate ! grogna la capitaine de la Première Brigade. Je vais avoir besoin de toi au cas où d’autres monstres venaient de ce côté !

L’arbalétrier se mit à rougir, puis hocha la tête timidement.

De l’autre côté du champ de force, les disciples tentaient de briser le sort alors que Troyd et la servante s’éloignaient en direction de la bibliothèque. Pourquoi ne venaient-ils pas assister leurs alliés ? Shayne ne comprenait pas leur comportement. Ses adversaires étaient beaucoup trop imprévisibles.

— Je ne suis pas stratège, Monsieur Wolfe, mais ça se voit qu’ils préparent un sale coup, ces deux-là, dit Wyatt, à ses côtés.

— Je sais, mais reste concentré, répondit Shayne. Il y a d’autres brigadiers en ville qui vont probablement venir nous aider dans les prochaines minutes.

Il espérait que Daichi était toujours en sécurité. Il ne l’avait pas vu depuis plus de deux heures. Il se dit qu’il devait sûrement être aux côtés du président et qu’il assurait sa sécurité, au cinquième étage.

— Tout ça parce qu’ils veulent ressusciter l’ancienne monarchie ! grogna Nox, entre les mains de son partenaire. Et encore, je ne pensais pas que les anciens monarques étaient de mèche avec Perséphone !

— Il est fort probable qu’ils aient fait ce pacte avec la déesse à la fin de leur règne, suggéra Wyatt. Après que la république a signé le traité de paix avec Lanartis, beaucoup de ces gens ont peut-être changé de camp.

— Eh garçon, t’es qui au juste ? demanda le puma noir.

Wyatt jeta un sourire espiègle en direction de son supérieur. Ses cheveux noirs avaient besoin d’une coupe. Les lunettes argentées posées sur son nez lui donnaient des allures d’intellectuel. Derrières ces vitres, il paraissait avoir des yeux d’un vert perçant. D’après les documents avec lesquels on l’avait inscrit aux brigades, il n’avait que quatorze ans. Il vivait seul dans une chambre qu’il louait à l’auberge, près de la fontaine du marché.

— C’est Wyatt Silverwind, répliqua le général. Un archiviste qui a rejoint nos rangs, l’automne dernier.

— Après avoir entendu parler de la grande bibliothèque de la capitale, lorsque j’étais à Xu Fahn, je n’ai pas pu m’empêcher de venir étudier ici, déclara l’adolescent avec son plus grand sourire. Les conseillers m’ont permis de loger en ville en échange de mes connaissances !

— Ah bon ? dit Nox.

— J’ai aussi le devoir de protéger ce palais, puisque…

— Wyatt, soupira Shayne. Tu manques de concentration…

— Désolé, Chef ! s’exclama aussitôt le jeune sorcier, qui sursauta.

Il relança aussitôt le champ de force autour de lui et de son supérieur.

La panthère rajouta une seconde couche de magie au sort, alors que Shayne, guettait les démons en face d’eux. Certains brigadiers et mercenaires commençaient à apparaître depuis l’entrée principale. Toutefois, les disciples étaient beaucoup trop nombreux.

Une bonne heure s’écoula et les mages commencèrent à s’épuiser, à force de relancer les sortilèges de protection. Scottie et Kylie faisaient des rondes dans le couloir, et donnaient des potions de mana liquide au général, puis à Wyatt, afin de les aider à conserver leur énergie magique. Quelques civils, que d’autres groupes de brigadiers avaient sauvé, furent emmenés de l’autre côté du mur magique. Les forces ennemies commençaient à diminuer.

Cependant, il y eut une seconde explosion au-dessus des combattants. Cette fois, ce fut le toit au-dessus du couloir qui s’effondra. Un colosse, qui portait une armure lourde, sortit des débris. Il poursuivait ce qui semblait être Kyran Markios, à l’extérieur du palais.

Si Kyran est là, il se pourrait bien que le président soit en danger, pensa le général. Il ne quitte jamais les côtés de son père, sauf en cas d’urgence… Se pourrait-il qu’ils aient été séparés lors de la première explosion ?

Shayne fronça des sourcils.

— N… nous allons manquer de p… potions, chef ! dit Scottie à Ruby, alors qu’il sortait de la salle des civils. Nous avons les ingrédients, mais il nous manque un m… mortier, un pilon et des récipients vides !

Scottie était un novice fabrication de potions pour la Première Brigade. Il avait déjà pris quelques cours avec Cassandra. D’après elle, il finirait sûrement par la surpasser un jour ou l’autre, car il était déterminé à se rendre utile à son équipe. Cet adolescent efflanqué et timide avait grandi à travers la rébellion et était le fils aîné de Conrad Sanders. On le voyait souvent en compagnie de sa sœur jumelle. Il avait perdu sa mère très jeune, mais dernièrement son père en pinçait beaucoup pour leur capitaine.

— Il y a des laboratoires aux sous-sols qui ne servent à rien, mentionna Kylie, à ses côtés. On pourrait y trouver un truc, non ?

Le jumeau haussa des épaules, hésitant.

— Allez-y, dans ce cas ! répliqua Ruby, par-dessus son épaule.

Légèrement plus petite que son frère, souple, mais agile, Kylie était autrefois une mercenaire qui travaillait aux services de la rébellion. Elle partait généralement en mission pendant des jours et revenait avec des bourses d’argent bien remplies. Elle préférait se battre avec une bonne épée et un bouclier. Quand elle n’avait rien de mieux à faire, elle aimait se promener à travers le palais qu’elle connaissait comme le fond de sa poche.

En ce moment, il y avait de plus en plus de blessés et peu de soigneurs à portée de main. Les brigadiers devaient improviser par tous les moyens nécessaires. Ruby semblait avoir la situation en mains, au grand soulagement de Shayne. Elle opta pour laisser la protection du champ de force à son supérieur.

Le vampire poussa un gémissement de douleur, après avoir reçu un sort dans le torse. La protection magique commençait à s’affaiblir. Les disciples avaient un avantage sur eux, puisqu’ils étaient capables de traverser cette barrière avec un tel sort.

— Shayne ?! lança Ruby en courant vers lui.

— Je devrais me soumettre, suggéra Nox.

— Pas question, ils vont te tuer ! aboya le général.

— Oui, mais c’est toi qu’ils vont tuer si tu ne te décides pas maintenant ! grogna le puma noir. Laisse-moi me rendre !

— J’ai déjà vécu des siècles, mourir à présent ne me fait pas peur !

— Tête de mule !

Nox, toujours sous sa forme d’arme, redoubla d’efforts, et rajouta des membranes magiques au champ de force, de longs bras tentaculaires avec des mains à cinq doigts. L’incantation du fauve agrippait tout objet à proximité et les lançaient en direction des disciples ; cela incluait des cadavres ou bien des morceaux de briques ou de ciment, ainsi que des armes abandonnées. Puisque que l’esprit élémentaire avait décidé de défendre son partenaire, Wyatt causa une explosion de l’autre côté du champ de force, ce qui tua une bonne dizaine de disciples au passage.

Cette attaque permit à d’autres civils de traverser le mur, assistés par les brigadiers. Toutefois, ni Shayne, ni Ruby ne purent prédire le torrent de flèches et de munitions, suivis de puissants sorts qui s’abattirent ensuite sur leurs défenses. Le mur magique éclata, ce qui força à Wyatt de se cacher derrière le maître d’armes. Shayne dû ensuite se servir des membranes tentaculaires de Nox afin de protéger ses alliés.

Alors, Troyd sortit de la librairie et se dirigea vers le général. Il affichait un regard, remplie de malice. Shayne avait fini par comprendre qu’on les avait forcé à épuiser leur mana dans le but de mieux les tuer par la suite. Une stratégie efficace contre les mages qui désavantageaient, en ce moment-même, le reste de leur groupe.

— Tout ça pour ça, dit le tyran qui se plaça devant les disciples. Ça m’étonne que vous soyez si désorganisés… Ha ! Nous, ça fait des mois que nous planifions cette attaque… Voilà qui est très décevant… Vous ruinez tout le plaisir que je me ferais à vous tuer…

— Ça ne sert à rien de discuter ! grogna Shayne. Il n’y a rien que tu puisses dire qui changera les choses, Troyd ! Le jour où tu as lâchement assassiné Nash fut celui où ton destin a été scellé ! Tu dois payer pour tes crimes !

— Le seul véritable crime ici présent, c’est celui de ton président qui empiète sur les droits de l’ancienne monarchie ! Randell sera votre roi, que vous le souhaitiez ou non !

— Et avec quel droit ? formula Wyatt, agenouillé. Les Tabris n’ont pas sang royal dans leurs veines ! Les traités ont été signés, alors pourquoi vouloir trahir cet engagement maintenant ?! Baldt a toujours été capable de s’en sortir jusqu’à présent… donc…

— Ta gueule, le morveux ! coupa Troyd. Je ne t’ai pas sonné !

— Pourtant il dit vrai ! mentionna Shayne. La république a toujours été capable de s’en sortir sans une famille royale.

— On s’en fout, putain ! soupira l’ex-général à l’armure rouge.

— Oui, mais pas nous ! repris Wyatt. L’ancien Conseil était corrompu jusqu’à la moelle. Ç'a ne veut pas dire que nous ne pouvons pas changer les choses avec le régime actuel ! Osez briser les traités et Lanartis nous déclarera la guerre ! Ton ancienne monarchie ne reviendra pas, que tu le veuilles ou non !

— Lanartis ne nous fait pas peur ! grogna Troyd. Les démons qui travaillent pour nos disciples et mon futur roi, représentent notre détermination. Grâce à l’aide de notre reine, Perséphone, nous gouvernerons ce monde avec une main de fer ! Ses serviteurs démoniaques sont beaucoup plus nombreux que n’importe quel misérable qui lèche-cul de la monarchie lanartisienne ! Vos brigades ne sont pas assez nombreuses pour arrêter nos plans. Il est temps pour vous de vous avouer vaincu. Qui sait ? Peut-être que mon roi acceptera de vos services comme esclaves si vous cessez de combattre maintenant… Tout ce que vous avez à faire, c’est de vous soumettre et de nous donner l’esprit des ténèbres !

Shayne se crispa. Il tenait Nox avec tant de fermeté qu’il était clair aux yeux du tyran que le vampire avait déjà pris sa décision.

— C’est dommage pour vous tous… dit Troyd. Vous auriez pu survivre… Au lieu de cela, vous avez décidé de combattre contre nous, alors que c’est déjà peine perdue. Notre armée était déjà en préparation… depuis bien des années avant la mort de Virgile. Randell planifiait déjà discrètement son ascension avec l’aide de ses fidèles. Il a simplement fallu que l’on sacrifie quelques esprits élémentaires avant de pouvoir utiliser de nouveaux pouvoirs ! Ces derniers sont d’une telle puissance qu’il serait bête pour nous d’abandonner tous nos rêves ! Mais tu sais quoi, Shayne ? Il serait plus simple de te montrer où je veux en venir…

Une aura démoniaque entoura l’ancien général de Baldt. Le vampire ressentait déjà cette énergie malsaine qui lui donnait envie de vomir. Troyd bouillait de rage. Il n’y avait plus rien de naturel chez lui. Ce monstre devant lui, tentait de se montrer éloquent, mais tout ce que Shayne voyait, c’était une opportunité de venger Nash.

— Dès le moment où j’ai abandonné ma foi pour Athéna et que j’ai accepté Perséphone comme mon unique déesse, un nouveau monde s’est offert à moi, déclara Troyd. Je savais alors que j’étais destiné à réaliser de grandes choses pour sa cause ! En son nom, j’ai tué et j’ai purgé celles et ceux qui représentaient une menace ! En son nom, j’ai été fait son champion et son premier chevalier ! Et vous connaissez mieux que n’importe qui dans cette salle, l’importance d’un chevalier pour sa reine ! Je suis l’avant-garde, je suis celui qui s’assurera de la sécurité et de la victoire de ma souveraine ! Ni vous, ni vos soldats ne nous arrêteront !

Shayne des yeux, aux paroles du tyran.

— Où veux-tu en venir ?! s’exclama-t-il, confus. Perséphone est-elle déjà parmi nous ?

Troyd esquissa un sourire, puis s’esclaffa avant de lui répondre :

— Ça fait des semaines qu’elle se fait passer pour l’une des vôtres. Ce qui est étonnant, c’est le fait que tu l’aies toujours traitée comme une très bonne amie… Et dire que je vous croyais plus futés, dans la Septième Brigade…

Shayne cligna des yeux, puis lâcha un juron lorsqu’il réalisa de qui il parlait. La traîtresse avait autrefois voyagé avec lui, alors qu’il n’était qu’un simple aventurier. Comment se pouvait-il qu’il n’ait jamais réalisé tout ça avant ?

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