6) Au bord du gouffre
Un vertige me saisit quand le passe-muraille me quitte. Je le vois réintégrer le mur après un dernier regard vers moi et ceux qui m’entourent. Il me remercie une dernière fois avant de disparaître.
Un voile noir me passe devant les yeux et je tombe sur les genoux, soutenue par ceux qui m’entourent.
– Ça va aller, c’est juste le contrecoup.
Voilà ce qu’affirme mon meilleur ami qui me serre contre lui. Il ajoute :
– Ca nous l’a fait à nous aussi. Maintenant tu fais partie de son cercle. Tu le retrouveras dans tes songes. Tu verras, c’est merveilleux.
– Vraiment !
– Oui, mais il faudra d’abord passer l’étape du gouffre.
– Le gouffre ?
– Oui. Nous l’avons tous fait et tu le feras toi aussi. Surtout ne t’inquiète pas, il veillera sur toi. D’ailleurs nous allons te raccompagner jusqu’à ton lit. Tu dois être épuisée.
– C’est vrai, reconnais-je en baillant, les jambes en coton.
Arrivée dans mon lit, il me borde et m’embrasse sur le front, me murmurant à l’oreille :
– Fais-lui confiance et tout ira bien.
***
Je sens l’air sur ma peau. Le vent s’engouffre dans mes cheveux et les fait flotter. Une sensation froide sur ma main droite me fait ouvrir les yeux et diriger mon regard sur l’origine de cette fraîcheur. Le passe-muraille est à mes côtés, toujours aussi impalpable. Nous sommes sur une étroite falaise. Devant nous, un gouffre obscur et sans fond.
– Saute, me dit-il.
– Pardon ?
– Saute, répète-t-il encore, se jetant dans le vide devant moi.
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