17) Salle de réveil
Trou noir.
Je perçois des voix provenant de très loin. Des mains me touchent, me secouent. J’entends mon prénom à plusieurs reprises. J’entends aussi celui de mon ami. Je lutte pour ouvrir les yeux. Mes paupières sont si lourdes… Pourquoi est-ce qu’on me réveille ? J’étais bien…
Je papillonne des yeux et l’image floue devient progressivement plus nette. Je reconnais des visages et la verrière en vitraux de la bibliothèque de l’Entre-Monde. Elle est intacte. Mon audition aussi fait le point tandis que mon esprit se pose. Je croise les yeux azur de mon ami. Il sourit et me lève péniblement son pouce pour me dire qu’il est ok.
On est sortis du livre. Sortis de l’inconscience. Quel drôle de voyage… Combien de fois avons-nous cru disparaître ? C’est comme si je réalisais soudainement combien la vie est courte et urgente à investir. Que vais-je faire de ce nouveau temps qui m’est offert ?
Je me lève précautionneusement. Mes jambes cotonneuses me portent à peine. Je referme prudemment le livre et caresse sa couverture avec gratitude. Je le range soigneusement dans son étagère et les tambours résonnent une dernière fois comme un adieu.
La raison de ma présence en ce lieu me revient : j’étais là dans le but précis de trouver comment rendre leur humanité aux monstres. Je me concentre sur cette question en laissant mon regard parcourir les rayonnages.
Comme une réponse, un livre me renvoie un rayon de soleil. Les lettres dorées tranchent sur sa couverture noire : “L’éveil”.
Annotations
Versions