La missive
— Maman ?
— Hum….
— Ça te fais du bien d’être ici ?
Assise sur le banc du parc, elle réfléchit. Depuis la dernière crise où elle exposait une théorie incohérente sur sa vie à base de sandwich, vin et médicaments en démonstration, elle a choisi de s’éloigner durant tout l’été dans le même centre Sainte-Marie.
Mon père et ma grand-mère, me demande de pas revenir sur cette soirée. Pourtant, j’espère que je peux toujours l’aider. Adela, elle aussi, propose de laisser couler, ma mère a eu une crise, point. De plus, elle a pris l’initiative de prendre le temps de se retrouver. Elle devrait être plus heureuse, Ambrosio s’est tué. Enfin, elle ne le sait pas encore et l’avocate a compris qu’elle ne doit rien lui dire tant que son état n’est pas stable.
— Je perds mon temps autant qu’en gagne.
— Maman, il est mort.
Elle rit sans émotion avant de se calmer. Je montre que je suis sérieux et je me rends compte que je n’aurais pas lui dire…
— Pardon, on devait attendre avant de te l’annoncer.
— Pourquoi ? Peur de quelque chose ?
— Oublie, pardonne-nous. L’important c’est qu’il soit mort.
— Quand ? Comment ?
— Il s’est tranché la gorge, le lendemain de ta crise.
— Hum…Je peux te demander un service ?
— Un service ?
— J’ai besoin de toi.
— En quoi, je peux t’aider maman ?
Elle prend mes mains puis me regarde hésitante.
— J’ai besoin de ton sang.
— Mon sang ?
— N’ai pas peur mais je pense que je dois inventer ma propre version de Zok.
— Maman…
— Ecoute, j’ai tellement vu de près la mort, j’ai en moi le don de médium que j’ai envie de….
— De ?
— Tenter l’impossible.
— L’impossible ?
— Je vais mourir, je ne suis pas immortelle. Cependant, j’aimerais démontrer qu’on peut ralentir le vieillissement.
— Eu, je peux comprendre le rapport avec ton cœur mais, le sang enfin le mien, en quoi, je peux t’aider à rajeunir ?
— ….
— Tu sais que tu me fais vraiment peur maman.
— On a le même groupe sanguin et je pense, que tu es vraiment la clé pour créer un monde meilleur.
— Maman, ce n’est pas ce que je veux pas mais, je ne te suis toujours pas.
— Dès que je sors de là, on va trouver des investissements pour monter mon nouveau centre de recherche, le SV soit Sommeil de la Vieillesse. J’ai cru avoir lu quelque part qu’un père cherchait à ne pas vieillir. Certes, il use des techniques pour bien manger, prend certaines pilules, je crois mais surtout, il est transfusé du sang jeune de son fils.
— Maman…
— J’ai donc une mission pour toi, de la plus haute importance. Je ne t’en voudrais pas si tu refuses de me donner ton sang.
— Eu, laisse-moi du temps. Et c’est quoi ?
— Tu auras bientôt la visite du premier ministre de l’éducation, non ?
— Demain oui.
— Parfait ! Suis-moi.
Septique, je l’accompagne dans sa chambre. Elle fouille dans son bureau parmi des carnets, agacée, elle continue dans le placard jusqu’à enfin sortir une enveloppe du tiroir de sa table de chevet. Heureuse, elle me le donne :
— C’est quoi ? Enfin, ne me dis pas que je vais donner ça au ministre !
— Si ! Il me faut de l’argent pour investir dans mon centre de recherche. Ayant gardé les documents d’Ambrosio, j’ai tous les droits de les partager avec d’autres centres ou pas. Et bien que je vais évidemment le faire, je vais dans un premier temps, conserver l’exclusivité. Je suis connu par mon groupe et l’affaire de ma disparition, dans l’enveloppe, j’ai mis les formes pour espérer un entretien.
— C’est en tout cas, un beau projet. Moi qui avait peur que tu ailles diriger une secte ou autre.
— Merci de ton soutient mon grand.
— Tu vas en parler aux autres ?
— Je compte sur toi pour n’en parler à personne, surtout pas à ton père et Adela.
— Pourquoi ?
— J’ai bien peur qu’ils m’en empêchent ou alors ils ne vont pas saisir le projet. Remarque, moi non plus. En fait, j’ai envie de ralentir mon vieillissement, de produire de nouveaux cœurs et de servir de cobaye, car je n’en ai pas le choix. Je remercie surtout Ambrosio.
— Maman ! Comment tu peux lui en être reconnaissant alors qu’il a fait du mal à ta grand-mère, à toi et Eva ! A beaucoup d’autres aussi ! Il a pris son temps pour s’amuser, pour…
— Pour créer celle qui je suis. Je suis passé par des phases importantes de ma vie, en acceptant ce qui n’est pas explicable, en apprenant à maitriser les folies provoqués ou non. J’étais son jouet, j’ai su résister assez longtemps en parvenant à réussir mes rêves. Danser, chanter, être connu et être surtout mère. Il m’a sauvé et jamais aucune greffe sans médicament ne m’a permis de tenir plus de deux ans. Si je lui là, avec toi, c’est qu’il y a une raison. Si pendant mon accouchement, il m’a montré un bébé portant ton nom, en m’apportant une sérénité, c’est qu’il voulait, savait que je pouvais l’a revoir, te revoir. Tu m’as motivé à remonter sur scène, à rire, à être moi dans mon enfance et adolescence ainsi qu’à l’école. Alors, je lui doit au moins ça.
— Je peux admettre ton point de vue. Je veux t’aider, je continuerais à garder le secret. Je vais essayer de convaincre demain pendant la visite. Tu es déjà le modèle des malades et tu seras celui de la science, de la recherche !
Elle pleure et elle m’embarque dans sa joie. Puis, mon père passe me chercher pour que j’aille à mon cour de foot. Il revient là voir. Au retour, je ressors la lettre bien cachée dans ma veste pour la déposer dans mon sac à dos. C’est la reprise à l’école et je réfléchis à tout les plans possibles pour provoquer la rencontre. Sauf qu’a force de rêver en classe, c’est lui qui vient me réveiller, je suis le dernier et j’ai enfin l’opportunité de discuter.
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