Cycle
Les mois se sont transformés en années d’ennuie. Des longs jours de calme, où je remarque que je suis plus dans la lumière. Ma famille continue de subir les complots, le harcèlement. À tel point que ma sœur est prise d’une crise cardiaque après une énième vidéo de menace.
Dix ans que tout cela dure et deux jours qu’elle s’isole dépressive. Elle semble m’en vouloir…. Même ma famille ? Espé me rassure que non.
— Adela…j’ai conseillé à Espé que notre…
— Je ne te reproche rien. J’ai juste de la haine pour ce gens qui ne savent plus s’arrêter. Et puis, je suis plus âgée que toi, il me fallait un moment donné, vous rejoindre.
— Pourquoi tu restes dans ton coin alors ?!
Son éternel rituel dans la cuisine, me fait de la peine. Son demi-sourire m’indique rien.
— Comme toi ma sœur. Comme toi.
— Comment ça comme moi ?
— Je suis morte, je revis le fil de ma vie, un bilan.
— Et tu en conclus quoi ?
— Il me faudra du temps pour accepter que je suis plus sur Terre. Ça ira ma sœur, ça ira. On est ensemble, pour l’éternité. Bientôt rejoins par Roberto, Eva et tes enfants.
Elle me sert l’épaule, je respire mieux. J’ai si hâte oui, de revoir Roberto. Les nouvelles par ma fille et mes visions ne me permettent pas de me connecter à lui. Ma petite fille Clara, elle, considère que notre don ne sert à rien concrètement. Je suis bien d’accord. Mon deuxième petit-enfant, un petit-fils, n’a que deux ans et je ressens qu’il n’est pas destiné à être en lien.
— Tu sais, bien qu’il y a nos parents, Roberto me manque. Mes enfants aussi. Tout le monde. Maintenant que tu es là, on pourra partager plus de moments. Une danse ?
— Bien quelque années que je n’ai plus l’âge.
— Je ne suis plus souple non plus. Bon, alors, si on allait explorer le monde ? Je suis sûr que Carmen n’est pas loin.
— Hum…ça marche !
— Zok va nous aider à la trouver.
À mon tour de lui serrer l’épaule. Je ne suis jamais parti loin de la villa. Et puis, je dansais moins que je chantais. Durant nos premiers jours, une immensité blanche jusqu’à une porte. Une fois ouverte, on découvre, que d’autres êtres errent sur Terre.
Tout comme mes premières visions. Pour mieux saisir le fonctionnement, on essaye avec Espé chez elle. Elle me voit après plusieurs tentatives de lui parler. Roberto lit le journal et je suis tellement près de lui, que je peux lui toucher les mains.
….
— Papa, elle est là.
Ma fille me fait sursauter à tel point que je tombe le journal du jour. J’avais cru ressentir un courant d’air…Tellement longtemps que j’ai perdu l’habitude de déceler un signe.
— Elle me parle là ?
— Adela est aussi avec elle. Elle me dit qu’elle a trouvé le moyen d’être physiquement avec nous.
— Mais ! Mais je ne sais pas lui répondre ! Dit le que…
« Sens moi, écoute moi. Souviens-toi de toutes mes expériences, de la tienne, dans la grotte, l’initiation ».
Un frisson me parcourt, mes mains cherchent à la saisir. C’est moins froid que sa mort, plus une sensation d’eau, gélatineux aussi. Mes lèvres affiche un sourire, mes yeux sont clos.
« Tu y arrive enfin. Je suis là maintenant, à mon tour de t’accompagner plus près. Je n’ai jamais cessé d’être dans les parages, là-haut »
« Ma chérie, un vide immense m’a emporté. C’est quand j’ai vu ton corps en pierre, que j’ai su que c’était la dernière partie. Notre fille nous donnait des nouvelles et pourtant, je me sens si seule même avec nos enfants et les petits. Il te reste des fans qui chaque année, porte des fleurs, chante au musée. Aucune idée, pourquoi je t’en parle. Je pourrais te parler aussi de tracteur et de réductions sur les cannes. J’ai pris de l’âge dans les pattes, mais ma jeunesse n’est jamais partit. Je sais qu’on va à nouveau rire comme dans le bon vieux temps. Le cycle ne se finira jamais, ma belle, jamais ».
….
Mes parents s’enlacent en larme et je ne peux m’empêcher de les rejoindre. Mano tire sur ma jambe intrigué et je lui promet de lui raconter un jour. Mon père finit par ronfler, je le laisse se reposer.
On a vendu la maison dès qu’avec Elias, on considérait qu’il ne pouvait plus se gérer seul. Il perd parfois la mémoire et j’ai voulu le prendre en charge. Heureusement, Carlos mon mari, fût d’accord pour qu’il dorme chez nous. Hors de question, de le laisser partir en maison de retraite. Mon frère ne pouvait le faire, étant donné qu’ils sont en appartement sans ascenseur.
Le jour, où notre père ne sera plus là, une autre salle lui sera consacré avec César et Tania. Ces deux là ont aussi le droit à leur honneur. Ils nous ont quittés tragiquement pendant un accident d’avion en Jamaïque, le mois dernier. Un dernier concert devait s’y tenir. Eva poursuit avec joie, la direction du musée avec Diégo qui maintenant en retraite, s’est reconverti bénévolement en guide.
En revenant à mon fils, Adela me questionne sur ses derniers progrès. D’un œil, ma mère écoute aussi avant de se rapprocher, plus curieuse. S’il savait qu’il était épié par de belles âmes, il me croirait pas.
« Ses rêves plus que celles des autres »
« S’il échoue, il ne peut que remonter. Personne ne le lâchera »
Les sages paroles de ma mère et de ma tante, restent brumeux. Ma main sur le crâne de mon fils, je reste à le surveiller, sûr de moi, rendant fier là-haut tous les anciens. Ma mère est parvenu à briser le Mal pour engendrer le Bien.
Rétablir l’origine et avancer sereinement. Clara et Mano, vivent désormais dans le libre arbitre, plus personne pour les rendre esclaves, malades…C’était pas à ma mère, de couper le Zokium, mais à moi.
La résilience fait la force de notre famille, on ne se cache jamais, on n’assume nos rêves, nos bonheurs.
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