Agrandissements
Les premiers essais s’étant avérés plutôt concluants, Charles décida de passer à l’étape supérieure : en effet, afin de couvrir tout le pays, il allait devoir grandir, franchir son petit cercle familial. Pour ce faire, Charles fit jouer ses relations, publia des annonces et embaucha un recruteur. Bien rapidement, des centaines de personnes affluèrent, toutes désireuses de devenir les collaborateurs de l’Association Sans But Lucratif Heroes of Eiretol.
Bénie fut cette époque de récession !
Parmi eux, cinquante candidats furent présentés à Charles. Vingt-deux d’entre eux obtinrent un poste : douze collecteurs, huit gratteurs/documentalistes, un informaticien et un comptable. Les douze furent répartis en trois équipes territoriales placées sous la supervision des trois enfants de Charles. Tandis que le reste fut assigné au siège social : un gigantesque entrepôt tout juste acquis pour stocker l’astronomique nombre de billets à venir. Le secrétariat et la gestion des ressources humaines échurent à Elysée. À ses premiers jours, l’entreprise compta vingt-sept personnes.
Une fois l’organisation établie, les collecteurs furent envoyés sur les routes. Leur première mission fut de répertorier tout site où des billets à gratter étaient vendus. Ainsi une carte complète - divisée en trois grandes zones - des kiosques, bar-tabacs, librairies fut dressée et le moissonnage put être planifié. Ensuite, ils inventorièrent tous les jeux des points listés - toutefois aucun titre n’ayant déjà été auparavant trouvé par Charles n’apparut. L’ASBL disposait désormais de deux outils informatifs essentiels. Seules les modalités de réapprovisionnement étaient encore à déterminer. Afin de répondre à cette question, Charles ouvrit sa propre librairie et y plaça un - nouvel - employé, un espion « industriel ». Ce stratagème leur apprit que les enseignes étaient ravitaillées sur requête, que la procédure d’enregistrement et d’envoi par coursier prenait deux jours et que de nouvelles impressions n’étaient lancées qu’en cas d’épuisement des réserves.
L’opération de grande envergure put dés lors commencer.
Et tandis que l’ASBL se mettait à l’œuvre, Charles essaya une nouvelle manière de s’assurer de la non-existence des gagnants : il enjoignit toutes les banques du pays à lui communiquer les mouvements financiers les plus étranges et les clients les plus suspects… Il espérait ainsi recueillir toutes divulgations à propos de fortunes fulgurantes, de transferts colossaux, ou d’apports réguliers en inadéquation avec de modestes revenus… Naturellement, il n’en fut rien : aucun établissement de crédit et d’épargne n’accepta. Encore une fois, il rencontra un mur que même l’argent ne pouvait gravir.
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