Paresse
Chayton était un homme plein de ressources. Malgré sa réputation, il n'avait jamais vécu une secousse.
Chaque jour, il payait les uns pour faire le travail à sa place, s'appropriant leur succès avec grâce. Prétendant que certains étaient des menteurs et d'autres arnaqueurs.
Lorsque les colons débarquèrent, il vit une opportunité prospère. Plus de profit était sa philosophie, peu importe les compromis.
Le chef de tribu n'était pas du même avis, voir l'homme aussi heureux ne lui plaisait que peu. Il décida alors de le mettre à l'épreuve.
- Je commence à me demander où se trouve ton cœur.
- Je ne trahirai jamais les miens, je ne suis point un simien. S'il vous faut la preuve, je suis prêt à me jeter au fleuve.
Certain que cette affirmation dissiperait les doutes de corruption, l'imposteur ressentit une vibration. Le chef ne se laissa pas duper, l'audace de ce dernier devait être discutée.
- Il semble que tu sois un chasseur hors pair. Grâce à toi, la tribu est prospère. Si tu n'as pas commis d'impair, tu reviendras de cette aventure avec un reliquaire. Dans le cas contraire, je te souhaiterais la revoyure.
La mission restait simple : l'homme devait survivre dans la jungle, sans aide fournie, durant 7 jours et 7 nuits.
- Tu partiras dans la matinée. Tu ne dois rien apporter ou tu seras condamné.
Cette idée ne lui plaisait guère, la mort l'attendait s'il suivait ce critère.
Très tôt, le matin, il décida d'être plus malin. Il alla cacher à l'entrée de la jungle, le nécessaire loin d'être humble.
Chayton partait en confiance, il se persuadait qu'il serait sans souffrance. Il continua à vivre sans restriction, sûr d'aucune reddition.
Deux jours se sont écoulés quand il réalisa qu'il n'y avait plus de denrées.
- Rien ne sert de paniquer, il suffit de chasser. Une habitude d'antan, ce sera un jeu d'enfant.
L'homme avait perdu ses réflexes, il en resta perplexe.
Il possédait une arme oblongue, tirant du plomb échangé avec un colon.
- Grâce à ceci, je n'aurai plus de soucis.
Lorsque le lion entra dans son champ de vision, il n'hésita pas et l'assassina. Heureux de sa victoire, il s'alluma un cigare.
- L'envie d'allumer un feu ne m'attire que peu, j'ai vu des malotru manger la viande crue, il n'y a aucun risque encouru.
Chayton n'avait plus fourni autant d'effort depuis que son manège était en plein essor. Il dévora la viande sans faire amende.
Le lendemain matin, l'homme ne se sentait plus aussi malin. Bouger était impossible, la douleur indicible, la fièvre le terrassait, un mal de tête l'écrasait et il comprit que la mort le menaçait.
Des semaines plus tard, le chef découvrit son corps. Il soupira et le qualifia de pécore.
- Dans ce monde, nous devons fournir des efforts. Voyez comment vous finirez, si vous paressez.
Annotations
Versions