PETITE FEMME
Prends mon corps. Prends mes droits.
Punis-moi.
Parce que la possibilité d'une vie vaut plus que moi.
Moi qui vis, moi qui vis déjà.
Oublie-moi.
Au fond de ta campagne, derrière un de tes immeubles insalubres, en pleine rue, oublie-moi comme tu oublies déjà d'autres, le long de tes chemins déserts, oublie-moi comme tu oublies tes clés, au pied de ton lit ou juste derrière ta porte, oublie-moi, les jambes ouvertes, agonisante, la chatte sanglante et le ventre meurtri. Oublie-moi comme tu m'oublies toujours. Détournant le regard.
Ne prononce mon nom que pour me punir.
Me punir plus que celui qui me viole
plus que celui qui m'étrangle
plus que celui qui m'épouse et me tabasse.
Laisse-le disparaître
lui
et crie encore mon nom.
Envahis-moi avec ta loi
avec ta vie,
celle qui ne vaut rien
mais toujours plus que moi,
celle dont je ne veux pas
celle dont je n'ai jamais voulu
celle qu'on me fout sur les bras
celle que je ne saurai pas aimer.
Envahis-moi puis claque la porte
la suite ne t'intéresse pas.
L'angoisse et la honte et la misère et la violence de mes mains.
Ça ne t'intéresse pas.
La vide dans ma poitrine
et le drame de ma vie,
celle qui ne compte pas,
tout cela tu t'en fous.
Éternelle petite fille,
tu décides pour moi.
Tu prends mon corps,
prends mes droits,
prends ma loi.
Mais tu ne te soucies pas de moi.
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