02
Aria se tient droite devant eux, la tête haute. Trois hommes s'arrêtent devant nous. Tous immenses, ils portent leur veste en cuir. Je vais la tuer, elle pouvait voler la moto de n'importe qui, mais il a fallu que sa soit l'une des leurs. J'ai toujours tous fait pour ne pas m'approcher des White Snake, vu les rumeurs qui circulent sur eux...
- Vous savez que ce n'est pas très intelligent de voler la moto d'un Snake, nous dit un des hommes.
- Ça va,m on rigolait, lui répond Aria.
- Vous rigoliez? Est-ce qu'on se marre là?
- C'est pas de ma faute si vous êtes coincés du cul, rajoute-t-elle.
Je donne un coup de coude pour qu'elle se taise. Je ne vois pas trop leurs visages à cause de l'obscurité.
- Votre moto, elle a rien!
Mais bien sûr, à ce moment là, la moto tombe au sol.
- Putain, ma bécane! Hurle l'homme aux cheveux longs.
Il s'approche et pose sa main sur le métal.
- Alors là, je vous préviens que je ne vais pas être sympa. T'as mal mis la béquille, connasse!
- Hey toi, tu te calmes! lui dit Aria. C'est juste un peu de tôle froissée.
Je grimace à l'entendre dire ça. Vu l'état du rétro, la tôle, comme elle le dit, doit bien être abîmée.
- Laquelle d'entre vous a eu cette superbe idée? demande l'homme accroupi près de sa moto.
Aria ne dit plus rien. Je baisse les yeux vers l'homme.
- C'est moi, finis-je par dire.
Son regard se pose sur moi, j'avale ma salive difficilement. Il se redresse et emjambe sa bécane qui se trouve toujours au sol, sans me quitter des yeux. Il s'avance vers moi, mais des lumières rouges et bleues font leur apparition et la voiture de patrouille du shérif s'arrête à notre hauteur. Le shérif Tomalson s'avance vers nous.
- Je peux savoir ce qui se passe ici?
- Rien. On allait régler cette histoire nous-même, lui dit l'homme qui se trouve en face de moi.
- Nate...
- Elles ont volé la bécane de Nate.
- Très bien. Mesdemoiselles vous allez me suivre au poste.
- Pardon? Je veux régler ça moi-même.
- Nate.
Aria m'attrape le bras et me tire, nous détournons le biker et sa moto et avançons vers le shérif.
- Montez, nous dit-il.
- On se retrouve au poste Woody.
La porte se referme sur nous.
- C'était trop dément! Rose tu n'as pas trouvé?
- Non, pas trop! Tu nous as foutu dans la merde! Tu aurais pu au moins, bien mettre cette putain de béquille pour ne pas qu'elle se casse la gueule.
- Rhoo allez, il va rien nous arriver.
- Tu rigoles? Sérieusement? Aria, si on doit rembourser cette putain de moto, j'en aurais pas les moyens! J'ai pas de taf et j'ai déjà du mal à payer mon loyer à la fin du mois.
- Allez Rose, moi non plus, j'ai pas de taf.
Mais papa et maman paient pour toi, pensé-je dans ma tête.
- Taisez-vous maintenant les filles.
Ce que je fais volontiers, je pose ma tête contre la fenêtre et regarde défiler les immeubles de la ville. J'aurais tout imaginé, sauf terminer au poste pour vol de moto. Je suis dans la merde.
Une dizaine de minutes plus tard, nous sommes arrivés au poste. Nous sommes mises dans des cellules séparées. Mon sac m'est retiré. Je m'installe sur le banc froid. Cette endroit, je le connais par coeur. Ils ont le don à chaque fois, de me mettre dans la même cellule. Les numéros de téléphone gravés sur le mur, les graffitis, les insultes envers le shérif. Aria n'a pas toujours de bonnes idées et souvent ça se finit comme ça. Au bout de longues minutes, je suis sortie de ma cellule et placée dans un petit bureau.
- Roselyne, je t'avais dit quoi la dernière fois.
- Je suis désolée, shérif.
- C'est trop tard. Je veux même pas d'explications, mais qu'est ce qu'il vous a pris? Ce sont les White Snake. Pas n'importe qui.
- Je sais, lui dis-je. Qu'est-ce qui va se passer maintenant?
Je le regarde se diriger vers la porte, il l'ouvre et un homme à la veste en cuir entre. Les cheveux courts, bruns, la peau assez pâle, les traits tirés, marqués par des années d'excès.
- Je suis Jackson Woody, le président des White Snake.
Je me fige, mais qu'est-ce qu'il fout ici?
- On ne va pas porter plainte contre vous deux, mais on a trouvé un arrangement que tu ferais mieux d'accepter vu ton casier.
- Je pensais que mon casier était privé.
- Il l'est, me dit le shérif.
- Ça dépend pour qui... dis-je entre mes lèvres.
- Donc reprenons, me dit Woody sans me quitter des yeux. On ne va pas porter plainte contre vous, mais on ne va pas laisser passer non plus. Ce qui veux dire que vous allez travailler pour nous. C'est une sorte de travaux d'intérêt général. On n'a pas encore parlé du nombre d'heures, mais ça ne sera pas une semaine. Tu as commis la pire chose pour un biker. Les réparations vont lui coûter une fortune, cette Harley c'est son bébé. Et, il a la rancune facile. Je te donne rendez-vous lundi à 8h00, et ne sois pas en retard.
Woody quitte la pièce.
- C'est une faveur qu'il vous fait Rose, ne le déçois pas. Allez, rentre chez toi. Aria est déjà partie.
Je souffle. Je récupère mon sac, sors du poste de police et regagne mon domicile à pied. Une fois chez moi, je me change et me mets au lit. C'est une faveur, tu parles!
Le week-end passe vite, je n'ai aucune nouvelle d'Aria. Le lundi matin, je ne sais pas comment m'habiller, puisque je ne sais même pas ce que je vais faire.
Je me retrouve devant le gigantesque portail des White Snake.
- Salut ma poule! me dit Aria.
Je me retourne pour la saluer et la vois habillée d'un petit débardeur et d'un short.
- Tu as vu comment tu es habillée? lui dis-je en souriant.
- Quoi? C'est sexy, non? Et si je peux me taper le mec de l'autre soir, ça serait génial, dit-elle en souriant.
Je lève les yeux au ciel. Le président des White Snake arrive à notre hauteur. La grille s'ouvre et j'ai l'impression de me jeter dans la gueule du loup...
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