Chapitre 29 – des corps en feux
La pièce était emplie de gémissements. Cela faisait un grand nombre de minutes que ces deux corps étaient là, frottant l’un contre l’autre. Dans les premiers temps, Merwan avait réussi à faire prendre des positions qui supposaient un grand immobilisme à son compagnon. Sur le dos à tenir ses jambes s’était enchainé avec sur le ventre plaqué au sol puis en cuillère sur le côté. Ça avait déjà été moins évident, mais Leyn tenait de moins en moins en place. Ses bras semblaient avoir besoin de le tirer à lui, de le caresser de partout, de pincer sa peau, de le saisir. Sa bouche cherchait à l’embrasser. Il se tortilla contre lui au dernier coït pour renverser la situation.
Les pupilles de l’oméga étaient totalement dilatées. Il n’était plus maître de ses envies mais totalement débridé par le contact de son alpha. Et il produisait bien assez d’odeurs pour rendre Merwan tout aussi fou de désir. Son alpha l’électrisait en chuchotant son prénom presque continuellement comme pour rester connecté à la réalité.
L’envie se fit plus forte et Leyn remua encore. Son entrée palpitait avec détresse, il avait tellement besoin d’être rempli. Il couina devant la force de son besoin, et sans la moindre réflexion il saisit l’épaule musclée de son alpha. En tirant dessus, il arriva à se redresser par-dessus le grand corps sur lequel il s’abattit tout aussi sec. Ses bras encerclèrent son cou et sans même qu’il n’y prenne garde, sa gorge si sensible et odorante, vient se coller à la muselière de Merwan, le plongeant encore plus loin dans l’envie. L’alpha grogna et ses reins se mirent à bouger tout seul sans qu’il n’y puisse rien.
Leyn chevauchait totalement son compagnon, entre ses cuisses il saisit le sexe douloureusement chaud de l’alpha pour le placer tout contre son entrée. Il s’abaissa dessus, l’enfonçant dans ses entrailles avec un soupir de soulagement. Merwan remua prit entre deux émotions contraires. L’envie et un début de panique. Leyn soigna cette dernière en se glissant tout contre l’oreille de son alpha et en lui chuchotant des mots d’amour.
Sans aucune forme de maîtrise, Leyn creusa les reins, cambrant, puis renversa ses hanches pour venir entrechoquer l’autre corps. Il accéléra peu à peu le mouvement pour adopter un rythme rapide et sauvage jusqu’à ce que son corps ne cède en une jouissance violente. Comme à chaque fois, la masse gonfla en lui les nouant, le forçant à l’immobilité. A chaque jouissance, Merwan lui paraissait un peu plus gros, un peu plus imposant, un plus… définitif. Merwan l’envahissait et s’installait dans son corps.
- Oh… couina-t-il.
- Leyn… Leyn… continuait à chuchoter l’alpha.
A chaque jouissance, son bulbe restait enflé un peu plus longtemps encore et il fallait maintenant un long moment pour qu’ils ne se libèrent. Leyn embrassa ses pommettes, contournant la muselière pour profiter de sa peau chaude. Merwan mordait allègrement l’objet prit par l’envie, terrassante, de plonger ses crocs dans la peau de son compagnon pour le réclamer.
- Leyn…
- Tout va bien… murmura l’oméga en reprenant doucement ses esprits.
Entre chaque coït, grâce à ce nœud qui le remplissait si besoin, il reprenait un peu de lucidité et pouvait gagner un petit instant de pause. Leurs corps étaient épuisés malgré tout, mais ça aurait assurément pu être pire. Depuis ses toutes premières chaleurs, c’était la première fois que c’était aussi bon, aussi doux et aussi calme. Là, tout contre sa bouche, il se demanda ce que ce serait lorsqu’il permettrait à son alpha de le marquer. Les crocs en lui le blesseraient, il ne pourrait en être autrement, mais au-delà de ça, les hormones l’envahiraient totalement et le ferait jouir, encore et encore. Il avait étudié la question lorsqu’il était jeune, plus pour le prévenir d’éviter ce genre de contact qui le lierait bien trop intimement avec un alpha qu’autre chose. Merwan remua, rester immobile sous Leyn était très difficile mais son propre sexe le bloquait.
- Tu es merveilleux. Chuchota l’oméga le figeant totalement.
Personne ne lui avait jamais dit ce genre de chose. Tremblant légèrement, il amena ses doigts entre eux, tâtonnant l’entrée du corps de son compagnon. Leyn était étiré comme jamais, humide, très bien lubrifié mais distendu. La pulpe de son doigt se posa sur le muscle contracté et le caressa doucement. Ce nœud, ce contact, c’était une promesse. C’était tout ce qui séparait ce moment des autres. Merwan haleta et appuyant sur l’anneau qui l’entourait, il provoqua une petite série de soubresauts internes.
Laissant ses doigts l’explorer encore plus en avant, il rencontra sa petite verge tendue et quémandeuse. Il la caressa un instant faisant presque pleurer d’envie son compagnon. Dans le ventre de l’oméga, à chaque contraction, une dose supplémentaire de sperme était injectée, l’emplissant encore plus si c’était possible. Et ce fut justement sur ce ventre légèrement rond que les doigts de l’alpha vinrent se poser arrachant un nouveau gémissement à Leyn.
- Est-ce que ça va ? lui demanda Merwan doucement.
La question bouleversa Leyn qui l’embrassa encore et encore avec dévotion mais aussi avec amour. Il l’embrassait encore lorsque le nœud fut assez fin pour que son corps ne l’expulse, laissant son intimité ouverte, incapable de se contracter. Sans attendre et l’embrassant encore, Leyn lui murmura :
- Faisons une pause d’accord ? Je pense que tu nous as bien accordé… dix minutes. Au moins.
Merwan acquiesça, c’était la première fois qu’il s’était retrouvé à ce point-là en dessous sans déraper. Le fait d’être au sol, sur une simple couverture, aidait énormément mais c’était surtout grâce à Leyn. Néanmoins lorsqu’il se pencha sur lui, l’encadrant totalement, une bouffée d’angoisses le prit.
- Tu veux bien m’aider ?
L’alpha l’observa, les yeux écarquillés et il resta un moment immobile avant de comprendre ce qui était attendu de lui.
- Tu es sûr ?
- Pour dix minutes oui. Je te fais confiance.
Tirant sur ses abdominaux fatigués, il se redressa, collant son visage au torse doux de son oméga. Dans le même temps il appuya sur l’arrière de la muselière, laissant Leyn observer les mécanismes, réarranger ses doigts et finir de déclencher le verrou. Il lâcha d’un seul coup, détendant les lanières et lui arrachant un soupir de soulagement. Retombant en arrière, il finit de se dégager de l’engin de torture.
Leyn tremblait, épuisé et il peinait à se redresser totalement pour aller leur chercher des victuailles. Entre ses jambes, une bonne quantité de sperme glissait mollement venant maculer ses cuisses. Merwan n’était pas en bien meilleur état, mais ils se sourirent tranquillement. Le panier contenait tout ce dont ils avaient besoin et mieux encore. Leyn savait que c’était là, mais il dut le chercher un petit moment, le tube était fin après tout et le panier très bien rempli.
Il le sortit victorieux avec un immense sourire. Ce n’était presque rien mais il y avait tenu et il était heureux d’y avoir penser. Porter une muselière pendant aussi longtemps n’était pas bon. Il ouvrit le tube de pommade, en posant une noisette sur son doigt et tranquillement il vint l’apposer sur la commissure des lèvres de son alpha. Il lui offrit un massage doux, délicat et tendre et lorsqu’il s’arrêta, il fut surpris de se rendre compte qu’il souriait. Sans pouvoir s’en empêcher, Leyn se redressa et posa ses lèvres sur celles de Merwan. Elles avaient le goût de la crème, mais derrière, derrière c’était bel et bien lui. Son goût, son odeur, sa douceur, son choc aussi lorsqu’il entrouvrit ses lèvres surpris et puis sa langue, lorsqu’elle accepta de frôler la sienne. Le baiser s’arrêta presque aussitôt.
- Nous devrions manger un peu…
- Oui… répondit l’alpha si doucement que son compagnon l’entendit à peine.
Manger leur fit pourtant du bien. Les chaleurs allaient s’intensifier d’heures en heures, ce serait de pire en pire jusqu’à ce que Leyn ne leur accorde plus la moindre petite pause. A ce moment-là Merwan tenterait peut-être d’arracher la muselière pour le mordre. Ce ne serait pas une mauvaise nouvelle, cela signifierait qu’il se comportait normalement et qu’il n’avait pas déraillé et basculé dans une réelle agressivité. Loin de ces pensées, Merwan croqua dans un bout de brioches, savourant le fait de pouvoir manger solide.
- Si tu veux changer… de modèle… c’est encore possible.
L’alpha ne comprit pas immédiatement les mots de son compagnon, mais il finit par réaliser qu’il parlait de la muselière. Il pouvait en sélectionner une autre. Tout en secouant la tête pour montrer que ce n’était pas nécessaire, il reprit le matériel et entreprit de le réenfiler. C’était plus simple à mettre qu’à retirer, mais Leyn l’arrêta.
- Attend. Une seconde… Je voudrais… J’aimerais que nous nous embrassions.
- C’est dangereux.
Leyn lui offrit un sourire et se pencha près de lui. Leurs lèvres se rejoignirent en douceur. Celles de l’alpha était tellement tentante. Leyn en savoura la texture et fut si surpris de sentir rapidement la langue quémandeuse de son alpha qu’il lâcha un petit soupir sous la montée d’envies. Sa propre langue alla la rejoindre pour la caresser avec tendresse. Elles s’enroulèrent l’une autour de l’autre, explorant leurs textures respectives. Lorsqu’ils se séparèrent enfin, ils étaient à bout de souffle et une brusque bouffée d’hormones fit reculer Merwan. Il allait mordre son compagnon s’il ne se rééquiper par immédiatement. Sans attendre une seconde, il saisit la muselière, mordit dedans, et saisit le mécanisme de fermeture. Il était encore en train de le tourner lorsque Leyn atterrit sur ses genoux pour venir embrasser son visage, puis son cou, le mordillant amoureusement.
Dès que ses doigts lâchèrent les rouages, il rattrapa son oméga, son corps fin était bouillant et remuant. Sans attendre, il le cloua au tapis sans parvenir à l’empêcher de se tortiller entre ses bras. Les pupilles de son compagnon étaient totalement dilatées, de sa bouche entrouverte s’échappaient des halètements pressés et tout son corps se tendait vers lui. Leyn voulait le prendre. C’était si net et si violent que Merwan le garda au sol un instant avant de céder aux pulsions violentes qui l’habitaient tout en mordant dans la muselière de toutes ses forces. Leurs corps s’emboitèrent sans aucun effort et sans attendre, il lança ses hanches dans une danse endiablée. A chaque coup, leurs chaires s’entrechoquant produisirent un bruit mat et chaque retrait, un bruit humide se fit entendre derrière les gémissements choqués et les râles de plaisirs. Le rythme augmenta assez lentement mais bientôt, il n’y eu plus que ça. Leyn le mordit, enfonçant ses dents dans l’épaule de son amant alors que ses ongles lui ravageaient le dos. La crise était arrivée plus vite qu’il ne l’aurait cru possible, mais elle le conduisit également bien plus haut que ce qu’il avait pu expérimenter.
- Plus… Plus… cria-t-il, choqué par la force de son envie.
Merwan accéléra encore un peu le mouvement, tapant dans son fondement et l’ouvrant comme jamais. Le plus petit couina, chouina légèrement et chercha à approfondir encore davantage la pénétration. Alors qu’il parvenait, malgré la position, à mettre un coup de rein vers l’alpha, Merwan poussa un gémissement roque. Son corps repartait à jouir. Sans attendre, il saisit le sexe de son oméga et appliqua quelques mouvements secs dessus tout en glissant son pouce le long de son gland et aussitôt, Leyn éjacula à son tour, criant alors que l’intérieur de son corps palpitait sur le pénis épais.
Il continua à jouer avec ce petit sexe, se régalant des mouvements autour de son nœud enflé et de l’air profondément ébranlé de Leyn. La jouissance l’avait laissé un peu hébéter de par sa violence et ce contact intime continuait de le refermer sur le sexe de son alpha, le modelant à ses formes, le changeant peu à peu. S’il le savait intellectuellement, il avait à présent l’impression -peut-être erronée- de le sentir.
Sans aucune pitié, les doigts de Merwan continuèrent à jouer avec le corps de son amant pinçant ses tétons, caressant son gland et bientôt, se glissant entre leurs corps pour sentir son propre nœud à travers les chairs fines. Après un instant d’hésitation, il laissa son index caresser cette partie délicate qui les conservait ensemble. Il avait envie de rentrer dedans. Observant attentivement les traits de son amant, il poussa sur son doigt, faisant légèrement bouger son bulbe gonflé. Il joua un moment avec l’élasticité toute relative de son anneau de chair et fut surpris lorsque Leyn jouit à nouveau de cette seule caresse.
- Magnifique… marmonna Merwan tout en poussa encore une fois sur leur lien.
Son nœud désenflait lentement et il continuait de pousser. Bientôt, il put laisser entrer son doigt ce qu’il fit sans la moindre vergogne, allant caresser et un peu malmener cette antre angoissante. Leyn couina un peu choqué et s’accrocha de plus belle à ses bras forts qui l’encadraient sans aucune difficulté.
- Ah… Ah ! cria-t-il alors que son compagnon trouvait sa prostate et commençait à la stimuler.
La vague de chaleur qui s’abattit sur eux les surprit. C’était sans doute le moment le plus violent de toute cette crise. Merwan courba sous sa puissance. Son sexe et l’un de ses doigts était encore dans son anus lorsque son nœud enfla de nouveau sans avoir besoin de la moindre stimulation supplémentaire. Le manque de place les fit crier tous les deux. Merwan conserva son doigt, à moitié recourbé, volant une partie de la place à son sexe triomphant : c’était tellement bon.
Leyn ne fit que crier, incapable de prononcer la moindre phrase censée. Lorsque son amant joua encore avec les pourtours de son corps, il cria et jouit avec force. Un soupçon de lucidité le traversa, lui faisant prendre conscience qu’il n’allait faire que ça durant quelques jours, jouir avec Merwan. Leyn soupira, épuisé, endoloris et pourtant toujours excité. Son alpha le comblait pleinement et sans même y réfléchir, perdu dans un océan de plaisir, il cria :
- Je t’aime !
Tout contre lui Merwan grogna, ferma si fort la mâchoire que la muselière craqua et le serra entre ses bras comme le plus précieux des trésors.
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