Chapitre 37 - je te veux
Le programme d’amélioration de vie était un franc succès. Merwan pouvait le voir au nombre d’alpha qui faisait des activités étranges comme rester assis, simplement, dans une salle pendant que leurs omégas assistaient à un cours ou encore manger avec eux au réfectoire. Plus étrange ou en tout cas moins attendu, Saarf avait également reçu davantage de demande pour venir en zone commune de temps à autre. L’idée mettait Merwan particulièrement mal à l’aise, mais cette liberté de choix était le plus important. Tous les alphas n’étaient pas comme lui, ils n’avaient pas les mêmes aspirations, les mêmes craintes, les mêmes volontés. Mais peut-être qu’un jour, un jour lointain encore mais un jour tout de même, chacun d’entre eux seraient respectés.
Merwan frémit, l’odeur des chaleurs de son compagnon se faisant de plus en plus forte mais il tenta de rester concentré sur sa tâche. Il avait quelques dossiers à terminer avant de pouvoir disparaître plusieurs jours sans que rien ne manque. Il rendit rapidement son avis sur trois présentations tardives. Ce n’était qu’une formalité mais les omégas aimaient avoir son avis et ils rapportaient que cela semblait rassurer les alphas également. L’odeur s’intensifia et dans son dos Leyn poussa un petit soupir. C’était le grand jour. Merwan ferma le dossier, le posa dans le bac d’envoi qui donnait directement sur le couloir et ouvrit le suivant qu’il parcourut plus rapidement encore. Un alpha de trente-deux ans, condamné à des travaux forcés très brutaux, qui demandait pour amélioration de vie le droit à un jour de pause par mois… Il soupira et posa le dossier dans une autre pile. Les demandes insuffisantes à ses yeux entraînaient toujours une enquête supplémentaire pour vérifier les motivations exactes de l’alpha et pour s’assurer qu’il comprenne correctement ce qu’il pouvait demander. Plusieurs autres alphas avaient demandé à le rejoindre. Il en avait déjà vu deux et il avait commencé à voir un peu ce qu’il pourrait leur apprendre. Malheureusement dans ce qui était devenu son métier, savoir lire et écrire était simplement obligatoire mais peut-être qu’avec des secrétaires bêtas, ils pourraient parer à ce problème ? Les pistes étaient à l’étude. Les chaleurs se firent assez fortes pour que Leyn s’approche et lui caresse le cou tout en murmurant :
- Maintenant.
- C’est un ordre, monsieur l’oméga ?
- Oh non… Juste un compromis. Maintenant ou je te saute dessus très cher alpha.
Merwan répondit d’un sourire. C’étaient les troisièmes chaleurs de Leyn depuis qu’ils se connaissaient et depuis, leur sexualité était devenue beaucoup plus facile et épanouie. Leyn avait déjà pris sa contraception. Ils ne parlaient pas encore de faire des enfants et ils n’en parleraient sans doute jamais. Par contre, son oméga avait décidé de lui offrir quelque chose de très particulier.
Dans un mouvement vif, Merwan se retourna, saisit son compagnon et le souleva jusqu’à ce qu’il enroule ses jambes autour de lui. Aussi simplement que ça, il le porta jusqu’à leur chambre en l’embrassant. Leyn portait encore quelques vêtements qui fallut enlever. Les caresses, les mots doux, les préliminaires… rien de tout cela ne fut permit par le besoin urgent qui pulsait dans leurs veines.
Il ne fallut que quelques secondes et des vêtements à moitié arraché pour que le sexe imposant de Merwan ne pénètre l’antre douce de Leyn. Ils s’arrêtèrent en gémissant de concert sous la sensation d’être enfin complet. Et là, avant tout autre mouvement, ils se permirent de s’embrasser, liant leurs langues dans un ballet tendre et complice.
Ce fut Leyn le premier qui remua pour intensifier le frottement à l’intérieur de lui sans pour autant rompre leur baiser. Les pressions délicates le long de ses chairs intimes embrasaient ses reins, le rendant brulant. Sans pouvoir se retenir, il se pencha pour mordiller son cou, goutant sa peau et en savourant la texture tendre. Il tira sur sa chemise pour continuer de le dénuder, il voulait sa peau nue et sa chaleur tout contre lui.
Merwan fut sans pitié, l’arrachant à son corps malgré les gémissements d’envie pour le projeter sur le lit avant de se réenfoncer en lui dans un grand mouvement fluide. Il adorait ça. Partir, revenir, sentir cet anneau délicat coulissait le long de son gland. La majorité de ses angoisses étaient parties avec le temps et avec les petites attentions de son compagnon. Leyn avait fait tellement attention, pendant tellement longtemps. Il refit un long mouvement, la jouissance montait tranquillement et les odeurs des chaleurs n’allaient pas lui permettre de tenir beaucoup plus longtemps.
- Tu es sûr ? lui demanda-t-il.
- Absolument certain. Je te veux. Murmura Leyn entre deux gémissements.
Je te veux. L’incendie de désir reprit de plus bel et à ces mots, Merwan jeta ses hanches vers l’avant plusieurs fois d’affilés, percutant son oméga avec force. Leyn couina et entre eux, son sexe durcit montrant tout son désir. Poursuivant sur le même rythme rapide ses coups de butoir, il se pencha peu à peu sur lui observant ses traits délicats. Leyn gémissait sans discontinuer et ses doigts s’étaient à moitié plantés dans son dos. Merwan aurait aimé lui dire « je te veux aussi » mais les mots restèrent coincés, quelque part dans sa gorge. Ça n’avait aucune forme d’importance puisqu’il allait le lui montrer.
Il fit très attention à la manière dont il bougeait, pour ne pas jouir avant que Leyn n’explose. Cela finit néanmoins par arriver, assez rapidement même. L’intérieur de son corps pulsait et malaxait ses chairs. Il resta solidement planté contre ce tempo rapide, ce qui le fit jouir à son tour avec abondance. Son sexe enfla fortement se nouant à son corps et dans le même temps, il laissa sa tête retomber contre l’épaule fine de l’oméga et le mordit.
La peau était fine et délicate entre ses dents. Elle ne tarda pas à se déchirer. Le sang macula sa bouche mais il serra encore un peu plus fort, obéissant uniquement à l’instinct. Ce fut ce même instinct qui le poussa à tirer sur ses reins, faisant coulisser un peu l’énorme masse qu’il avait installé dans son compagnon avant de se rejeter en avant pour se planter plus profondément encore. Leyn cria. Le rituel antique était presque achevé. Il sentait tout son corps s’adapter à son alpha et pour la première fois de sa vie, il se sentit pleinement à sa place, totalement relaxé. La morsure n’était déjà quasiment plus douloureuse, scellée par le venin de Merwan.
Ils restèrent dans cette position un très long moment, d’abord essoufflés et tremblotants, puis simplement noués. Alors ils s’embrassèrent, se cajolèrent et se murmurèrent des mots d’amours. Tant pis si ça ne se faisait plus. Tant pis si ça semblerait étrange. Leyn avait ressenti le besoin de se lier le plus intimement possible à son alpha. Et Merwan était ravi de pouvoir se laisser aller à ses instincts, ne plus lutter contre sa sexualité mais la suivre et la savourer.
Son nœud était toujours un peu trop épais, mais plus assez pour lui faire mal s’il remuait, alors Merwan recula peu à peu les hanches, tirant sur l’anus de son partenaire qui poussa une petite série de cris délicieux. Puis il replongea en lui et recommença, jusqu’à ce que le corps de Leyn lui permette de sortir. Cela fit un bruit un peu étrange et Leyn couina. La brutalité apparente avait pourtant nourri son érection. Au fur et à mesure, ils avaient découvert ensemble que Leyn pouvait aimer que les choses soient un peu rudes et Merwan adorait ça également, il se sentait toujours un peu plus en contrôle. Jouer avec le corps de son partenaire, lui tirer un couinement, le faire fondre de plaisir… Ce n’était pas juste subir. C’était bien plus que ça.
- Encore… s’il-te-plait.
L’alpha lui fit un sourire éclatant et se jeta en lui à nouveau. Il allait le remplir de sperme se dit-il en souriant tendrement. Il caressa les côtes de son ami, remonta jusqu’à ses tétons durcit et les pinça doucement. Le corps frêle lui répondit en se contractant autour de lui et en gémissant. Il recommença et l’embrassa, étouffant le petit cri qu’il poussa. Lorsqu’il reprit les va-et-vient puissant, Leyn cria pour en avoir plus puis, perdu loin dans le désir il le supplia de le mordre à nouveau.
Les coïts violents s’enchainèrent avec des lents moments doux, où ils se caressaient avec tendresses allant jusqu’à masser les muscles les plus contractés. Par moment, les chaleurs les rattrapaient, les faisant agir avec urgence mais chacun de leurs gestes montraient, encore et encore, à quel point ils avaient appris à s’aimer.
C’était là, perdu dans les bras de son alpha, la gorge dévoilée, offerte à la morsure, que Leyn repensa à leur toute première rencontre. Ils en avaient fait du chemin. Si on lui avait dit… Il ne l’aurait pas cru. Comment aurait-il pu penser qu’un jour il serait là, immobilisé sous le corps puissant, du sperme tâchant son ventre et ses boyaux, à hurler : « Je t’aime » ? La pensée le fit sourire et il le répéta.
- Je t’aime.
Sa voix était douce. Celle de Merwan également lorsqu’il répondit :
- Moi aussi je t’aime.
Et c’était simplement vrai.
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