Un être, deux combats
C’est une chose dont on n’a pas vraiment envie de parler… Et même d’y penser. Ah, mais je suis comme tout le monde ! On se berce d’illusions, de chimères, de croyances puis, le jour J est là. Le doute s’installe, s’immisce dans votre vie comme une ombre qui s’invite à votre table. Le jour, la nuit, tout se mélange, on combat cette idée de n’être plus rien après. Et y-a-t-il seulement un après ? Peut-être qu’il n’y a rien, un néant, vous n’existez plus, votre être n’existe plus. Vous ne serez plus là, pour vos enfants, vos proches.
J’ai signé, voilà, c’est fait : sédation longue, pas d’acharnement. Ai-je bien fait ? Je ne sais pas, d’ailleurs, je ne sais plus. L’ombre est là, chaque instant, je doute, je ne sais plus à quoi me raccrocher. On se croit immortelle, intouchable. Vraisemblablement, nous ne le sommes pas. La chair est fragile, mais ça, on ne le sait que trop tard.
Je viens de torturer encore quelques uns de mes personnages, les faire souffrir, comme j’aime le faire quand tout va mal. De toute façon, eux, je peux les ressusciter ! Pas moi !
Parfois, je perds confiance et j'ai jenvie de tout abandonner. Mais il faut gérer l’après.
Le moment où tout sera fini. Des projets ? Il n’y en a plus. Ma signature a effacé le peu que je m’imaginais.
Je me suis arrêtée devant le funérarium, mais je n’ai pas eu le courage d’entrer. Une petite lumière me disait : non, ce n’est pas fini ma belle. Tu as encore des ressources, ne fléchis pas, pas maintenant. Les derniers résultats sont plutôt bons, alors pourquoi entrer ?
J’ai regardé longuement la vitrine, tout ça n’a pas de sens.
Et puis, l’envie de se battre résonne encore plus fort ! Une certaine hargne qui nous prend aux tripes, nous envahit de colère, de haine. Cet horizon se déplie, il y a encore tant de choses à faire. Un projet, voilà ce qu’il me faut. Je vais courir, voilà ce que je dois faire, avaler ces putains de quatre kilomètres.
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