IV. Le Retour de la Comète
Petit rappel historique : en 1806, l’Empereur d’Autriche François II avait renoncé à la dignité de Souverain du Saint-Empire Romain Germanique, et la dynastie des Habsbourg reconnaissait officiellement n’avoir plus aucun droit sur la dette vaticane contractée en 1519.
Au printemps 1903, le Chancelier Krogius, Grand Argentier du Kaiser, réussit brillamment son entrée dans l’Histoire en convainquant Guillaume II de Hohenzollern de reprendre à son compte la créance autrichienne.
« Malédiction ! » s’écria Léon XIII, dont ce furent les dernières pieuses paroles.
À peine le Pape inhumé en hâte, de nuit, pour éviter la colère du bon peuple de Rome, le Cardinal Dalla Piestra prit fermement en main le gouvernail de l’Eglise, en deux temps.
Deuxio : le krach de la Banque de l’Esprit-Saint que la politique pro-autrichienne de son Directeur menait au désastre, était évitée de justesse grâce aux mesures drastiques prônées par feu Léon XIII et appliquées avec énergie par Dalla Piestra.
La cote de l’Evêque Corona ayant amorcé une courbe analogue à celle de la couronne autrichienne, Dalla Piestra obtenait pour Monseigneur Corona l’élévation à la dignité d'Archevêque de Tunis, une véritable disgrâce pour celui qui était le prélat le plus riche et le plus influent de la Chrétienté avant la chute des Habsbourg, et dont la succession au Trône de Saint-Pierre semblait désormais fort compromise, exilé en plein désert de Tunisie.
La dernière épine qui tourmentait l'orteil de Son Éminence devait y rester encore longtemps.
Bien que l'érection sacrilège du monument idolâtre Place Saint-Pierre soit source d'une indignation grandissante dans Rome, l’Italie et de proche en proche toute la Chrétienté, sa démolition fut reportée sine die. La fragilité des finances pontificales et les frais du futur Conclave empêchaient de porter au budget de 1903 le coût du démantèlement de cet étrange chef-d’œuvre de la statuaire religieuse.
D'autre part, les dépenses effectuées pour l'édification du monument en question avaient été par erreur imputées sur une section budgétaire du Ministère de la Guerre, officiellement destinée au ravitaillement des armées autrichiennes encerclées en Bosnie-Herzégovine.
Ce qui faisait du Veau d'Or la propriété inaliénable de l'état italien, bien que situé en terre vaticane.
Monseigneur Dalla Piestra apporta une solution élégante à cet imbroglio politico-religieux : l'édifice profane fut consacré en grande pompe comme monument aux soldats italiens morts pour l'Empire autrichien durant la retraite de Bosnie.
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