Venedig Bei Nacht
Pour rembourser la fabuleuse dette vaticane, Clément XV, aux abois, ressuscite la République de Venise et place à sa tête Domenico Pontecorvo, un rejeton naturel qu’il n’avait jusqu’ici réussi à caser. Le nouveau Doge, bel éphèbe sans cervelle est dépourvu de sens politique et totalement dévoué à son père.
Puis, le Pape remet l’Adriatique à l’heure de Campoformio et proclame l’annexion de la nouvelle république à l’Empire d’Allemagne. Le temps pour les comptables de Krogius d’évaluer la valeur marchande de l’inestimable Venise, enrichie des artefacts impérissables de Vatican-Bis, Clément XV s’employa à instruire son fils Domenico dans l’art difficile de gouverner une république fantoche sous la tutelle financière de créanciers avides. Après avoir signé le traité de Leoben qui consacrait le rattachement de Venise au Reich, le Pape prit congé de la société vénitienne, dont le chagrin sincère surprit le coeur blasé du tortueux diplomate. Clément XV regagnait Rome avec sa cour, les mains vides et l’âme froissée, après avoir contemplé une dernière fois le soleil se coucher derrière le dôme prestigieux de la Basilique de Porto Marghera.
Le Saint Père quittait Venise sans remarquer combien l’air de la lagune s’était chargé d’effluves nouveaux. Wolfram von Rosen venait de gagner la 2ème manche qui l’opposait à son concurrent von Kohl pour la mainmise sur l’espace commercial italien. Le « Bibendum-Addendum » de Leoben réservait le monopole de la distribution des boissons fermentées à la puissante ROSENBRAU sur l’étendue de la nouvelle république. Des burgerbraukellern surgissaient à tous les carrefours et la bière allemande coulait à flots.
Venise s’endormait chaque nuit sous les flonflons monotones des orchestres bavarois placides et disciplinés.
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