La Valse des Lieux-Saints
Ali Pacha ne rentrait pas à Istanbul avec le seul souvenir d’une fougueuse bordée dans le Palais Episcopal de Carthage. L’ambassadeur turc avait obtenu la levée de l’embargo clémentiste sur le sable africain auprès du Cardinal.
Finzi avait cédé de mauvaise grâce, mais il ne pouvait rien refuser à sa nièce qui avait plaidé avec éloquence la cause du bel Ottoman. Outre un petit mouchoir de batiste délicieusement parfumé, Ali Pacha ramenait comme trophée un traité qui valait son pesant de sable. Signé à Gabès, il assurait à l’Empire ottoman le commerce exclusif de l’or blanc, Ainsi appelait-on le silicium saharien, plus pur encore que celui de Tunisie. L’Iman Ahmed Fouad décédé suite à une décapitation fortuite, son décret devenait lettre morte.
Soliman III, qui n’était pas ingrat, rendit la politesse au Cardinal-Prince de Tunisie et fit déclarer nul par l’assemblée des Ulémas, libérés d’Izmir pour la circonstance, le traité infâme qui abandonnait aux Chrétiens la Palestine ottomane. A peine le traité « Jerusalem Liberata » annulé au terme d’une courte dispute coranique, le Sultan fit enfermer derechef le haut clergé musulman pour rétrocéder illico les Lieux-Saints à l’Archevêque de Tunis.
En 24h Jérusalem était passée du Reich germanique à la Principauté tunisienne. La Palestine de nouveau turque fut bientôt submergée par les cavaliers du 33ème Sipahi d’Anatolie. Don Juan de Hohenstaufen constata alors la minceur des effectifs du corps expéditionnaire allemand, qui dut faire retraite dans l’enclave d’Haïfa, dernière parcelle du Reich en Méditerranée.
Après Venise, le Léontisme triomphait d’un bout à l’autre de la Mare Nostrum. Toute la savante politique de Krogius qui avait misé sur Clément XV s’écroulait comme un château de cartes.
Quel atout le Chancelier machiavélique détenait-il encore dans sa manche, pour continuer d’arborer un sourire satisfait dans un Vatican en pleine déroute ?
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