Les Méfaits du Tabac (Bis)
Par 38° de latitude nord et 8° de longitude est, le Général-Comte Archibald de Pélissieux rencontra son destin. Parti à Noël de Marseille à la tête de la rutilante Vème Flotte, il doublait le cap Spartivento le 31 décembre 1905 à minuit.
Pélissieux célébra la St-Sylvestre avec son équipage par une bombe mémorable.
Pour affronter Clermont-Roulis, l’Amiral-Comte avait imposé à la Ve Flotte, la progression en file indienne inspirée de ses tirailleurs sénégalais.
C’est dans cette formation de combat inédite que les cuirassés de Pélissieux rencontrèrent la IVe Flotte impeccablement déployée de face, qui prit l‘initiative de la 1ère salve… et de toutes les autres, tirées en ce mémorable 1er janvier 1906.
Les réflexes engourdis par un Nouvel-An trop arrosé, aucun artilleur ne parvint à son poste.
Les vaisseaux de la Ve sautèrent joyeusement comme des bouchons de champagne, et l’INTREPIDE, la GLORIEUSE, la CAPITEUSE et la GRANDE FOLLE sombrèrent avec grâce dans un pétillement de bulles de mazout.
Le Vaisseau-Amiral sauvait l’honneur en tirant le seul obus français, avant de se désintégrer, frappé par un obus dans la soute à munitions.
Le projectile solitaire termina sa course à quelques encablures du REDOUTABLE, qui gîta légèrement sous l’effet du remous, et ce fut la fin de Pélissieux et de la Ve Flotte.
Le seul dommage causé à l’escadre victorieuse fut le bris d’une petite tabatière en porcelaine de Chine, oubliée par Donatella lors de son séjour dans le petit boudoir mauve. Le délicat objet chut aux pieds de l’Amiral.
Clermont-Roulis, allergique au tabac à priser, fut pris d’une crise d’asthme persistante qui le mena au bord de l’asphyxie.
C’est dans un état désespéré que l’Amiral vainqueur fut ramené à Tunis.
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