Donatella est propriétaire du Vatican et le Pape ruiné, ses ambitions anti-schismatiques réduites à néant. Que peut un Pape ruiné et dépourvu de doctrine universelle ?

Alors, Don Juan prit la parole et, à l’étonnement général, demanda au Pape de bénir son union avec Donatella, rose de surprise et d’émotion.

Krogius vacilla sur sa cathèdre. Ce mariage contraire aux intérêts du Reich donnait le coup de grâce à sa fortune politique chancelante.

Don Juan, tiré du néant par le Chancelier, échappait de ses mains pour mener sa vie propre. S’il échouait cette fois, un exil au Liechtenstein attendait le dignitaire impérial au bout de la route.

Pour la 3ème fois, le représentant du Kaiser brandit la note de frais impayée du Vatican pour l’élection de Charles Quint, dont avaient hérité les Hohenzollern depuis 1806, quand François II de Habsbourg renonça au titre d’Empereur du Saint Empire de la Nation Germanique.

François II laissait ainsi aux Hohenzollern la dette vaticane dont avait hérité Charles Quint, pour qui, après avoir dépensé près d’un million de florins, les 40.000 couronnes impayées du Pape Léon X n’étaient qu’une goutte d’eau.

Laquelle goutte d’eau, augmentée de 385 années d’intérêts de retard cumulé au taux de 12,5%, s’élevait à présent à deux cent mille milliards de mille milliards de deutsche marks, dette dont héritait à présent Donatella, propriétaire en titre du Vatican.

Don Juan pâlit, Clément XV reprit des couleurs.

Quand Krogius, après avoir fait majestueusement le tour de la table, présenta le vénérable parchemin de 1519 scellé aux armes des Fugger, il se fit un grand silence. Le Monde retint son souffle.

Donatella choisit la simplicité : d’un geste nonchalant plein de grâce, elle balança le parchemin dans les bûches du foyer.

Deux cent mille milliards de mille milliards de marks disparaissaient en fumée.