Chapitre 5
Je tourne le dos à monsieur Horribilus, qui n’a jamais aussi bien porté son nom, et je m’éloigne à grands pas.
Je marche quelques kilomètres et le visage des spectateurs sur les bancs en bois me hante. Il faut que j’oublie, de toute façon je sais avec certitude que je vais voir bien d’autres choses épouvantables. Dans ce Nouveau Monde, je devrais bien m’y faire… pas le choix. Au loin j’aperçois un oasis. Je cours, jusqu’à y trébucher, et bois allègrement l’eau fraîche, tout en m’abritant sous l’unique palmier. Je dois m’assoupir quelques instants car un étrange bruit me sort de mon semi-sommeil. Je crois être encore en train de rêver, une musique lointaine se fait entendre, mélange de grelot et accordéon. Une légère brise se lève, apportant en plus du sable, une odeur de barbe à papa. Puis, je perçois sans doute grâce à un haut-parleur.
"Le cirque Zappeto arrive dans votre ville, admirez nos lions rugissants, nos acrobates sans peur, venez, venez ! "
La sueur coule le long de mon dos, et mon front devient moite. Je me lève difficilement, mes jambes flageolant sous la stupeur.
Un cirque ! Encore !
Non ! C’est trop.
Délaissant mon coin de paradis, je préfère partir de manière précipitée sans un regard en arrière, imaginant des boissons hypnotisantes et des tigres aux pelages lacérés.
Des heures plus tard, je cours sans m’arrêter.
(à suivre)
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