Silencieux comme toujours, je m'enveloppe dans ma longue cape noire. Je rabats la capuche sur mes cheveux d'ébène et disparais sous les plis du manteau. 

Je sors dans la lumière aveuglante du soleil. Ma tenue ne sert à rien ici, mais une fois arrivé elle pourrait faire toute la différence. 

Je marche d'un pas léger et gracieux sur les nuages d'un blanc écœurant. Sous un soleil pareil, la grande cape qui me recouvre ne fait que me gêner. 

Je traverse d'un coup de talon la fine épaisseur des nuages d'un blanc laiteux, m'arrachant enfin à l'insupportable Soleil pour me retrouver sous des étoiles reposantes. 

Ce soir, ou ce jour, je n'ai plus aucune notion du temps, je dois accomplir ma mission. C'est mon travail. Un travail ignoble, que je devrai faire pendant l'éternité, si ce n'est plus...

Je navigue parmi les ombres afin de trouver ma proie, puis je m'infiltre doucement dans la maison silencieuse. 

Comme un esprit, je traverse les parois qui me séparent du jeune garçon étalé sur le matelas. Je m'approche aussi doucement qu'un souffle de lui. 

Je pose mes doigts blanchâtres sur la peau du petit bonhomme allongé. Un long fil gris s'échappe de l'extrémité de mes doigts pour s'infiltrer dans la poitrine du pauvre enfant. 

Et voilà. Mission accomplie. Je viens de programmer le vol de ce pauvre enfant. 

Bientôt, il tanguera. Il perdra l'équilibre. Il mourra. Alors, son cœur me rejoindra docilement. Il me délivrera sa mélodie, la mélodie qu'il cachait depuis si longtemps dans son cœur. Et il se disloquera sous mes yeux... 

Ma longue cape noire vole dans les courants d'air alors que je disparais dans les airs, mes yeux emplis de larmes cachés sous les replis de mon long manteau.