Deuxième Partie

7 minutes de lecture

Avant de lire ce chapitre, je voulais avertir que ce chapitre peut heurter les esprits sensibles.

Bonne lecture :)

Vers ses 4 ans, à première vue Gabriel avait la vie que tant d’autre réclamait. Il était dans une famille plutôt aisée, dans une maison en centre-ville et bien loin d'être modeste. Mais la réalité était complètement différente. La jalousie des autres vis-à-vis de sa vie l’empêchait d’avoir une quelconque compagnie lorsqu’il était à l’école. Gabriel n’a jamais eu d’amis, pas une seule fois depuis lors. Ses « camarades » de classe le frappaient, volaient ses affaires ou encore se moquaient sans cesse de lui sous prétexte qu’il pouvait tout avoir. Après tout les enfants ont toujours su se montrer cruels. Aucun professeur ne daignait l’aider. Ils étaient tous au courant de la situation, seulement ils pensaient que c’était son dû pour avoir le droit aux privilèges qu’il était sûrement censé bénéficier. L’enfant n’avait jamais compris cet acharnement. Il ne comprenait pas pourquoi tout le monde était sans pitié avec lui. Il pensait alors que c’était normal, qu’il n’y avait rien de déplacé à ce qu’ils fassent ça. Quelques fois il venait à l’école avec des bleus, des égratignures et régulièrement plusieurs brûlures. Mais personne ne s’en inquiétait, personne ne lui portait une quelconque intention.

À sa dernière année en primaire, Gabriel fini par se faire son premier ami. Ce dernier était toujours avec lui, ne le quittait jamais. Il adorait jouer avec le garçon. Ils se suivaient partout et Gabriel faisait souvent entrer secrètement son ami chez lui. Étrangement, ses parents ne l’avaient jamais remarqué. Inversement, Gabriel n’était jamais allé chez son ami. Lorsqu’il lui demandait, son ami ignorait sa question et riait en guise de réponse. L’enfant avait alors laissé tomber son idée et profitait tout de même pleinement de son amitié.

Une fin d’après-midi, alors que Gabriel avait encore invité son ami chez lui, son père rentra en trombe dans sa chambre, le traîna au sol pour le jeter dans les escaliers. Le garçon heurta cruellement le carrelage et eut le souffle coupé sous le choc. Son père descendit rapidement les marches pour arriver devant lui. Tandis que Gabriel se faisait rouer de coups, son ami se tenait derrière le dos du père. Il regardait son ami les yeux remplis de larmes, l’implorant de l’aider. Ce n’était pas la première fois que son ami était face à ce terrible spectacle, mais il n’était jamais intervenu. L’affreux personnage remarqua que son « fils » commençait à perdre connaissance, ce qui ne fit qu’amplifier sa haine. Il partit en direction de la cheminée et mit un outil métallique au-dessus du feu.

La mère entra dans la maison et vit Gabriel au sol. Elle le toucha de son pied pour savoir s'il était conscient, et constata que non. Elle passa par dessus lui pour atteindre l’escalier et accéder à sa chambre, sans un regard en arrière. L’ami du petit était toujours près du père, l’observait de près. On aurait dit qu’il prenait note de chacun de ses faits et gestes. Quelques longues minutes passées, le père réveilla Gabriel à l’aide d’un coup de pied au visage. Le petit se redressa et vit quelques gouttes de sang couler sur son pantalon. Encore sonné, il toucha son nez pour constater les dégâts et vit sa petite main teintée d’un rouge flamboyant. Il leva ses yeux et reprit rapidement ses esprits. Mais à peine eut il redressé la tête que son père le traîna jusqu’au salon où il mit un torchon dans sa bouche. Il prit le bout en métal qui était resté au feu et s’approcha de Gabriel. L’enfant n’avait jamais fait face à ça, mais comprenait que ça n’allait pas bien se passer pour lui. Son père prit ses deux mains pour l’immobiliser et releva le bas de son pantalon. Il sourit sinistrement à Gabriel qui essayait de se débattre, en vain. L’outil brûlant se posa sur la jambe de l’enfant qui crut mourir de douleur. Bien que sa voix fut étouffée par le torchon sale, il hurlait à plein poumons. La douleur était telle qu’il ne l’avait jamais connue. Comprenant que ça ne faisait qu’amplifier ses peines il arrêta de se débattre. La chaleur brûla une partie de la chair, laissant une marque rouge vif derrière elle. Le père enleva de sa cuisse l’objet de sa souffrance pour admirer les dégâts. La brûlure continuait de se répandre lentement, mais douloureusement sur la peau brûlée du jeune enfant. Celui-ci était comme sans vie, il fut paralysé par la douleur. Il laissa sa tête se tourner, et vit son ami qui arborait un regard rempli de haine. Malheureusement la journée n’était pas finie, ainsi que les petits « jeux » du père.

Sous le regard sombre du garçon, il balança le fer encore brûlant par terre et partit chercher on ne sait quel outil de torture. Gabriel enleva le torchon de sa bouche mais resta au sol. Quoique habitué à ce genre de traitement, il n’avait jamais connu ce genre de blessure. Il avait déjà goûté aux brûlures de mégots sur les bras, mais jamais de telles. Même s'il avait arrêté d’hurler, il souffrait horriblement. Seulement il savait que s'il faisait trop de bruit ça ne ferait qu’énerver son géniteur. Alors qu’il commençait doucement à fermer les yeux, son tortionnaire revint et le réveilla en frappant sur sa dernière blessure. Gabriel serra tellement les dents qu’elles grincèrent horriblement. De nouvelles larmes s’écrasèrent au sol tandis qu’il se tordait de douleur. L’homme prit le petit garçon par les cheveux et l’emmena nonchalamment dans le garage. Une fois là-bas, il accrocha ses mains à une marche assez élevée d’une échelle afin que celui-ci touche tout juste le sol. Une fois mis ainsi, le père partit simplement. Malgré l’obscurité la plus totale, Gabriel savait que son ami était encore ici. Celui-ci brisa le silence de ses pas contre le sol. Comme si les ténèbres s’étaient installés, il n’y avait aucune lumière dans ce sinistre endroit. Plus que ses bras coincés au-dessus de sa tête, la marche effrénée de son ami le rendait fou. Il essaya de lui demander de le sortir d’ici, mais celui-ci se contenta de laisser le silence répondre à sa place. Gabriel souffrait encore horriblement à la cuisse, il avait réellement besoin de soins. Les minutes passaient comme ce qui paraissaient des heures. De plus en plus, ses bras aussi lui faisaient mal. La corde irritait ses poignets et ses épaules ainsi que ses bras en général avaient grand besoin de relâcher la pression. L’enfant commençait doucement à craquer. Il finit par hurler à son ami de l’aider, de faire quelque chose, il réclamait simplement une attention de sa part. Mais encore une fois il n’y eu aucune réaction. Pour ne pas obtenir au contraire l’attention de son père, il abandonna l’idée de recommencer à hurler à travers la pièce. La marche qui semblait incurable de l’autre enfant s’arrêta, ce qui fit redresser la tête de Gabriel. Ce silence imposant qu’avait espéré le petit était au final bien trop lourd. Il attendait que son ami prenne la parole, mais aucun son ne sortit. Doucement, il finit par parler seul. Il racontait ce que son père lui faisait régulièrement. Il racontait à quel point il avait espéré avoir un ami, et à quel point il était déçu d’en avoir eu un. Il s’expliqua en disant que c’était juste un espoir en plus qui ne menait à rien. Plus il continuait de parler, plus il haussait le ton. Il se stoppa net lorsque son ami prit la parole :

« On se vengera, promis. »

Il n’en fallait pas plus pour que Gabriel se mette à pleurer une énième fois.

**************

Cela faisait plusieurs jours que Gabriel allait à l’école en boitant à cause de sa brûlure. Après que son père l’eut relâché quelques heures plus tard, il s’était déplacé difficilement vers la salle de bain afin de se soigner. Malgré son jeune âge, il avait appris quel produit utiliser en fonction de la blessure. Il apprenait en regardant l’infirmière de son école le soigner lorsqu’il tombait ou qu’il se blessait, tout simplement. Alors chaque soir avant qu’il ne se fasse remarquer, il allait faire le nécessaire pour empêcher une infection.

Comme tous les jours Gabriel allait à l’école accompagné de son ami, qui l’attendait chaque matin devant chez lui. Ce jour-là, ce dernier paraissait bien silencieux. Gabriel ne voulant pas le déranger, il ne lui avait pas adressé la parole du trajet. Ainsi, les deux amis ne s’étaient pas échangé ne serait-ce qu’un mot de toute la journée. Une fois la dernière pause de l’après-midi arrivée, à défaut de ne rien faire Gabriel s’était mis à suivre son ami. Celui-ci s’arrêta et se mit face à l’enfant.

« Si tu veux rester avec moi, venge toi d’abord de ceux qui t’ont fait du mal. »

Gabriel fit de grands yeux et pencha la tête comme signe qu’il ne comprenait pas ce qu’il insinuait. Le mot de vengeance raisonnait doucement dans la tête du petit ange. Alors que les adultes appelaient les enfants à l’ordre pour rentrer, Gabriel marcha, toujours boitant, vers un enfant de l’école. Arrivé à sa hauteur, il se jeta littéralement dessus. Une fois tombé au sol, Gabriel ignora la souffrance que lui infligeait sa cuisse pour commencer à mordre l’autre enfant. Celui-ci se mit à hurler et alors un adulte vint rapidement pour les séparer. Gabriel faisait tellement pression sur le bras du jeune enfant qu’une goutte de sang s’écrasa sur le bitume, puis deux, puis trois. L’adulte demanda de l’aide et ils finirent par arracher Gabriel de l’enfant. Une fois calmé et emmené dans un bureau, il resta stoïque puis arbora son plus beau sourire. Ses dents étaient tachées d’un rouge vif qui s’étalait aussi sur ses lèvres. La femme qui se tenait devant lui demanda nerveusement pourquoi il avait agit ainsi. Il répondit que son ami lui avait conseillé de se venger des personnes qui lui faisaient du mal s'il voulait lui adresser la parole. La dame, stupéfaite, lui demanda qui il était afin de le convoquer à son tour.

Gabriel dit alors « Arioch ».

Elle prit un air étonné et lui reposa la question, au cas où il aurait mal compris. Mais il répéta « Arioch » suivit d’un sourire d’ange. Perturbée, elle lui dit:

« Ne dis pas de bêtise, il n’y a aucun enfant ici qui porte ce prénom. »

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