Quatrième Partie
Après avoir parlé avec Gabriel, la directrice appela les parents de l’enfant pour les informer des derniers événements. Elle leur conseilla d’un ton hautain de prendre rendez-vous avec un psychologue car leur enfant était complètement « attardé ». Le père de Gabriel raccrocha sans même donner de réponse, irrité par la vieille dame. Sans plus attendre le paternel prit la voiture. Il broyait du noir, était rouge de colère. Il ne cherchait pas le pourquoi son « fils » avait agressé un autre élève, il ne voulait même pas savoir. Mais ce qu’il savait, c’est qu’il allait l’expédier quelque part pour ne plus jamais le revoir. Personne ne sait d’où il sort cette haine pour son soi-disant enfant, mais elle n’avait fait que grossir au fil des années.
Autrefois il n’était pas autant pitoyable, croyez-moi. Il y a de ça presque 20 ans c’était un homme bon, un homme admirable. Mais il a vu et vécu des choses qui l’ont profondément changé. Il n’était sûrement pas prêt à un tel monde. Malheureusement il avait pris note des punitions qu’il avait enduré, les avait même exercées sur autrui. Ça avait d’abord commencé avec sa femme. Il la battait régulièrement, même durant la grossesse. Celle-ci n’était pas désiré d’ailleurs, bien loin de là. D’après lui c’était de l’argent jeté par la fenêtre, du temps perdu. Sa femme, à qui il était marié, a toujours été mauvaise. Sa quête de richesse l’avait amené jusqu’à cet homme. Elle n’en avait que faire si il avait un mauvais caractère, tout ce qui l’intéressait était son argent. Après tout elle avait été éduquée ainsi, comment pourrait-on lui en vouloir ? Non, en fait tout le monde peut lui en vouloir. Elle n’avait aucune excuse pour à son tour rejeter son enfant. Éducation ou non, les responsabilités sont les même.
Une fois Gabriel récupéré, le père de celui-ci ne décrocha pas un seul mot. Une fois à la maison il lui demanda simplement de faire ses affaires car il devait quitter la maison. Ce fut comme un choc pour l’enfant. Il n’était pas prêt à ça, il ne pouvait pas partir d’ici. Même si cet endroit était le refuge de tous ses mauvais souvenirs, ça restait sa maison. Il eut ensuite une pensée pour Arioch, il ne pouvait pas non plus le laisser ici. Il monta dans sa chambre et vit son ami confortablement installé sur le lit, ce qui le fit sourire. Il prépara sa valise silencieusement puis une fois faite, sortit de sa chambre pour descendre les escaliers. En relevant la tête il fit face à sa mère, qui le dévisageait ainsi que sa valise. Elle émit un sourire satisfait puis prit l’escalier sans oublier de bousculer son enfant. Ce dernier ne fit pas surpris de ce geste, il ne s’arrêta même pas. Il attendait devant la porte d’entrée. Arioch était derrière lui, son poids contre le mur. N’étant pas très patient il expira plusieurs fois de mécontentement, sous les rires étouffés de Gabriel. Mais en retour il se prit une gifle de la part de son Supérieur. Il lui demanda en criant pourquoi il riait, qu’il n’avait pas à émettre le moindre son au vu des derniers incidents.
Ce fut apparemment la goutte de trop pour Arioch puisque celui-ci siffla à l’oreille de Gabriel qu’il n’avait pas à se laisser faire, que ce n’était plus possible. Il insista sur le mot « vengeance » puis se tut. Le regard de Gabriel devint noir et il arbora un sourire maléfique. Furieux de sa réaction, son père leva la main en signe de menace. C’était pour lui un comportement inacceptable. Gabriel frappa autant qu’il l’eut pu dans le ventre gras de son père. Celui-ci se contenta de lui donner un coup de pied pour l’éloigner. Il en avait plus qu’assez, c’était trop pour l’enfant. Toutes ces années, ça avait été bien trop pour lui. Il heurta le mur, atterrissant à côté d’Arioch. Celui-ci lui fit un grand sourire, comme satisfait de la situation. Gabriel était aux anges, il n’avait pas déçu son ami. Son père le prit par la gorge et le souleva assez longtemps pour que l’enfant soit au bord de l’asphyxie. Il lui offrit le genre de regard qui ne montre plus d’émotion, le regard d’un cadavre.
Une fois les pieds de nouveau au sol, un trou béant remplit la poitrine de Gabriel. Évidemment qu’il n’avait jamais eu aucune compassion de la part de son père, mais il y avait tout de même une émotion. Que ce soit la colère, l’amusement ou même la folie, il y avait quelque chose dans ses yeux. Mais cette lueur n’était même plus là. Il comprit que c’était fini, qu’il n’avait plus de famille. À ce jour Arioch était la dernière personne qui l’acceptait. Le trou qu’avait Gabriel grossissait au fur et à mesure qu’il se dirigeait vers la voiture, traînant sa valise derrière lui. Pas par pas, il avait l’impression de s’enfoncer dans ses regrets. Il lança un regard de détresse à son ami, comme dernier espoir. Celui-ci se contenta de lui murmurer une simple phrase :
« Ils ne nous comprennent pas, ils ne nous méritent même pas. »
Cela suffit pour qu’Arioch prenne place dans la poitrine de Gabriel.
C’était fini, il avait définitivement prit possession de ses moyens.
Après deux bonnes heures de route, Gabriel ainsi que son fidèle compagnon furent déposés devant une vieille pension pour mineur. Son père sortit la valise du coffre et la mit par terre puis se plaça derrière le volant. Sans un regard en arrière, il reprit la route à toute vitesse. Les deux inséparables étaient figés devant le grand portail rouillé. Gabriel jeta un regard autour de lui pour voir ce qui l’entourait. Le grand manoir paraissait accueillant, ses couleurs plutôt claires donnaient envie d’y entrer. Ses murs était beige, avec quelques piliers en pierre. Ses fenêtres étaient très grandes, ce qui donnaient sûrement une très bonne luminosité dans les pièces. Le toit lui était noir, ce qui contrastait beaucoup avec les couleurs vives qui l’arboraient. Un petit sentier liait le portail à l’entrée de la demeure. Tout autour du domaine il y avait une forêt. Elle était tellement épaisse qu’elle empêchait la lumière de la traverser. Cela mettait parfaitement en valeur le manoir. Quelques buissons et balançoires ainsi qu’un petit étang décoraient la cour, donnant un sentiment vivant à l’ensemble. Alors qu’un nuage cachait le soleil, la grand porte centrale s’ouvrit. Gabriel se tenait droit comme un pic, tenant fermement la poignée de sa valise. Arioch se tenait derrière lui comme une ombre le ferait. Une dame habillée d’une longue robe noire et blanche et d’une guimpe s’avança rapidement vers les deux enfants. Une fois devant le portail, elle s’empressa de l’ouvrir et prit Gabriel dans ses bras. Surpris de cet affection, il recula d’un pas. Son visage était apeuré. Il ne connaissait pas cette situation, c’était nouveau pour lui. La dame vit l’expression de l’enfant et recula à son tour pour ne pas l’effrayer.
« Je ne te veux aucun mal, tu es en sécurité ici. »
Ces simplement mots suffirent à Gabriel pour qu’il puisse se détendre un tant soit peu. La dame émit un sourire rassurant et lui demanda si il y avait quelqu’un d’autre avec lui. Il lui répondit en acquiesçant tout en pointant du doigt son ami.
« Il y a aussi Arioch. »
L’adulte ouvrit grand les yeux de stupéfaction en ne voyant personne. Mais ce qui la choqua le plus était ce nom, il y avait bien longtemps qu’elle ne l’avait pas entendu. Elle reprit rapidement son sourire et lui proposa d’entrer. Sa dernière brûlure étant toujours d’actualité, Gabriel peinait à marcher correctement. La dame le remarqua et pris sa valise pour alléger sa charge. Elle ne put le porter par manque de force, la vieillesse commençait doucement à la rattraper. Elle alla à son rythme pour ne pas qu’il se sente comme un poids. Une fois la grande allée traversée, elle ouvra la grande porte dans un fracas et fit signe à Gabriel d’avancer. Elle jeta un rapide regard au loin d’un air inquiet, puis la referma rapidement.
La dame emmena le garçon à l’infirmerie afin de voir l’étendu des dégâts. Gabriel eut du mal à se laisser toucher, à lui faire confiance. Mais quelques minutes passèrent et une atmosphère chaleureuse flottait dans la pièce. L’enfant se détendit et finit par retirer son pantalon afin que l’on puisse le soigner convenablement. La dame retint sa respiration quelques seconde, secouée par la vue. La brûlure était tout sauf jolie à voir. Une cloque de la taille d’une paume de main était incrustée en plein milieu de la cuisse de Gabriel. Une traînée rouge l’entouraient ainsi que quelques traces jaunes. Cette brûlure n’était pas la seule blessure qui allait laisser une marque. Il y avait plusieurs autres petites plaies qui paraissaient assez vielles, sur l’entièreté de ses jambes. Sans oublier les bleus sur son corps. Elle en avait déjà remarqués quelques uns sur ses bras, mais il y en avait de bien plus imposants sur ses jambes. La none se vit prise d’une grande pitié pour l’enfant. Elle ne voulait même pas imaginer le tiers des choses qu’il avait dû subir. Elle en devenait malade. Plus elle soignait sa cuisse, plus une nausée montait dans sa gorge.
Même si elle y mettait toute la douceur possible, Gabriel grinçait des dents lorsque le coton propre touchait la cause de sa douleur. Une larme coula le long de son visage et heurta la main de la vieille dame. Celle-ci eut pour réflexe de relever la tête et, sans surprise, vit le visage de l’enfant tordu de douleur. Elle déposa son ustensile et caressa la joue de l’enfant. Il ne voulait pas pleurer, mais il n’en avait pas le contrôle. Ses larmes coulaient autant qu’elles en avaient besoin. Elles étaient la preuve de son parcours, le témoin de sa douleur. Prise de compassion, la Sœur le prit dans ses bras avec la plus grande attention. Gabriel continuait de pleurer, il expiait ses malheurs. Ils restèrent longtemps, très longtemps ainsi. Au bout d’un moment le petit garçon s’endormit. Elle le posa dans le petit lit d’appoint de l’infirmerie et s’assit à ses côtés.
Mais un mal régnait dans la pièce. En effet, derrière la dame se trouvait Arioch. Il la fixait, voulait la voir plonger dans les ténèbres.
Quand Gabriel se réveilla, la nuit avait noyé la pièce dans le noir. Il vit un torchon humide sur sa jambe, ainsi qu’un verre d’eau sur la petite table à côté de lui. Malgré l’obscurité il devina la silhouette d’Arioch sur son lit ainsi que celle de la Sœur, assise un peu plus loin. Celle-ci avait les yeux fermés et dormait sûrement profondément, ce qui était tout le contraire d’Arioch. Celui-ci avait les yeux rivés sur son ami, provoquant une légère angoisse. Gabriel pencha la tête d’incompréhension, il ne comprenait pas pourquoi son regard était aussi mauvais. Arioch lui expliquait qu’il fallait faire souffrir la vieille dame aussi, qu’elle allait lui faire du mal. Gabriel lui coupa la parole pour lui dire qu’il disait n’importe quoi, qu’elle était une bénédiction. Mais Arioch ne relâchait rien, accentuant même cette angoisse. N’étant pas d’humeur joueuse, le petit garçon entra sur l’arène. Aucun des deux ne comptaient baisser les yeux. Aucun ne voulait perdre la face. Pourquoi ? Par pure fierté. On semblait voir un combat ange contre démon, ne restait plus qu’à voir qui ressortirait vainqueur. Est-ce que le mal va finir par posséder l’ange ? Il l’a déjà fait, pourquoi pas encore une fois ? Gabriel crut voir des ailes de chauves-souris se dessiner dans le dos d’Arioch. Ses yeux étaient maintenant entièrement noir, ses traits renfoncés. Une épée tachée de sang flottait à sa droite. Lorsqu’il cligna des yeux, deux cornes étaient plantés sur le front de son seul ami. Il paniquait, avait peur. Un véritable démon se tenait devant lui. Arioch prit la parole :
« Du sang et des âmes pour Arioch.»
Sa voix était grave, rauque. Plus encore, elle était morte. Mais Gabriel décida de ne pas céder, il combattait avec courage le lion féroce.
Comme si la voix du démon avait résonné dans les esprits, la none ouvrit les yeux. Des frissons la parcourut immédiatement. Elle n’ouvrit les yeux qu’une seconde puis fut assommée par le sommeil. Mais elle vit.
Elle vit Gabriel se tenir fièrement en tailleur, le dos bien droit. Il fixait le miroir qui était accroché au mur. Bien qu’elle ne voyait pas Arioch, elle le sentait. Elle sentait cette présence diabolique. Mais elle n’eut pas le temps d’en avoir peur et s’endormit.
Le combat psychique entre les deux acolytes n’était pas fini, loin de là. Bien qu’ils eurent remarqué le court regard de la none, ils n’y avaient pas prêté attention. Plus le temps passait, plus le regard d’Arioch se voulait violent. Pourtant Gabriel ne se sentait pas affecté par celui-ci. Un rayon de soleil, d’espoir, perça le voile sombre. Il éclairait Arioch, à son plus grand malheur. Celui-ci plissa les yeux un court instant. Mais cela suffit à l’ange pour prendre le dessus. Il se rapprocha rapidement d’Arioch et se mit debout pour le dominer. Son ami était loin d’être ravi par cette position.
Sa colère monta d’un cran.
Bien que l’air devenait de plus en plus étouffant, Gabriel ne lâchait rien. Aucun répit n’était permis. Une seule seconde d’inattention suffisait pour faire basculer la situation. Le rayon chaleureux du Soleil avait donné l’avantage à Gabriel, celui-ci ne comptait pas abandonner sa chance.
C’était un duel entre lui, et lui seul. Il était son unique allié et son unique ennemi. Comment peut-on s’abattre ? Est-ce seulement possible ? Gabriel lui-même n’en avait pas la réponse. Il était sur un terrain inconnu, en pleine exploration. Mais il savait qu’il devait gagner, ça sonnait comme une évidence. C’est bien connu, la défaite n’est pas une option. Gabriel se sentait capable de tout, invincible.
« Retourne en Enfer. »
Les paroles de Gabriel sentaient la victoire, elles la touchaient du bout des doigts. Sa présence prit du poids, Arioch dû baisser la tête. Ses ailes disparurent ainsi que son épée et ses deux cornes. On lisait la haine sur son visage. Pourtant un petit sourire naissait. Il n’allait pas en rester là, le petit ange le savait. Mais il savourait sa victoire, il savourait ce doux goût. Gabriel était heureux, heureux de s’être battu. Ce n’était peut-être qu’une victoire, mais c’était bien sa première. Mais il savait que ce n’était que le calme avant la tempête.
Après cette nuit agitée, Gabriel ne put dormir bien longtemps. Il réfléchit pourquoi sa dispute avait commencé. Mais plus il y pensait, plus il savait que ce n’était pas juste à cause des propos d’Arioch. Depuis le début, cela devait arriver. C’était une véritable bombe à retardement. Hier avait été la goutte d’eau de trop. Non, ça a toujours été trop. Depuis le début, c’était bien trop. Mais ce n’était que maintenant que Gabriel le remarquait. Il ne l’avait jamais aidé à aller mieux, mais à réaliser sa vengeance. Ils n’avaient jamais réellement joué ensemble, Arioch n’avait toujours fait qu’observer. La vieille dame posa une main sur la petit tête de Gabriel, le sortant ainsi de ses pensées. Son sourire apparut immédiatement. Mais quoi qu’un peu gêné, il le fit disparaître presque aussitôt et baissa la tête. Dans un geste de douceur, elle lui attrapa le menton et lui releva. Tout en lui offrant son plus beau sourire, elle lui caressa la joue. Gabriel avait l’impression de rêver, il était impossible pour lui que cela soit réel. Il prit une grande inspiration, même l’air lui paraissait doux et saint. En une petite minute, il oublia tous les malheurs qui lui étaient arrivés. Ses médiocres parents, ses affreux camarades, son école, son ami à la tendance vengeuse, absolument tout.
L’ange était heureux.
La journée se déroula dans le calme et la sérénité, enfin presque. Gabriel avait dû rencontrer les autres enfants qui habitaient cette maison. Tout s’était bien passé, mais le stress restait présent. Bien que tout le monde soit loin d’être méchant, il n’était pas en confiance. Il préférait rester seul dans son coin, comme à son habitude. La dame, qui s’appelait Jeanne, restait beaucoup avec lui pour l’habituer à être avec quelqu’un. Comme Gabriel l’aimait beaucoup, cela était loin de le déranger. Mais il n’aimait pas lorsqu’elle faisait la même chose avec les autres enfants. Il la voulait pour lui seul. Bien que Jeanne lui ait expliqué qu’il ne fallait pas agir ainsi, il ne semblait pas comprendre que cela n’était pas possible. Mais dorénavant il gardait ses remarques pour lui.
Cela faisait près d’un mois que le petit ange était ici, et si on ne compte pas les disputes avec les autres enfants, tout s’était passé à merveille. Le problème était que Jeanne n’arrivait pas à comprendre Gabriel. Lorsqu’il était avec elle, c’était un garçon merveilleux. Il l’aidait avec le sourire, sortait avec elle dans la cour, jouait avec. Mais lorsqu’il était avec les autres enfants, rien n’allait. Il finissait par leur crier dessus ou encore par les frapper. Quand Jeanne accourait pour l’attraper et allait pour le disputer, il se mettait à pleurer immédiatement. Ainsi elle n’arrivait pas à garder sa colère et le consolait pendant quelques minutes. Elle réfléchissait beaucoup à la manière dont elle pourrait procéder, mais elle ne trouvait rien.
Mais aujourd’hui Gabriel avait dépassé les bornes. Il frappait, encore et encore un des enfants qui lui, était au sol. Même en y mettant toutes ses forces, Jeanne n’arrivait pas à extirper Gabriel. Elle paniquait, elle ne savait pas comment s’y prendre. Elle céda sous la pression et mit une gifle à l’enfant. Il s’arrêta net. Il avait le regard dans le vide, la tête baissée. Les secondes paraissaient être des heures et des heures. Jeanne mit sa main devant sa bouche, choquée de ce qu’elle venait de faire. Elle détestait avoir recourt à la violence, elle haïssait ça plus que tout. Les regrets commençaient doucement à ronger la vieille dame. L’enfant qui avait été frappé par Gabriel se releva d’un bond et le poussa. Il lui cracha qu’il était complètement fou, qu’il fallait qu’il aille se faire soigner. Ces paroles réveillèrent celui qui ne fallait pas appeler, celui qui était resté dans l’ombre. Mais personne ne le savait, ils ne se doutaient même pas de son existence. Gardant cette lancée, l’enfant mit à son tour Gabriel au sol et le frappa. Ses coups n’étaient pas très fort, pourtant ils poignardaient le cœur de l’ange. Ce dernier se laissait faire, espérant que la présence qu’il sentait mourrait sous les coups. Parce que oui, il voulait sa mort. Il savait qu’il ne pourrait plus gagner, alors il voulait que quelqu’un d’autre remporte la victoire à sa place.
Une seule phrase sortit faiblement de la bouche de Gabriel, mais elle résonna dans toute la cour :
« S’il te plaît, tue Arioch. »
Après cet incident, Gabriel devait rester dans sa chambre jusqu’à nouvel ordre. Cela l’avait rassuré, ainsi personne ne pourrait agiter plus Arioch. Ces moments seul lui avait fait accepter qu’il faisait partie de lui, qu’il était une de ses facettes. Sa petite, mais forte expérience de la vie lui avait offert une grande maturité malgré ses 11 ans. Ainsi il arrivait aisément à voir la véritable face du monde, cette face qu’il arborait lui-même. Mais rien n’y fait, il ne sait comment s’en séparer. Pire que ça, il ne sait pas comment la contrôler. Si la dernière fois il avait su lui tenir tête c’était grâce à l’amour qu’on lui avait porté avant. Cet amour est sa force, son unique force. Si il n’en a pas, comment peut-il espérer une victoire ? Il ne savait pas ce qu’il se passerait si il perdait face à son cauchemar, mais il ne voulait pas le découvrir. Il n’était pas naïf, il sait que cela aurait des conséquences lourde sur sa vie. Mais ce qui l’inquiétait n’était pas qu’il pourrait être blessé, mais qu’Arioch pourrait blesser autrui. Celui-ci le faisait depuis quelques jours, et encore il n’avait pas l’entièreté du contrôle sur Gabriel. On ne sait pas encore jusqu’où il irait pour combler sa satisfaction. La curiosité serait un bien mauvais défaut, surtout sur ce cas-là. Personne ne veut être sa prochaine victime, alors mieux vaut rester innocent. Plus vous en savez, plus vous êtes une cible de choix.
La Sœur voulut rendre visite à Gabriel, pour ne pas qu’il se sente délaissé. Elle entra en toquant doucement et vit Gabriel de dos, il était assis devant le bureau. Jeanne s’approcha pour voir ce qu’il faisait. Mais elle eut le souffle coupé lorsqu’elle vit un dessin. Le petit diable avait dessiné un grand homme en armure, avec deux énormes ailes de chauve-souris dans son dos ainsi que 2 cornes sur le front. L’homme avait les yeux tout noir, les traits du visages creusés et sévères. Dans sa main droite se trouvait une grande épée encore rouge sang. Tout comme vous, Jeanne savait très bien de qui il s’agissait.
« Vengeance doit être faite. »
Ces mots sortirent calmement de la bouche de Gabriel. Personne ne sait comment, mais une chose est sûre : il avait perdu.
Annotations
Versions