Le silence de la poupée
L’amoureuse s’éveille dans sa perfection,
Repue de l’idylle qui rappelle aux tréfonds
De sa mémoire, l’aube de ses amours enfantins.
L’amoureux lui chante des vers méditerranéens,
Sans fausse note, avec la force d’un passé révolu
Dont les sages oliviers inspirent la vertu.
Mais gronde l’orage et le temps terrifiant
Qui va contraindre à l’éclat, l’amour innocent.
L’homme, être désolant de lâcheté, crible
De ses injures vigoureuses la femme, impassible
Au déchaînement des attaques du vilain.
Ah ! jette-là au sol, piétine de ton dédain
L’esprit pur de ta fiancée éperdue qui se vêtit,
Sous ton premier coup, d’une plastique rougie.
Mutile-la encore, Homme ! Défigure-la, annihile
La femme terrassée que tu désires misérable !
Renverser n’est pas vaincre, et ton triomphe minable
Se noiera dans les tréfonds de sa bile.
La marionnette harcelée, sur ses joues
Roses, a parfois senti des larmes de dégoût
Que ses yeux détournés ne pouvaient conserver.
Et son intolérable bravoure silencieuse à tes volées
Qui sur sa peau rougissent l’étau, intensifie
Ta colère machinale ; tes prunelles dilatées
Peinent à déchirer la quiétude infinie
De l’âme libre dans sa coque de poupée.
Tremblante toujours de voir l’ennemi émerger,
Elle rampe ; pantin cadavérique qui de sa mausolée
Cherche le chemin, masqué par la sombre fatuité
De la puissance destructrice de ton orgueil démesuré.
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