Je me souviens
de Léonie .
Je me souviens y être allé. Elle m’avait emmené. Elle m’avait dit que c’était un paradis sur terre. A chaque fois qu’elle en parlait elle avait des étoiles dans les yeux. Je ne la voyais jamais aussi illuminée, que lorsqu’elle évoquait ce lieu, que tout le monde pensait fictif. Mais moi, j’y suis allé. Un lieu où l’homme ne domine pas, un lieu où la nature est reine, où elle laisse libre cours à son imagination. Je suis d’accord. C’était un paradis sur terre. Les animaux n’y étaient pas farouches, ils s’approchaient de nous avec curiosité et non méfiance. L’herbe y était verte, et recouverte de fleurs multicolores. Comme un miroir posé sur le trèfle, ce lac, était d’une pureté extraordinaire. Une multitude de petits poissons y vivaient. Je ne saurais donner leur espèce, mais ils semblaient en parfaite adéquation avec ce paysage extraordinaire. J’avais l’impression de découvrir le jardin d’Eden. Je me souviens de l’immensité de cette montagne cachée par la brume et entourée de ses semblables. Elle semblait trôner en impératrice, dure et froide sur ce petit coin de verdure. Elle semblait le protéger, empêcher tout danger. Elle était impressionnante, effrayante, mais aussi sécurisante, et prodigieuse. Sa grâce était si étonnante. Je sentais la joie s’emparer de moi, une joie mélangée à une excitation étrange. Je ne saurais vraiment décrire cette sensation, mais c’était extraordinaire. Mon regard allait partout, aux quatre coins de ce paysage infini. Et son regard, à elle. Il était posé sur moi, l’air amusé. Elle ne fabulait pas, cet endroit existait vraiment et il était d’une somptuosité hypnotisante. Nous avions marché longtemps pour l’atteindre, je me souviens quelle me répétait tout le long du chemin, que le spectacle se méritait. Et je ne fus pas déçu. Je me souviens de ce regard. Elle était aussi magnifique que cet endroit, à croire qu’elle en était le fruit. Je me souviendrai toujours de ce regard. Ce regard si… si doux et à la fois si intrépide. Elle était pure, et belle. Et son regard. Je donnerai tout pour revoir ce regard désormais éteint. Je donnerais tout pour revoir sa beauté, sa pureté, sa douceur, son intrépidité. Je donnerais tout pour simplement la voir.
Aujourd’hui je me fais vieux, et j’espère au plus profond de moi, la rejoindre un jour dans un lieu semblable, avec ce pareil sentiment de plénitude.
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