Pour une fois, il ne s'agit pas du mot lui-même que je honnis, bien que certains lui aient attribué évidemment une connotation sexiste, parce que bien sûr dès qu'on critique quelqu'un non doté d'un appendice au demeurant fort disgrâcieux, c'est ce qui nous pend au nez.

Oui, mais bon, je suis une femme, moi, donc logiquement je devrais être exemptée de cet anathème.

Voilà donc mon problème.

L'écriture des personnages féminins, aussi bien dans les romans que les séries ou films: la Mary Sue.

Kezako ? Selon Wiki : Mary-Sue (en anglais Mary Sue) est un nom péjoratif donné à un personnage de fiction féminin excessivement idéalisé, très souvent la projection de l'auteur-même dans un univers fictif.

Des femmes fortes, bien entendu, capable des performances de Stallone, mais avec en sus l'intelligence, la sensibilité dont n'étaient pas dotés leurs homologues masculins.

Parce que vous aurez beau m'opposer que des hommes forts, il y en a eu dans le cinéma, tel l'inspecteur Harry, Rambo, ou Schwarzy dans Predator ou Conan, ces personnages étaient toujours affligés de gros défauts qui atténuaient considérablement leurs performances physiques hors du commun et donnaient à leur côté badass un recul second degré très appréciable.

Sauf à n'avoir pas perçu que Conan était incroyablement niais, et que cet aspect de sa personnalité est totalement délibéré , tout comme Rambo, bref, pas des lumières dans leur genre.

Mais c'était ce qui les rendait humains voire touchants d'une certaine manière.

On ne peut pas non plus prétendre que l'inspecteur Harry est doué d'une grande subtilité, il est amer, acerbe, désenchanté, sa violence n'est pas célébrée, elle est contestée par les autres personnages même de cette fiction, la seule chose qu'on puisse mettre à son crédit étant d'être efficace.

John Maclane peut-il être également utilisé en comparaison ? Il s'en prend plein la tête dans tous ses opus, on tremble de sa fragilité, il semble sans cesse dérisoire face au danger et il ne le renverse qu'au prix d'une opiniatreté sans faille. Ce n'est ni un surhomme, ni un génie, il incarne à la perfection l'homme moyen qui ne remporte la victoire que par la force de sa volonté.

Hé bien voilà donc toute une nouvelle génération de personnages féminins qui sont dotées à la fois de la force de Van Damme, l'habileté de Jackie Chan, l'intelligence d'Einstein, la finesse de Shakespeare... vous allez dire que j'exagère ? Si peu...

Pour ma part, en revanche, je les trouve parfaitement sans intérêt:

- Elles battront sur leur propre terrain n'importe quel maître dans sa discipline

- Elle renverseront n'importe quel obstacle au point de rendre obsolète le Deus ex Machina

- Lesdites péripéties ont pour seul but de démontrer telle ou telle de ses extraordinaires qualités

- Les autres personnages ne servent que de faire-valoir, ils sont fades jusqu'à l'inexistence

Ce qui m'amuse, c'est que leur auteur se défendra systématiquement d'avoir créé un tel personnage, arguant de tel ou tel défaut.

Mais ce n'est que tartufferie car en réalité, tout comme un CV habilement tourné, ses défauts ne sont que des qualités déguisées: elle veut trop bien faire, est trop dévouée à sa cause, a des moments de flottement uniquement pour mieux se relever après.

Mais bon sang, s'il s'agit comme dans le cas d'un entretien d'embauche de se vendre, cela tue l'histoire, ça tue l'inventivité, bref ça tue l'art.

Alors franchement, si la seule chose qu'on a à répondre c'est que l'accusation est sexiste, c'est bel et bien qu'on a mis dans le mille et qu'on n'a rien à répondre sur le fond.

Quelques exemples de Mary Sue célèbres: Rey dans Star Wars, Captain Marvel ou Pepper Pots dans le MCU, Hermione dans Harry Potter, Alice dans Resident Evil, les drôles de dames nouvelle version, Angelina Jolie, Charlize Theron ou Scarlett Johansson dans tous leurs films, la liste est longue et franchement j'ai l'impression d'en voir partout.

A l'inverse, il y a eu des non Mary-Sue très réussies ( donc ne me faites pas croire qu'on ne peut pas faire autrement ) : Ripley ou Vasquez dans Alien, Sarah Connor dans les deux premiers Terminator ( je précise ), Sorsha dans Willow, Valeria dans Conan, Dizzy dans Starship Troopers, Hit Girl dans Kick-ass, à la fois très badass et humaines.

La denière en date à avoir été créée hors de tout manichéisme est l'excellente Rita Vrastaski dans Edge of tomorrow.

Mais comme vous l'aurez constaté, ça date maintenant, et personne pour prendre la relève... que des Mary Sue !