Chapitre 3
Aujourd'hui, Mélanie passe à la maison pour que l'on prépare la soirée. Ce n'est pas le moment de se rater. Tout est nettoyé, j'ai fait du sport toute la semaine, je me sens au top. Je suis heureux. J'ai pris ma vie en main, et j'ai le pouvoir de changer les choses, c'est moi qui décide de ma vie et qui décide de sauter ou non les barrières qui parsèment mon chemin ça et là.
Non non non. Mon amour tu ne peux pas faire ça. Tu ne peux pas la faire venir chez nous ! Arrête ! Que va-t-elle penser quand elle nous verra ? Elle ne te comprendra pas. Elle te pensera fou. Nous sommes heureux ensemble, nous voudrions tellement que tu nous aimes plus, autant que nous t’aimons, que tu reste avec nous pour toujours.
Mon esprit joyeux, pendant un court instant, se perd dans ses souvenirs. Ma collection est sans doute condamnée à l'oubli, dans le noir d'un grenier. J'imagine déjà, une fois la passion épuisée, à quel point ma prisonnière aura faim. "BOUM BOUM". Elle sait que je parle d'elle. Elle aura faim de toutes ces délicieuses choses que je ne lui donnerai peut-être plus. Plus aussi souvent qu'elle en a besoin pour vivre, la pauvre. Je l'abandonne. J'assume mon égoïsme, ma lâcheté. J'assume ce que j'ai toujours été et qui fait de moi un être médiocre. Je ne pense qu'à moi et tant pis pour les autres. Ce n'est pas moi qui ai choisi les choses comme elles le sont. Je n'ai pas choisi d'avoir un clandestin camisolé qui vit au fond de mes tripes, la nature l'a mis là. "BOUM BOUM BOUM BOUM". Non ce n'est pas moi qui ai décidé de l'enfermer, Elle est trop dangereuse pour être libre. Personne ne m'accepterait si elle vivait à la lumière. "BOUM BOUM".
Oui, je suis bien égoïste. Mon image est plus importante que sa liberté. Avec le temps, peut-être qu'elle pourra sortir. Quand je ne serai plus un faux jeton. "BOUM BOUM". AAAAAH cesse de m'appeler !
Je dois la faire taire avant l'arrivée de Mélanie, pour qu'elle ne foute pas tout en l'air. Je vais la gaver comme une oie et l'étouffer. C'est ce que tu veux ? Alors ouvre grand ton gosier, je vais t'offrir un festin mortel !
C'est la dernière fois que je monte sur ce tabouret. D'ailleurs, je jetterai moi même ma précieuse caisse tout de suite après.
Mon chou. Nous savons ce que tu as décidé. Nous ne te laisseront pas faire. Tu dois rester avec nous, pour toujours, même si pour ça nous devons te tuer. L’âme est immortelle, nous serons ensemble pour l’éternité et alors toi et nous ne ferons plus qu’un. Nous irons au-delà de nos limites. Embrasse-nous mon amour, nous sommes là, rien qu’à toi ! A JAMAIS !
Mes bras levés, et doutant de ma volonté d’en finir, je ressens quelque chose d'intense, de mystique. Et emporté par un élan phéromonal qui me donne la force de soulever le ciel, j'accueille ma caisse pour l'enlacement final qu'elle mérite et semble me demander. Pour lui dire adieu de façon mémorable. Pour que la fusion soit parfaite. Viens à moi !
A nouveau je m’envole, m’abandonnant tête la première dans les bras de ma bien aimée, pour lui donner tout ce que j’ai. Faisant fit du fracas détonnant de nos ébats à travers les étagères brisées, je casse les barrières, repousse les limites de mon corps afin d’offrir à ma passagère un bouquet final à la hauteur d’une relation intense et qui en aura valu la peine.
BOUM BOUM BOUM BOUM boum boum boum boum boum boum b b b b …
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