Pochtron
Y a quelques années, mes potes m'avaient surnommé Pochtron. À l'époque, ça m'avait bien fait marrer, j'en avais même fait une chanson. S'ils avaient su. Si j'avais su. Ces enfoirés pouvaient pas tomber mieux !
Dans ma vie, j'ai eu quatre amours. Ma gonzesse, mes deux mômes, et l'Pastaga.
De vraies histoires compliquées. À coups de "je t'aime mais j'te fais du mal". D'ailleurs, j'ai eu beau lui dire me jette pas, elle m'a quand même jeté. Ma gonzesse, pas ma bouteille. J'aurais préféré l'inverse.
Pis y a toi aussi. Toi qui m'écoutes. D'ailleurs, faut que j't'avoue un truc : j'ai franchement du mal à te comprendre.
Faudrait que tu m'expliques : pourquoi tout cet amour ? Surtout que bon, on peut pas vraiment dire que je sache chanter, hein ! T'as vu ma voix ? Alors je sais bien que j'ai quelques peau-aime pas trop dégueus. Mais de là à recevoir tout cet amour... Tu crois vraiment que j'le mérite ?
En plus, je t'ai oublié pendant dix ans. J'me suis même oublié pendant dix ans. Et toi, t'es resté là, assis sur un banc, à regarder les rouge-gorges en m'attendant. Et même pas rancunier en plus ! Ouais, toi, t'es mon cinquième amour j'crois bien.
J'sais pas pourquoi, j'ai la vie qui m'pique les yeux depuis toujours. Mais cette fois, c'est la bonne, c'est fini ! J'ai encore tant d'histoires à te raconter ! Et de coups d'gueule à pousser. Quoique... J'ai quand même mis d'l'eau dans mon vin ces derniers temps. Hé ! Ça y est, je te vois venir ! C'est juste l'expression, hein ! J'te promets, y a pas d'vin dans ma flotte. Et pas d'jaune non plus. Même que maintenant, j'en bois autant qu'un moineau. D'la flotte, pas du vin, d'abord j'aime pâ ça le pinard moi ! Même que ouais ! Bon, tu vas m'dire, j'aurais dû retenir la leçon la fois où j'ai raté télé-foot, mais j'l'avais compris un peu de travers cette leçon en fait.
Pis y'a aussi toi, mon gosse, mon frangin, mon poteau, avec ta batterie. Tes "tatatam", j'ai envie de les entendre encore longtemps. Et p't-être même qu'on pourrait chanter ensemble, non ? Qu'est-ce que t'en dis ?
Laisse-moi fermer les yeux. Laisse-moi rêver un peu.
Bon, cette fois, je te le jure, c'est fini. Pour de bon. Ma bouteille, j'lui ai dit adieu minette.
J'ai remis ma casquette de Gavroche sur ma gueule d'aminche. J'ai retrouvé ma copine Germaine, elle est rentrée d'Inde. Elle a un appart' dans mon HLM, au huitième. Tous les deux, on a retapé la tire à Dédé, et on a décidé de s'arracher ! On prend les routes de l’Hexagone, direction la scène ! Allez va, mon dernier bal il est pas encore arrivé. Pas avant cent ans j'espère.
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