À l'ère où il y a plus de publicités que de gentilles personnes et où les êtres humains se comportent comme les robots qu'ils ne veulent pas voir évoluer dans leur quotidien, j'ai décidé de tout prendre de façon plus positive, au risque de me faire avaler par le monde, définitivement. Il y a tant de choses néfastes et négatives à pointer du doigt, mais ça ne se fait pas de pointer du doigt. Eh bien moi, j'ai choisi d'être plus égoïste, centrer tout cela sur moi et penser à mon propre bonheur. Dans le malheur des publicités, là où les langues se délient et les râleurs de première catégorie s'en donnent à cœur joie, j'ai ressenti de vives émotions pour les pubs d'Intermarché. Eh oui.
Étant donné que les pubs ne me donnent pas envie d'acheter, les regarder ne m'embête pas plus que cela. Je ne cautionne pas spécialement, mais je ne les zappe pas, car elles apparaîtront tôt ou tard sur la chaîne suivante ou précédente. Mais celles d'Intermarché sont différentes. Elles sélectionnent à merveille la chanson nostalgique et les images mignonnes, à tel point que je me suis demandée si en allant à celui près de chez moi, il m'arriverait aussi une jolie rencontre amoureuse en posant des fruits sur le tapis roulant. Peut-être qu'en cela, ils m'ont piégé. Mais sincèrement, qui n'est pas piégé par le monde, déjà ? Les moindres faits et gestes sont scrutés, nos données analysées, les réseaux sociaux banalisés et nos santés mentales abîmées. Si on n'est pas un peu positif, c'est délicat de résister à l'attraction de la grisaille d'aujourd'hui. Alors, oui, les pubs d'Intermarché me rendent mélancolique. Elles me donnent l'impression que les conversations autour d'une table sont sincères et partagées, que les êtres humains se sourient pour le plaisir et que la méchanceté est mise en pause pour quelques secondes. Et même pour quelques secondes, je prends. C'est si rare que c'est devenu précieux. C'est tellement précieux que c'est devenu extraordinaire.
Une larme a roulé le long de ma joue lorsque j'ai visionné l'une de leurs publicités. Je ne sais plus laquelle c'était, mais elle m'a touché. Pas autant que les petites mains d'un enfant, mais presque autant qu'un grand bol de chocolat chaud le soir. Sous mon plaid, j'ai analysé cette larme. Je me suis demandée si au fond, ce n'était pas une histoire de pub, mais une histoire de nous tous. C'est quand même inquiétant de se réconforter avec une publicité d'une marque de grande distribution, parce que les autres ne font plus attention à leurs pairs.
J'ai analysé cette larme. Lorsque j'ai relevé la tête, la pub avait disparu. La boule dans ma gorge, non.