J'ouvre lentement les yeux. Je suis allongée sur des couvertures, à même le sol. Je tente de me relever, mais mon ventre me fait énormément souffrir, alors je me rallonge aussitôt. La pièce dans laquelle je me trouve semble être hors du temps, et d'un autre pays.

L'endroit où je me trouve, ressemble aux anciennes maisons traditionnelles japonaises. Des panneaux en papiers et en bois, un paravent fleuri... je ne suis pas dans ma chambre d'hôpital, c'est certain !

Je ferme les yeux, et passe une main sur mon visage. Je peux alors sentir que j'ai des cheveux. Je passe une main dans ma chevelure, qui semble être très longue. Je souris, heureuse de pouvoir enfin retrouver cette part de féminité que j'ai perdu à cause de la maladie.

Soudain, un panneau coulisse, et un homme apparaît devant moi. Je pose mes yeux sur lui un instant, et reconnais son uniforme de guerre. Je ferme rapidement les yeux, apeurée. Je l'entends s'avancer vers moi, s'accroupir, puis, il passe une serviette humide et froide sur mon front. Il s'arrête, et pose une main sur mon ventre.

Ma main vient immédiatement saisir la sienne, surprise par ce geste :

 - Je voulais juste contrôler votre plaie...

J'ouvre les yeux, et le fixe. Son visage est très doux. Il a un chignon, ses yeux sont foncés, et ses trais sont très fins.

Je retire doucement ma main, pour le laisser soigner ma blessure. Il jette un coup d’œil sous la bandelette, et fronce les sourcils en me regardant de nouveau :

 - La blessure est profonde... il faut que vous restiez tranquille.

Il me recouvre, prend le bol d'eau sur un plateau et se lève. Je prends soudainement la parole :

 - Vous... vous êtes qui ?

Il se tourne vers moi, me fixe et ouvre la bouche pour me répondre, mais...

Je me réveille soudainement.

Je pose la main sur mon ventre, ressentant une très vive douleur. J’appuie rapidement sur l'alarme pour appeler un médecin. J'ai énormément de mal à respirer, et des gouttes de sueur coulent sur mon front. La porte s'ouvre, et un interne vient rapidement à moi :

 - Qu'est-ce qui vous arrive ?

Ayant du mal à parler avec la douleur, je lui montre mon ventre. Il soulève mon haut, et regarde à cet endroit. Il appuie légèrement sur la zone, et prend la parole :

 - Vous avez mal à cet endroit?

Je passe une main tremblante sur mon front, pour essuyer les gouttes de sueur qui perles sur mon visage. Je reprends peu à peu une respiration normale, et parviens à lui répondre :

 - Je... j'ai fais un rêve... j'avais une blessure à cet endroit... ça m'a fait vraiment mal au réveil...

Il m'adresse un regard surpris, et redescend mon haut. Il commence à m'ausculter pour vérifier que tout va bien. Après un moment à m'examiner, il se redresse :

 - Tout va bien, ne vous inquiétez pas. La dose du traitement que l'on vous administre est assez lourde... ça peut provoquer quelques hallucinations... vous devriez essayer de vous rendormir.

Il prend le livre qui est posé sur mes jambes, pour le poser sur ma table de chevet :

 - Attendez... je voudrai le garder s'il vous plaît...

Il me regarde un moment, puis me le donne. Je le pose sur mes jambes, et le regarde me tourner le dos pour quitter ma chambre.

Ce rêve, qui se répète sans cesse, a évoluer. Cette fois, j'étais avec l'homme qui m'avait soignée. Comment un rêve peut-il avoir une suite logique ?

J'ouvre de nouveau le livre, et reprends ma lecture, me posant énormément de questions. Ce rêve à l'air tellement réel... suis-je en train de délirer ?

Je passe une bonne partie de la journée à lire, cherchant des informations, quelque chose qui pourrait peut être m'aider... même si je ne sais pas vraiment ce que je cherche...

Je suis soudainement sortie de ma lecture par la porte qui s'ouvre lentement. Je relève le visage, et constate qu'il s'agit de mon compagnon, Dan.

Je baisse les yeux.

Il n'a pas beaucoup été présent pour moi ces derniers temps... je peux comprendre que pour lui ça ne soit pas une partie de plaisir de voir sa petite amie sous traitement constant, perdant peu à peu ses cheveux... mais pour moi c'est encore plus difficile. Ma vie est en jeu, et le voir ainsi s'éloigner de moi me fait vraiment mal au cœur. Si je n'avais pas développé ma maladie, nous serions sûrement marié aujourd'hui. Cette foutue maladie à gâchée tellement de choses...

Il s'approche de moi, et me donne un baiser sur le front :

 - Comment tu te sens aujourd'hui, Alice ?

Je soupire, et hausse les épaules :

 - En super forme, comme tu peux le voir... qu'est-ce qui t'amène aujourd'hui ? Tu t'es rappelé que tu avais une chérie ?

Il s'assied en face de moi, se frotte les yeux, et me répond :

 - Ne commence pas avec ça... tu sais que j'ai pas mal de travail en ce moment...

 - Oui, oui... le travail...

Il croise les bras et me regarde un moment, sans dire un mot. Un long silence s'installe dans la chambre. Je reprend mon livre et continue ma lecture, ne lui prêtant plus attention.

Après un moment, son téléphone se met à sonner et il se lève :

 - Je suis désolé, je vais devoir y aller...

Un sourire naît sur mes lèvres et je lève les sourcils :

 - Bien, merci pour cette visite de courtoisie ! Porte toi bien !

Il souffle, m'embrasse le front et sort de la pièce. Je passe une main sur mon visage, essuyant les larmes qui se mettent à couler peu à peu sur mes joues. Notre relation est devenue une vraie perte de temps. Il ne se rend pas compte de ce que je vis... j'aurais pourtant tant besoin qu'il soit là, qu'il me rassure sur l'avenir, qu'il me soutienne... Le traitement est très lourd, et parfois, j'ai envie de tout laisser tomber. Arrêter de me battre et partir.