Avoir un enfant
J’ai toujours eu beaucoup d’idées de romans, de nouvelles et de petites histoires allant du petit texte potache à la décalogie médiévale fantastique épique et monumentale. Mais il a toujours manqué cette petite étincelle nécessaire pour me lancer dans l’écriture. Un manque de courage aussi, peut être. Un manque de temps, surement.
Or depuis bientôt trois ans, je côtoyais ma Muse, tous les jours, sans le savoir : ma fille. Il y a tant de choses que j’aimerais lui dire et que je ne saurai jamais que lui écrire.
Voici l’idée.
Il faut un état d’esprit particulier pour se décider à écrire. Enfermer ses idées avec des mots et figer ces mots à jamais sur du papier, fût-il virtuel, a toujours été pour moi un exercice mental extrêmement violent. J’ai ainsi remarqué que mes périodes les plus inspirées coïncidaient avec des moments difficiles, lorsque mon esprit déjà torturé par le quotidien pouvait se permettre un outrage supplémentaire.
Avoir un enfant, c’est une bénédiction et une malédiction. Tous les moments de bonheur et d’enchantement n’arrivent jamais sans un cortège d’idées noires. Tout simplement la peur que tout s’arrête brutalement. Pour ce qui me concerne, la terreur que son avenir m’inspire me dévaste. Je me sens coupable de l’avoir fait naître dans un monde si cruel et si violent. Il ne se passe pas une seconde sans que je pense à ce moment, quand ils auront besoin de moi et que je ne serai pas (ou plus) là.
Voici mon état d’esprit.
Tout est donc réuni. Je ne sais pas encore quelle forme cela prendra, sur quel ton je vais l’écrire, combien de temps je vais mettre pour rassembler tout ce que je dois lui dire. Tout ceci va être brouillon, désordonné, sans ligne directrice. Je vais juste lui écrire, indépendamment de ce qu’elle a fait, ou de ce qu’elle fera de sa vie. Ou de ce que le monde est devenu. En espérant qu’un jour, elle me lise et me comprenne. Quoiqu’il nous arrive.
Voici donc une longue lettre, destinée à ma fille… à mon fils... à mes enfants.
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