Scène 7 - Scène 8 - Scène 9...
Scène 7
- Conteur : Tous ont retenu la leçon de l’instituteur et ceux qui viennent à rencontrer la Berlotte ne manquent pas d’égard envers sa personne. Justement, ce matin, elle est assise sur un banc de la place et tricote… des groupes s’approchent…
Cibelle (affable) :
Bonjour ma petite Berlotte ! Dis-moi, comme ça, si des fois l’idée t’en venait, bien sûr … tu pourrais nous remettre le soleil en place et tu sais certainement où … mais, c’est si tu as le temps, hein !
Didou (familier) :
Hé, ma mignonne ! Tu as le teint tout frais ce matin… c’est ton petit soleil qui t’arrange comme cela ; si tu veux, tu peux nous en faire profiter …
(Transportée de joie par ces propos aimables, La Berlotte esquisse quelques pas sautillants d’une polka qui la fait virevolter autour du banc … Arrive Léontine …)
Léontine (Y va de sa flatterie) :
Oh ! Oh ! Ma Jolie !... Qui , de joie, te fait sauter ainsi, légère comme une biche ?... Le Galant que tu tiens chez toi, il faudrait nous le présenter, on serait tellement heureux de le connaître nous autres …
Courlivent (mielleux et révérencieux) :
Tiens, tiens … voyez la belle demoiselle !... Je vous salue bien bas ma belle ! Ah, si le soleil souriait comme vous !...
Homma (en rajoute) :
Toi, je te trouve adorable depuis la Saint Jean… tu es notre rayon de soleil à tous !... Ce serait vraiment merveilleux si, maintenant, tu permettais que le bel astre illumine nos visages comme avant …
La Paulette (en fait trop…) :
Moi, je me jette à tes genoux et j’implore ton pardon !... Je te jure que l’on ne se moquera plus jamais de toi, chère Berlotte !... Fais nous revenir ce soleil qui est aussi le tien, je t’en supplie !...
Bouche-Bée (qui surgit, s’esclaffe) :
Mais regardez-là, celle-là ! Ah, ma pauvre Paulette, quelle hypocrite tu fais !... Pour un peu, tu lui lècherais les bottes …
Ecoute, la Berlotte, je ne ferai pas comme elle, me prosternant mais, au nom du Créateur, je te demande de bien vouloir restituer l’astre bienfaisant que tu retiens chez toi… ( à part…) : Voilà , c’est dit !...
Praloup (avec désinvolture) :
Eh, ma Titoute, je ne voudrais pas te faire de la peine, mais il faudrait que tu songes à relâcher le soleil que tu retiens dans ta maison …
A aucun d'entre eux, La Berlotte n'a répondu, elle se contente seulement de les regarder avec une mine de circonstance ... puis, adressant à tous, un sourire, un brin malicieux, elle quitte la place en pas de polka … Le villageois satisfaits de leurs attitudes et des propos adressés à la Berlotte, entament une bourrée : « La Maraîchine » …
Scène 8
- Conteur : L’Eté passe, sans soleil … Il ne s’est pas écoulé un jour sans qu’un villageois, au moins, n’ait supplié La Berlotte pour faire revenir le grand absent du ciel … Elle, très digne, sourit à chacun … A ceux qui insistent trop, elle répond avec calme …
La Berlotte (revenant sur la place, au milieu de tous, face au public …)
Puis, tournant les talons, elle quitte la place dignement
Scène 9
- Conteur : Suivent encore d’autres jours, d’autres semaines interminables sans que rien ne change de cette situation désespérante … l’humeur des habitants va en s’aigrissant ; dès lors c’est la colère qui monte dans le village …
Champereau (qui de dépit, vient de secouer ses barriques, arrive au milieu de la place en gesticulant comme énergumène) :
Cette comédie a trop duré … il va falloir intervenir de manière énergique !
Ayant perçu cette brusque agitation quelques villageois sortent sur leur pas de porte …
Castagnet (indigné) :
Oui Champereau a raison !... je suggère qu’on aille trouver La Berlotte chez elle et que …
Léontine (excitée ne laisse pas l’apothicaire, finir sa phrase) :
C’est ça, tous chez La Berlotte, on va la forcer à ouvrir sa cage !
Bouche-Bée (vindicative…)
Elle nous a assez mené en bateau avec cette histoire… je me charge de…
Lomaizé (qui vient d’apparaître, réprimande le groupe qui s’est formé autour de Champereau) :
Bande d’ignorants, vous n’avez pas honte !... Vous iriez maltraiter cette malheureuse !...
La Paulette (exaltée) :
Et bien alors, profitons qu’elle soit absente de chez elle, pour lui dérober sa cage !...
Gueureleu (attiré par les cris) :
Vous êtes tous de véritables mécréants… on ne vole pas les pauvres et encore moins les simples d’esprit … A ceux auxquels elle répond, la Berlotte demande de patienter … alors attendons !...
Les villageois, honteux, regagnent leur domicile en silence. Sur la place, ne reste plus que le forgeron …
Gueureleu (mélancolique, chantonne) :
Le font penché vers la terre,
J’allais seul et soucieux
Quand raisonna la voix claire,
D’un petit oiseau joyeux …
Au loin, répond, faisant écho …
La Berlotte :
Il disait : reprend courage !
L’Espérance est un trésor …
Même, les plus noirs nuages,
Ont toujours leurs franges d’or …
A suivre ...
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