Chapitre 12 : Plus de peur
— Tu es certain que c’est comme ça que tout s’est passé ? demanda l’agent de police à Tomy.
Blotti dans les bras de sa mère, les yeux rougis par les larmes et la peur, le jeune garçon acquiesça.
— D’accord, merci beaucoup pour ton témoignage, petit.
Le policier les salua, puis il serra la main de Jeffrey en échangeant avec lui quelques mots que Tomy ne parvint pas à entendre.
— Je m’en veux tellement, maman… gemit-il en reniflant.
— Ce n’est pas ta faute, mon ange, le rassura Lucy en lui caressant les cheveux, vous n’auriez jamais dû quitter l’école seuls, c'est certain. Mais tu ne pouvais pas savoir que cela arriverait.
— Ta mère a raison, ce que vous avez fait n’est vraiment pas intelligent, mais tu n’es en rien responsable, c’est un accident, tenta Jeffrey pour le rassurer.
Au même moment, Mr et Mme Aftalion déboulèrent dans le couloir, suivis de leurs quatre autres fils. Lucy et Tomy se levèrent tandis que Jeffrey se précipita à leur rencontre. Tomy eut un mouvement de recul en voyant le visage de Debby, tant le maquillage autour de ses yeux avait coulé.
— Oy, vous avez des nouvelles de mon pauvre bébé ? demanda-t-elle, la voix brisée.
Lucy secoua la tête.
— Ils l’ont emmené dès que nous sommes arrivés et il était toujours inconscient…
— Mon pauvre garçon… C’est entièrement ma faute, je suis une mauvaise mère, je suis constamment sur son dos, hein, chéri ? On lui en demande trop, tout le temps… pleurnicha-t-elle en attrapant son mari par le col.
— C’est ma faute, Mme Aftalion, lança Tomy.
Il leva vers elle ses grands yeux noisette tandis qu’elle tombait à genoux devant lui pour l'enlacer de toutes ses forces.
— Mme Aftalion ? demanda inopinément une infirmière.
Debby se releva d'un bond vers la jeune femme et l’attrapa par les épaules, le visage déformé par le désespoir. Son mari et leurs fils se rapprochèrent pour entendre ce qu’elle allait annoncer.
— Rassurez-vous, votre fils va bien. Nous lui avons fait un scanner et hormis un bras et une jambe cassée, il n’a que des égratignures. Ses épais vêtements et le fait qu’il portait son cartable devant lui ont vraisemblablement amorti le choc, en plus du fait que le monsieur âgé conduisait bien en dessous de la limite de vitesse.
— Dieu merci ! implora Debby en hébreu tout en levant les mains au ciel.
Elle prit une grande inspiration avant de serrer la jeune femme dans ses bras.
— Par Yaveh, merci du fond du cœur !
Elle l'embrassa sur la joue, lui offrant une partie de son rouge à lèvres au passage.
Tomy lança un regard plein de soulagement à sa mère qui lui sourit en retour.
— Est-ce qu’on peut le voir ? questionna Debby.
— Vous pouvez, mais il a insisté pour voir Tomy en premier.
Tous se tournèrent vers le jeune garçon avec interrogation.
— Je vais te montrer sa chambre, l'invita l’infirmière en lui tendant la main.
Sur l’instant, le visage de la jeune femme lui parut familier. Il attrapa sa main et la suivit. Lorsqu’elle poussa la porte, il aperçut Zach allongé dans un lit blanc, le bras et la jambe droite plâtrée. Il s’approcha tandis que son ami semblait endormi.
— BOU ! s’écria-t-il en se redressant, je t’ai bien eu, mon pote, ah ah !
Les yeux de Tomy se remplirent de larmes et il se jeta sur Zach pour le serrer dans ses bras.
— J’ai eu si peur pour toi ! J’ai cru que t’étais mort ! sanglota-t-il.
— Bah, arrête ! Tu vas mouiller mes plâtres ! Ils sont trop cool, tu trouves pas ?
Tomy releva la tête en essuyant son visage, un grand sourire lui fendant le visage.
— Ouais, ils sont trop génial !
— Vous avez pas un feutre pour qu’il les signe, madame ? demanda Zach à l’infirmière.
Elle fouilla dans la poche de sa blouse et lorsqu’elle se pencha vers Tomy pour lui donner le stylo, il remarqua le badge épinglé à sa blouse : « Jessica Myers ».
Ses yeux s’écarquillèrent tandis que le souvenir de la jeune femme lui revint.
— Vous êtes la maman d’Erin ?
— Oui… répondit-elle en plissant les yeux, comment sais-tu cela ?
— Je vous ai vue par la fenêtre du bus l’autre jour… Erin vous a jamais parlé de moi ?
Elle ouvrit de grands yeux, un large sourire se déployant sur son visage.
— C’est toi le fameux Tomy qui lui a offert une place dans le bus ! Bien-sûr qu’elle m’a parlé de toi, elle parle très souvent de toi !
Gêné, Tomy se mit à rougir et baissa les yeux.
— Comment elle va ? s'inquiéta-t-il timidement.
Le sourire de Jessica se crispa.
— Elle va… (elle marqua un temps puis reprit son souffle), elle va bien. Elle est justement à l’hôpital pour des examens, mais je ne peux pas te laisser la voir pour l’instant.
La façon dont les yeux de Jessica brillaient ne laissa aucun doute à Tomy : Erin était toujours malade et c’était bien plus grave qu’il ne le pensait.
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