Initiez-moi
Lorsque je traverse le hall de l’hôtel d’une démarche qui se veut assurée, je n’en mène pas large intérieurement. Et ma tenue y est notamment pour quelque chose.
« Tu porteras une robe de la couleur de ton choix. Bretelles fines. Talons. Pas de culotte. Tu devras changer d’apparence. Tu devras marquer qui tu es pour la soirée. »
J’ai respecté les consignes. Je porte une petite robe noire courte, avec le décolleté lacé. Des sandales ajourées à talons de 10 cm. Rien dessous, si ce n’est un soutien-gorge noir et rouge, dentelle et lacets. Je ne porte aucun bijou. Mais j’ai noué autour de mon cou un des rubans de satin noir que l’on m’a demandé d’amener. Ce soir je suis Ely, mon double secret, la libertine soumise qui s’apprête à vivre une de ses plus folles expériences. Et ma tenue me semble parfaite pour incarner ce rôle.
Mes talons résonnent sur les dalles de marbre du hall. Les immenses miroirs me renvoient l’image d’une femme que je reconnais à peine. Je sens le regard des deux réceptionnistes m’accompagner alors que je me dirige vers le couloir de gauche et je prie pour que personne ne me demande si je suis cliente de l’hôtel et où je me rends. J’ai clairement l’allure d’une femme qui est très attendue ce soir…
134… 136… 138. La porte de la chambre est entrouverte, comme prévu.
Mon estomac se tord brusquement. L’adrénaline se répand dans tout mon corps, et je ressens des fourmillements douloureux qui se propagent dans mes bras et dans mes jambes.
Derrière cette porte, une femme inconnue et un homme m’attendent. Il est le trait d’union entre elle et moi. Le scénario qu’il a imaginé pour provoquer notre rencontre à toutes les deux est original et audacieux. Comme lors de la première entrevue, il sera notre dominant. Et il a briefé sa soumise pour qu’elle m’accueille et me soumette à leurs volontés. C’est mon premier trio. Et c’est la première fois que je rencontre une femme. Cette seule nuit va concrétiser plusieurs de mes fantasmes.
J’inspire un grand coup avant de pousser la porte de la chambre. C’est le noir complet lorsque je la referme derrière moi. Un parfum masculin flotte dans l’air. Son parfum. Cela me renvoie aussitôt au souvenir de cette première soirée passée avec lui.
Je suis complètement flippée alors que je suis les instructions que l’on m’a données au préalable : poser le sac dans l’entrée, avancer et déposer sur le lit les accessoires – liens et bandeau, garder le silence jusqu’à ce que j’obtienne l’autorisation de parler. Les rideaux sont tirés et ne laissent passer qu’un très fin rayon de lumière. Dehors le jour baisse, mais il est encore tôt. Tout ce que je vois du lit, c’est une espèce de tâche claire, il fait encore trop sombre pour mes yeux. Mais un mouvement à ma droite m’indique que je ne suis pas seule.
C’est Elle.
Mon cœur s’emballe. Je me fige.
- Bonsoir, Ely, me chuchote-t-elle.
- Bonsoir, réponds-je dans un souffle.
Elle prend ma main et la porte à son cou. Je sens sous mes doigts une bande de cuir fermée par un anneau.
- Sais-tu ce que c’est ? me demande-t-elle.
- Un collier ?
- Oui… Sais-tu ce qu’il signifie ?
Les questions ouvertes ont le don de me dérouter dans ce rôle. Je réfléchis soigneusement à la réponse que je dois donner.
- L’appartenance à l’Alpha ?
Où est-il d’ailleurs ? Je ne distingue pas sa silhouette, même si je suis sûre qu’il est tout proche.
- Bonne réponse. Tant que je porte ce collier, je suis Lisbeth.
Seigneur…
- Mais pour toi, reprend-t-elle, ce sera Madame. Est-ce compris ?
Je me mords les lèvres.
- Oui, Madame.
Elle aussi a choisi son nom de soumise. Et son choix m’interpelle. Je pense à la série de livres Millénium, de Stieg Larsson. Le personnage principal, Lisbeth Salander, est très loin d’être une soumise. Je soupçonne ma maîtresse de ce soir d’être une femme de caractère. L’Alpha aura du fil à retordre dans son éducation. Presque autant qu’avec moi d’ailleurs…
- Bien… que ressens-tu, Ely ?
- Je suis stressée, avoué-je dans un souffle.
- Je vais bien m’amuser avec toi, Ely, promet-elle en posant ses mains sur moi.
Je frissonne. C’est l’instant le plus difficile. Celui où je dois vaincre ma peur et me laisser aller totalement à ces délicieuses sensations. Pour l’heure, je reste immobile, poings serrés, tête baissée, tandis qu’elle me caresse délicatement les épaules, les bras, le dos, les hanches, les fesses… elle glisse quelques secondes sous ma robe, s’assurant que je ne porte rien dessous. Je retiens mon souffle.
- Tu as respecté la consigne, c’est bien. Ta tenue est conforme à nos demandes. Dis-moi Ely… mes caresses sont-elles différentes de celles d’un homme ?
- Oui, Madame.
Elles le sont en effet. Plus douces, plus légères, plus voluptueuses… ce toucher inhabituel me rassure et m’électrise à la fois. Elle me fait asseoir sur le bord du lit, et vient se placer devant moi, à cheval sur mes genoux, sans cesser de me caresser.
- Touche-moi, souffle-t-elle. Découvre mon corps.
Je pince les lèvres, avide de découverte, avant de poser mes mains sur ses hanches, sur le tissu de sa robe courte. Je descends le long de ses jolies jambes, subjuguée par l’incroyable douceur de sa peau. J’ai le cœur qui s’affole en remontant jusqu’à sa hanche mais je n’ose aller plus loin.
C’est alors que je le repère. Lui. Mes yeux s’accoutumant enfin à la pénombre, je le distingue à 3 mètres de nous. Assis dans l’angle d’un canapé, il porte un costume anthracite, chemise blanche, élégant, comme à son habitude. Je ne vois pas son visage, mais toute son attitude indique qu’il nous observe attentivement.
Ma tension grimpe d’un cran, alors que je poursuis l’exploration de Lisbeth en caressant d’une main sa poitrine et de l’autre son épaule et sa nuque. Je n’ose pas lever les yeux vers elle. Elle m’allonge sur le lit, puis avec délicatesse descend les bretelles de ma robe le long de mes bras. Elle baisse le tissu jusqu’au niveau de mes hanches, puis procède de même pour le soutien-gorge qu’elle dégrafe habilement en me basculant sur le côté. Je me laisse totalement faire. Je suis curieuse de goûter à ses lèvres qui s’étirent en un sourire, mais je ne peux le demander.
L'Alpha se lève et contourne le lit, venant se placer au-dessus de moi. Il attrape chacun de mes poignets, et d’une main les maintient fermement contre le matelas au-dessus de ma tête. De l’autre, il me saisit la gorge et ses yeux plongent dans les miens, créant le lien que j’avais ressenti lors de notre première soirée. Je le ressens jusqu’au fond de mon ventre. Je retiens mon souffle, hypnotisée par son regard perçant. Il m’embrasse en raffermissant sa prise. Je tremble en sentant en même temps les mains de Lisbeth effleurer mes seins, puis sa bouche et sa langue en agacer les pointes sensibles, avant de descendre contre la peau sensible de l’intérieur de mes cuisses. Plus près… de plus en plus près de mon sexe. Je me sens irradier intérieurement.
L'Alpha me lâche, mais je comprends que je dois maintenir cette position. Il contourne de nouveau le lit pour se rapprocher de Lisbeth. Il passe son doigt dans l’anneau de son collier pour l’attirer à lui et plaquer ses lèvres sur les siennes. Sa main se glisse sous la robe de sa complice, que j’ai devinée nue dessous au cours de ma petite exploration. Elle se met à gémir contre sa bouche, soudain secouée de frissons. Je les contemple avec fascination, excitée par le moindre de leurs gestes, par ses soupirs qui emplissent la pièce et ne font qu’accroître mon désir.
Alors qu’elle reprend son souffle, il l’attrape par les cheveux et la guide doucement, mais avec autorité, entre mes jambes ouvertes. Je redresse la tête juste assez longtemps pour le voir l’accompagner, avant de sentir leurs deux bouches contre ma peau trempée. En une fraction de seconde, je me sens défaillir, et je renverse la tête en arrière en un gémissement libérateur. Bordel… je n’ai jamais connu une telle sensation. Leurs langues se mêlent, explorant les replis brûlants de mon sexe. A travers mes paupières mi-closes, je les vois m’observer, guetter mes réactions et je suis incapable de soutenir leurs regards. Je me laisse totalement aller à ces sensations nouvelles et délicieuses.
- Attache-lui les mains, ordonne-t-il soudain à sa complice.
Prenant un des rubans de satin noir à côté d’elle, elle lie mes poignets devant moi, et je suis impressionnée par sa dextérité et la sensualité de ses gestes.
- Pas trop serré ? s’enquiert-elle dans un souffle.
- Non, Madame.
- Mets-toi à genoux sur le lit.
Je me mordille les lèvres avant de m’exécuter. Je ne sais pas ce qu’ils me réservent maintenant. Tout est possible. Ils sont capables de tout. Ma robe couvre toujours mes hanches et mes fesses. Je porte toujours mes sandales à talons. Lisbeth prend le second ruban de satin et me lie les chevilles entre elles. J’écarte les genoux pour trouver une position stable, au moment où notre Alpha s’empare du foulard. Il le pose sur mes yeux et ma respiration s’emballe brusquement. Je n’ai jamais été attachée de cette façon, sans rien pouvoir voir non plus. Une peur sourde vibre à mes tempes, tandis qu’une excitation sombre me galvanise. Je sais qu’entre eux règne une parfaite complicité extrêmement débridée.
- Qu’est-ce que je vais faire de toi, Lisbeth…, murmure-t-il à ma droite.
Un corps tombe sur le lit, juste devant moi. J’entends sa respiration. Chaque bruit que je perçois ajoute à ma confusion. J’essaye de deviner ce qu’il se passe.
- Sens-tu ma queue, Lisbeth ?
- Oui, Monsieur.
- Que va-t-elle faire à ton avis ?
Ce n’est pas à moi qu’il s’adresse. Mais je me sens malgré tout rougir.
- Elle va rentrer, murmure Lisbeth.
- Oui… elle va rentrer dans ta petite chatte.
Et il s’exécute. Sans ménagement, si j’en crois le claquement de leurs chairs qui résonne à mes oreilles. J’en oublie presque de respirer. Je suis tétanisée par ce qu’il a dit et l’idée qu’il est en train de la prendre juste devant moi, sans que je ne puisse rien voir ou rien faire.
- Dans quelle position sommes-nous, Ely ? me demande-t-il.
- En levrette…, soufflé-je.
- Oui, Ely… En levrette… Tu l’entends gémir ?
- Oui, Monsieur.
- Ecoute-la bien… car c’est toi que je vais baiser après.
Mes cheveux se dressent sur ma tête. Il lui claque alors sévèrement les fesses et je sursaute, comme si c’était moi qui avait reçu ce traitement. Je me sens mouiller au point de couler le long de mes cuisses. Je tremble, comme si c’était moi qu’il était en train de soumettre rudement à ses désirs. Chacun des gémissements et des cris de Lisbeth me provoque des décharges électriques dans la poitrine. Je suis en transe, je n’ai plus aucune conscience de la réalité, de ce que je vis ou non. Tout est surréaliste, tout me dépasse, et je me laisse emporter par ce tourbillon d’émotions et d’énergie. Leurs mains m’effleurent parfois, le visage, les seins, les cuisses…
- Tu sais que c'est ton cul que j'affectionne le plus, Lisbeth, déclare soudain l'Alpha. J'ai très envie d'aller le visiter.
- Oh oui s’il vous plait, répond-t-elle aussitôt d’une voix suppliante.
J’inspire brusquement, bouchée bée. Je me sens même blêmir. Au changement de rythme dans les soupirs de Lisbeth, je le devine s’exécuter et j’ai l’impression d’être complètement déconnectée. Ils connaissent mes limites personnelles et sont précisément en train de faire ce dont je suis incapable. Je suis la spectatrice aveugle et impuissante de leurs dialogues crus et de leurs ébats hard. Je suis loin d’avoir un tel lâcher prise dans mes actes. Je suis à la fois choquée, impressionnée, excitée. Leur complicité est évidente et me fascine.
- Vérifie qu’Ely est réceptive à ce qu'il se passe, lui dit-t-il.
Elle glisse un doigt le long de l’intérieur de mes cuisses, jusqu’à mon intimité palpitante. Elle me teste, langoureusement.
- Plus que réceptive… elle est trempée, souffle-t-elle entre deux gémissements.
Il me caresse la joue et je frissonne.
- Tu vois de quoi on est capable quand on se fait confiance et qu’on lâche prise ? halète-t-il sans cesser son mouvement.
- Oui, Monsieur.
Il m’enlève soudain le bandeau, m’offrant ainsi le spectacle de leurs corps enfiévrés. Elle, en levrette, cambrée, sa robe retroussée à la taille. Lui, débarrassé de sa veste, et pantalon ouvert, agrippé à ses hanches. Ils ondulent, elle en proie à son plaisir, lui concentré sur le rythme qu’il imprime à son corps, attentif à la moindre des réactions de sa soumise.
- Regarde-moi quand je la baise, m’ordonne-t-il soudain.
Je soutiens son regard au prix d’un effort considérable. J’y lis une perversion déterminée à me faire franchir toutes mes barrières, et je détourne les yeux, vaincue par ma pudeur. Je serre mes poings de toutes mes forces pour arrêter de trembler. Je me maudis intérieurement. Cette sensation d’être si novice est insupportable, et cependant le plaisir de la découverte est intense.
Ils s’arrêtent enfin et elle s’effondre sur le ventre, reprenant son souffle. Il fait le tour du lit pour me détacher les chevilles. Elle m’adresse un sourire espiègle. Il se débarrasse du reste de ses vêtements et de sa protection, puis se dresse devant nous sur le lit, son sexe érigé fièrement à la main. Il me fixe intensément. Il n’a pas besoin de prononcer un mot pour que je comprenne ce qu’il veut.
Je rampe jusqu’à lui, docile, imitée par Lisbeth. Nos bouches se posent à l’unisson sur sa queue, nos langues la parcourent avec dévotion et application, se mêlant parfois entre elles en baisers humides et sensuels. Embrasser cette femme est un pur délice. Je savoure le plaisir qu’elle et moi avons l’air de lui procurer, attentives à sa respiration et ses soupirs, guidées par ses mains dans nos cheveux.
L’Alpha nous arrête, gardant la maîtrise de ses sens et de la situation. Elle me délie les poignets et enlève sa robe avant de se coucher sur le dos. Sans même attendre qu’on m’en donne l’ordre, je les imite en retirant enfin ma tenue. Il s’allonge, la tête entre ses cuisses qu’il écarte d’autorité, et je le regarde lécher avec délectation sa partenaire.
Je n’en peux plus. J’ai comme un étau dans la poitrine. Je crispe mes mains dévorées de fourmillements. L’excitation et l’impatience se télescopent violemment. Pitié, abrégez mes tourments… Touchez-moi. Assouvissez-moi. Faites-moi vibrer.
Il me tend soudain la main, m’invitant à le rejoindre. Il m’embrasse et me signifie du regard que c’est à moi de prendre le relais. Mes lèvres, tremblantes, curieuses, et probablement un peu maladroites, découvrent l’intimité douce et chaude de Lisbeth. Ma langue s’aventure entre ses replis secrets, et je goûte son nectar, subjuguée par ce corps féminin palpitant. Mes mains accompagnent mon exploration en glissant le long de ses jambes, douces, tellement douces. Sur son ventre et ses hanches, courbes sensuelles et envoûtantes. Sur sa poitrine, généreuse et harmonieuse. Ma curiosité a laissé place au ravissement, et j’en suis fortement troublée.
- Reste comme ça, me chuchote-t-il. Je vais te baiser pendant que tu lui donnes du plaisir.
Seigneur, j’avais presque oublié sa présence l’espace d’un instant, toute à mes émotions. Je sens une décharge électrique alors qu’il se glisse derrière moi et me relève les fesses. Je suis à fleur de peau, et lorsque sa queue s’introduit enfin en moi, la montée de mon plaisir est fulgurante. Je me mets à crier et une tape sur les fesses me rappelle à l’ordre.
- Moins de bruit, grogne-t-il d’une voix rauque sans cesser de me pilonner.
Il raffermit sa prise sur mes épaules et je glapis. Cette position est des plus excitantes, la concrétisation d’un fantasme de longue date. J’essaye de rester concentrée sur ce que je fais à Lisbeth mais je sens que je perds le contrôle. Je colle ma bouche à son sexe pour mieux la lécher et retenir mes cris. Je m’agrippe à ses hanches. Je gémis contre elle. Putain que c’est bon…
Il me bascule soudain sur le dos, et je me laisse faire, haletante et désorientée. Je suis dans un autre monde, alors qu’elle vient délicatement s’asseoir sur ma bouche et guider mes caresses sur tout son corps, tandis que lui s’avance entre mes jambes ouvertes pour me prendre de nouveau.
Le contraste entre la bestialité de mon complice et la douceur de ma partenaire est déroutant. Leur association est d’une sensualité que je n’aurais jamais pu imaginer. Bâillonnée par le corps de Lisbeth, les mains emprisonnées dans les siennes, je ne peux que subir le plaisir que l’on m’inflige si délicieusement.
Lorsqu’enfin on me libère, ce n’est que pour mieux m’enseigner ma plus difficile leçon. Lisbeth s’éloigne légèrement pour nous observer de loin, en se caressant lentement, obéissant ainsi à l’ordre que l’Alpha lui a donné. Il se met debout au bord du lit, me fait signe d’approcher. Je rampe sur le matelas. Il prend mon visage entre ses mains, effleure mes lèvres encore humides du désir de Lisbeth, glisse son pouce dans ma bouche. Ses yeux sont empreints de sévérité et de détermination lorsqu’il m’ordonne de le sucer.
Je me penche pour m’exécuter, mais alors que je prends sa virilité entre mes doigts pour mieux la guider dans ma bouche, il me saisit les mains et les plaque contre ses cuisses.
- Je vais t’enseigner comment rendre fou un homme, déclare-t-il.
Sa queue franchit mes lèvres avec autorité, et s’introduit jusque dans ma gorge. J’ai un sursaut de surprise et un haut-le-cœur. Il réitère.
- Prends-la, Ely, prends-la bien jusqu’au bout. Tu peux le faire.
Je réagis de la même façon que la première fois, choquée par cette sensation inhabituelle. A la troisième fois, il agrippe ma nuque, m’empêchant de bouger. Je panique littéralement, sentant ce corps étranger dans ma gorge m’étouffer. Je le recrache en aspirant une énorme bouffée d’air. Je halète. Les larmes me montent aux yeux. Mais il recommence, impitoyable.
- Tu peux y arriver, m’encourage-t-il. Anticipe. Respire. Bloque.
Il me tient les cheveux en se caressant contre ma joue, avant de me baiser la bouche et de m’enseigner la leçon du jour. J’essaye d’écouter ses conseils, désireuse d’apprendre et excitée, malgré la grande difficulté de cet exercice. Mes yeux pleurent, mon cœur est complètement affolé, je suis à bout de souffle. J’envisage même de sortir le mot d’alerte et de tout stopper. Mais je persévère en voyant son visage me révéler combien il apprécie les sensations que je lui procure. J’entends Lisbeth se donner du plaisir juste derrière moi. Son excitation à elle aussi est palpable.
Je me calme et essaye de m’adapter. Je lève légèrement mes deux mains comme pour réclamer une trêve et il desserre son étreinte. Je le reprends dans ma bouche et le fais alors glisser lentement dans ma gorge tout en maîtrisant mes réflexes nerveux. Je tiens ainsi quelques secondes avant de le relâcher.
- C’est très bien, Ely, me souffle-t-il en m’attrapant par le cou pour me redresser. Tu apprends vite.
J’ai réussi. J’en soupire de soulagement. Il sourit. Il m’embrasse avec ferveur et me caresse. Ses doigts se faufilent dans mon intimité trempée pour me récompenser de mes efforts et me faire gémir. A genoux, les yeux fermés, je m’abandonne à lui.
- Jouis pour moi, Ely, me souffle-t-il à l’oreille.
Et j’obéis, m’agrippant à lui lorsque l’orgasme me consume. Mes gémissements égalent ceux de Lisbeth qui a reçu la permission de jouir également. Être le témoin de son plaisir m’excite au plus haut point, je me sens galvanisée. Comme connectées toutes les deux, nous nous laissons totalement aller sous le regard satisfait de notre Alpha.
Il nous laisse reprendre nos esprits, sa main faisant de lents va-et-vient sur sa queue dressée. Il fait signe à Lisbeth de nous rejoindre. Nous savons, elle et moi, comment il veut que cela se termine. Nous savons ce qu'il aime. Un bras passé autour de sa cuisse, ma joue posée contre sa hanche, je le branle dans la bouche de notre complice. Elle ne le quitte pas du regard, alors qu’il se déverse en elle dans un murmure rauque. Elle avale sa jouissance, se délecte de son jus, se repaît de son plaisir.
Il renverse la tête en arrière, tentant manifestement de reprendre ses esprits. Nous gardons le silence. Il se penche pour enlever le collier de Lisbeth avant de l’embrasser tendrement. Il fait de même avec moi en détachant mon ruban de satin. Nous ne sommes plus Lisbeth et Ely. Le jeu est terminé. Nous pouvons redevenir nous-mêmes. Elle m’embrasse à son tour et je lui rends son sourire avec chaleur. Nous tournons le visage vers lui. Il secoue la tête en soupirant.
- Vous êtes des dingues, les filles… vous m’avez rendu fou !
Nous nous jetons un regard en coin, elle et moi, complices. Puis relâchant enfin la tension accumulée depuis le début du jeu, nous éclatons de rire tous les trois en nous écroulant sur le lit.
J’ai du mal à refaire surface, à revenir à la réalité. Je suis secouée par l’intensité de ce qu’ils m’ont fait vivre, bluffée par leur mise en scène et leurs efforts pour me conditionner depuis plusieurs jours dans ce rôle, et me permettre de réaliser en une nuit plusieurs de mes fantasmes. Je suis subjuguée par ces deux libertins affirmés capables de mêler jeu et sérieux, douceur et fermeté, tendresse et perversion. Elle se blottit contre moi tandis qu’il m’enveloppe de ses bras. Je goûte à cet instant délicieux, ce moment d’après rempli de bien-être.
Une certitude m’habite : on n’a qu’une vie. Et j’entends profiter de bien d’autres plaisirs…
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