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J’ouvris la porte de ma chambre d’hôtel puis je jetai un rapide coup d’œil dans la pièce. C’était donc ici que mon voyage allait commencer. On était dimanche et demain était un grand jour pour moi. J’allais partir pour la première fois dans un pays étranger, et pas n’importe lequel ! Je partais en Italie, le lieu de mes rêves, pour la première fois et toute seule. J’étais à la fois excitée et en même temps tellement paniquée à l’idée de vivre cette expérience pendant cinq jours. Pour l’heure, j’avais réservé un hôtel proche de l’aéroport car demain, le réveil allait sonner très tôt.
Je commençais néanmoins à avoir une boule au ventre. En vingt années d’existence, je n’avais jamais pris l’avion et je craignais qu’il m’arrive quelque chose. Et si l’avion se crachait ? Et si je ne supportais pas d’être à des milliers de kilomètres de la terre ferme ? Beaucoup de questions trottait dans ma tête, et je n’arrivais pas à me calmer. C’est alors que j’entendis mon téléphone vibrait dans la poche de mon pantalon. C’était Mia, ma meilleure amie.
— Alors, comment se passe le début de ton aventure ? Me lança-t-elle.
— Pour le moment, tout va bien. J’angoisse un peu pour demain matin. Je me demande si partir aussi loin pour une première fois est une bonne idée.
J’appréhendais beaucoup ce moment. Cela faisait cinq mois que j’avais prévu ce voyage, mais rien n’y faisait, plus les jours passés, plus la date fatidique se rapprochait. J’ai voulu à plusieurs reprises annuler les billets d’avion, annuler les réservations à l’hôtel, mais j’avais décidé de laisser le temps passer.
— Bien sûr que c’est une bonne idée, Agathe. Tu verras, dès que tu seras sur place, tu seras la plus heureuse du monde. Après tout ce qu’il t’est arrivé, tu mérites vraiment des vacances au soleil.
Mia n’était pas ma meilleure amie pour rien. Elle savait me rassurer et elle était sans doute beaucoup plus courageuse que moi. J’avais la fâcheuse habitude de tout remettre au lendemain, de fuir ce qui m’angoissait et désormais, j’étais au pied du mur. Plus rien ne pouvait m’arrêter. Je devais y aller. Mia savait que j’angoissais pour tout et rien. Je la considérais comme une grande soeur, même si nous avions le même âge. Elle semblait plus mature que les autres filles que je côtoyais tout en gardant un esprit assez naïf et vif.
— Tu es à la soirée de Charlie ? Lui demandai-je.
— Oui, je ne vais quand même pas louper la fête d’anniversaire de mon chéri ! Il est revenu des Seychelles avec ses parents avant-hier, il me manque tellement.
N’ayant jamais été en couple, je ne comprenais pas vraiment ce que le terme manquer signifiait. Pouvait-on réellement souffrir de l’absence de quelqu’un ?
— Ne t’en fais pas, il ne va pas se volatiliser ! Avais-je surenchérit.
— Tu dis ça car tu n’as trouvé personne encore. Mais un jour, tu verras. C’est moi qui viendrais te consoler car tu te seras faite larguer ou que tu es à des centaines de kilomètres de celui que tu aimes.
Elle se mit à rire à l’autre bout du fil. Mia et moi aimions se moquer l’une de l’autre. Pourtant, je ne croyais pas trop en l’amour. Je n’étais jamais tombée amoureuse de quelqu’un et aucun homme ne s’était approché de moi au collège et au lycée. Je préférais consacrer mon temps pour m’amuser plutôt que de rester coller à un garçon et attendre désespérément de le voir.
— C’est dommage que tu n’es pas là Agathe. J’aurais voulu que tu viennes à son anniversaire pour que tu puisses le rencontrer. Dit-elle.
— Une prochaine fois. On a tout notre temps …
— Qui sait, peut-être que demain nous ne serions plus ensemble ! S’exclama-t-elle avant de se mettre à rire à nouveau.
— Vu comment tu es mielleuse avec lui, ça m’étonnerait fort.
Quelques secondes passaient. Plus personne ne parler. Je sentais mon cœur battre fort dans ma cage thoracique. Je paniquais pour demain. Encore une fois.
— Tu sais Mia, j’ai toujours aussi peur pour demain. Plus les heures passent, plus j’ai envie de reculer et de rentrer à la maison.
— Agathe, tu t’es mise à travailler en plus des cours pour pouvoir payer ce voyage. Tu ne vas quand même pas tout annuler juste pour une petite peur de rien du tout ? Quand tu seras dans l’avion, tout ira mieux.
— Mon père avait peut-être raison. C’est de la folie de partir seule en Italie en sachant que je ne suis pas allée à l’étranger avant.
— Si on écoutait toujours nos parents, on ne ferait plus rien. Profite, c’est tout ce que je peux te dire.
— Profite aussi de la fête. Mais fais attention. Ne commence pas à boire autant que d’habitude.
— Tu sais pertinemment que je tiens très bien l’alcool !
— Hormis la fois où tu as vomi dans le buisson ou encore le black-out que tu as fait à la soirée d’il y a deux semaines.
— Roh, ça va.
Je savais que Mia aimait bien faire la fête, voire beaucoup trop. Elle aimait bien se mettre dans des situations périlleuses en soirée. Je ne me faisais cependant pas trop de soucis car son petit ami était avec elle.
— Tu me promets de faire attention ?
— Oui, bien sûr. Tu m’enverras un message quand tu seras arrivée. Tu me raconteras comment ça s’est passé.
— Bonne soirée, Mia.
— À demain, Agathe.
Je raccrochai. Si seulement j’avais su …
Je m’allongeais dans le lit, en regardant quelques vidéos sur Internet pour pouvoir me détendre un peu. Demain était le Grand Jour.
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