Vendredi 15 juillet 1988. Fin d’après-midi. Île d'Oléron.

Tristan appréciait l’eau rafraîchissante de la douche, qui coulait sur son corps, encore chaud de l’après-midi. Les jets puissants massaient ses épaules et ses trapèzes, pour sa plus grande satisfaction. Il appréciait que tous ses muscles se détendent. Enfin, presque tous, sourit-il, bêtement pour lui-même. Il prit son sexe déjà dur en main et commença à se caresser.

Dans son esprit, il s’imagina lové contre l'italienne, rencontrée à la boutique de piercing, dans la matinée. Leurs regards s’étaient croisés, le temps de payer sa prestation. Elle avait engagé la conversation, dans un bon français, le félicitant pour son bijou à l'oreille. Elle l’avait vu la veille, au camping. Ils avaient discuté le temps que sa copine se fasse percer les oreilles. Le courant était bien passé entre eux. Il avait aimé ses yeux clairs, ses cheveux en cascade, son accent. Le compliment de l’italienne l’avait mis en confiance. Aussi, il l’avait invitée à venir passer la soirée avec ses amis, en essayant de mettre à profit les quelques restes d’italien du lycée qu’il n’avait pas encore oubliés. Elle avait ri de ses maladresses de langage mais avait accepté, sans la moindre hésitation, en précisant qu'elle serait probablement seule. Ce qui l’avait doublement ravi.

Les yeux fermés, il continua à jouer avec son sexe gonflé et bien raide. Sa main droite, bien décidée à lui donner du plaisir. L’image de la jeune fille se précisa dans sa tête.

Ils sont tous les deux, loin de la plage, derrière les dunes. Cachés des regards par une petite cuvette de sable et une végétation d’herbes et de plantes. La jeune fille est allongée sur une serviette, ses seins exposés au soleil. Son sourire l’invite à venir la rejoindre. Il se voit lui enlever son maillot de bain, le faire glisser le long de ses jambes dorées. Ses cuisses écartées, prêtes à l’accueillir.

Soudain, il entendit des portes s’ouvrir, des voix masculines se rapprocher. Il perdit un instant le fil de son imagination.

Au moment de venir sur elle, il surprend un homme devant lui, à moitié caché par la végétation. Les rayons du soleil laissent deviner son visage et son regard en alternance. Tristan ne s’en offusque pas, au contraire. Se sentir observé redouble son excitation. Il revient embrasser l’italienne, qui le guide en elle. Des va-et— vient lents. Les gémissements doux de la jeune fille. Il continue à l’embrasser sur les lèvres, dans le cou. Relève un instant la tête, pour vérifier si l’homme est toujours là, à les observer. Sans qu’il s’en aperçoive, celui-ci s’est déjà rapproché d’eux. La main dans son short laisse deviner un sexe puissament dur. Tristan reconnaît le crâne rasé et le torse musclé du garçon. Celui-ci sourit imperceptiblement, approchant de quelques centimètres encore. Le regard de Tristan l’a-t-il invité à les rejoindre ? Il ne faut pas longtemps pour que le short de l’homme tombe à ses pieds, révélant sa splendide érection. Confiant, le garçon vient s'agenouiller auprès d’eux. La jeune fille sourit à Tristan, se laisse embrasser par cet invité surprise, qui lui propose naturellement de goûter à son membre veiné et chaud. Tristan continue ses vas et viens, plus excité que jamais. Il regarde la jeune fille prendre un plaisir infini. Puis ses yeux se posent sur ceux de l’homme. Celui-ci conserve son charmant sourire. Il vient poser sa main sur son épaule, en signe de complicité. Enserre son cou qu’il rapproche de lui. Leurs visages se font face à présent, leurs yeux communiquent leur plaisir intense de ce moment partagé. L’homme rapproche doucement ses lèvres des siennes. Quelques millimètres seulement les séparent du baiser à venir.

Quelqu’un entra dans la cabine, à côté de la sienne. Derrière ses paupières, la scène de son fantasme se troubla une nouvelle fois, avant de redevenir net.

Cette fois-ci, le garçon est seul, allongé à la place de la jeune fille. Tristan au-dessus. Il continue ses va-et-vient. Le garçon lui attrape les fesses, l’invitant à accélérer le rythme et à aller plus profondément en lui. Alors Tristan s’exécute, ondule son bassin pour varier les plaisirs. Une sensation inédite s’empare de lui. Il n’a jamais connu ça.

Tristan s’appuya contre le mur carrelé, concentré sur son plaisir. Il n’allait pas tarder à…Dans la cabine voisine, un profond soupir d’aise, probablement dû à l’eau qui commence à couler. Heureusement, cela n’empêcha l’excitation de Tristan de culminer à son maximum. Il ne mit alors que quelques secondes pour jouir abondamment sur le carrelage, dans un petit gémissement réprimé. Les derniers jets d’eau finirent de le nettoyer complètement, et la douche par la même occasion. Il prit le temps de se sécher. Grimaces. Il avait dû attraper un coup de soleil sur la nuque.

Il n’aurait su comment l’expliquer, mais à ce moment-là, il repensa à Lucas. Il avait occupé son esprit plusieurs fois dans la journée. Plus il y pensait, plus son comportement, ce soir-là dans son appartement, lui apparut évident. Comment avait-il été aussi aveugle et naïf ! Il ne savait pas comment leurs retrouvailles au Petit Marcel se dérouleraient. Fallait-il faire comme si de rien n’était ? Ou au contraire, le prendre à part et le faire parler ? Cela allait-il tout changer entre eux ?