27 - Visite du satellite
3 mars 2300
Chères toutes et chers tous. Comment allez-vous aujourd'hui ?
Moi je reviens juste de la mission de deux jours pour réparer Xenoblade. Ce n'était pas compliqué (sans cela je n'aurais pas été intégrée à l'équipe), mais par contre, qu'est-ce que mes trois potes m'ont enviée :-D.
D'où nous sommes partis et/ou sommes-nous allés : le satellite est situé au-delà de Nereid, la lune la plus éloignée de Neptune (sur le point de Lagrange Npt_2). Pour y aller, nous n'avons pas utilisé une navette normale, mais une navette sans systèmes gravitationnels (0G pendant une journée tout entière, que du bonheur). Je me suis demandé pourquoi, mais c'est pour ne pas dérégler les instruments du satellite, certains ayant une sensibilité si extrême qu'un simple système anti-g juste à côté pourrait changer l'étalonnage (d'un chouia certes, mais tout de même). La navette en est quand même équipée en cas de problème, juste qu'ils ne sont pas activés et tant mieux.
C'est l'approche qui m'a le plus subjuguée. Le Xenoblade étant un mastodonte de plus de cent mètres, il m'a donné l'impression d'arriver au bas d'un immeuble stratosphérique terrien (comme la tour Restast) et de regarder vers le haut.
Nous nous sommes habillés et c'est là que je me suis rendu compte qu'en apesanteur, c'était plus compliqué que prévu. Les tenues sont prévues pour être mises facilement, mais sur la gravité terrienne, pas en flottant dans tous les sens. Heureusement, l'équipe m'a aidée quand ils ont remarqué mes déhanchements nonchalants.
Après, nous devions atteindre le haut du télescope, là où se trouve la trappe. Il y a le long du télescope un chemin ferrugineux. Les tenues qu'on a comportent des semelles entièrement aimantées. C'est très bizarre comme sensation. Ce n'est pas de la gravité, c'est plus comme porter des chaussures trop grandes dans lesquelles on flotterait. C'est un peu difficile à utiliser, mais après quelques pas, on s'habitue.
L'équipe est composée de deux-trois techniciens, d'un ou deux attrapeurs (une personne avec un propulseur sur le dos – on est tous attachés à la rambarde, mais on ne sait jamais), des deux pilotes (toujours deux pilotes pour ces missions – ici, ils font aussi office d'attrapeurs) et d'un sac à oxygène. Nos combinaisons, comme n'importe quelle combinaison, sont équipées de recycleurs d'air qui peuvent fonctionner très longtemps (mais pas à l'infini, contrairement aux opinions reçues). Mais durant les réparations, il peut y avoir un problème avec une combinaison. On applique alors une procédure qui consiste principalement à emballer la personne qui a un problème dans un sac oxygéné.
J'ai pris un holo de la porte. Mais je ne suis pas rentrée à l'intérieur, il aurait été dommage que je casse ce gros joujou par maladresse. Je suis plutôt restée dehors durant les réparations. J'ai discuté avec les deux pilotes, ils m'ont appris plein de choses. L'un d'eux est dans le métier depuis 34 ans, et ne travaille qu'entre trois et six mois par an avant de retourner dans sa famille élever ses six enfants. Nous, nous nous situons à un des points les plus lointains jamais atteints par un humain. Il y a bien eu des fous qui se sont lancés plus avant, mais aucun n'est revenu.
Pendant que tous travaillaient à l'intérieur, les pilotes m'ont proposé de me démagnétiser. Oui, vous avez bien lu, de me démagnétiser. Je ne les ai pas crus au début, mais après insistance (et après qu'ils m'aient mis une seconde corde d'une longueur de trois cents mètres), je me suis démagnétisée et tout doucement, je me suis mise à flotter, les deux câbles formant des sinusoïdes entre moi et le vaisseau. J'étais en apesanteur, loin de tout, à un endroit où probablement nulle autre personne ne viendra jamais, et ce pendant de longues minutes, les plus longues et les plus heureuses de ma vie.
Le retour fut un peu plus terre à terre : connexion au satellite, reformatage du satellite, démarrage des tests, etc.
À plus pour d'autres nouvelles.
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