Je me souviens...

Le vent soufflait fort, la tempête déversait son flot de pluie sur la fenêtre. Il faisait nuit depuis un bon moment, mais je ne trouvais pas le sommeil.

C'était ta première nuit. C'était ma première nuit.

Toi, tu dormais, serein, à mes côtés. Je n'en revenais pas de cette merveille. D'avoir réussi cet exploit.

J'entendais ton souffle régulier, et, parfois, un petit bruit tout attendrissant.

Je ne parvenais pas à me résoudre à éteindre la veilleuse. Et pourtant, il fallait dormir... Plus de trente heures que je n'avais pas pris de repos. Non, je ne parvenais pas à l'éteindre, cette petouine qui diffusait une si douce lumière, se posant sur ta joue, dessinant l'arc de tes sourcils, révélant tes lèvres rosées.

Je voulais en profiter encore. Savourer encore. M'emplir les yeux de toi, de ta réalité. Entendre ta respiration. Poser délicatement ma main sur toi.

C'était comme un miracle. Un bonheur indescriptible, si fort qu'il en fait mal. Mais c'était du bonheur... Juste du bonheur. Sentir ainsi battre la vie.

C'était ta première nuit. Tu avais vu le jour à midi.

C'était ma première nuit de maman.

Dors bien, mon petit ange. Toi qui as bien grandi et m'appelles désormais "ma petite maman". Car oui, grande gigue, tu es plus grand que moi, maintenant !