3.
De l'extérieur, c'est étrange, mais le ciel n'a pas les mêmes couleurs, et je me surprends à avoir envie, avant que la nuit ne tombe, de voir si depuis les hauteurs du canyon, la vue vaut la peine d'être immortalisée. Il monte sur le côté, au-dessus de la grotte que je viens d'explorer, un étroit sentier de chèvres. Le soleil, bien qu'il soit déjà bas sur l'horizon, devrait encore me donner le temps de monter et de redescendre avant la nuit. C'est entre chien et loup que se prennent les meilleures photos, et un peu d'altitude permettra de mieux voir les contrastes. Je dresse ma tente - il est hors de question d'emmener mon sac là-haut, ce serait un coup à faire une mauvaise chute - et j'entame l'ascension. Les premiers instants sont une promenade de santé. Mais bientôt, je commence à sentir les pierres rouler sous mes pieds. Allons, je continue, ce n'est qu'un mauvais moment à passer. C'est un sentier de chèvres, certes. Mais je ne suis pas plus bête qu'une chèvre, et j'ai des chaussures antidérapantes. Je repars d'un pied léger, et cela semble dans les premiers mètres me donner raison, puisque le sol se stabilise pour faciliter ma progression. Mais ce n'était qu'une illusion trompeuse. Je dérape encore, cette fois méchamment, et je bascule. Dans un réflexe, in extremis, je me raccroche à une racine. Et en bas, c'est le vide.
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