Proposition : Description d'un paysage

Durée : 20 minutes

La cage d’escalier est le dernier chemin du condamné. Les marches en bois craquent sous les paris, elles en hurleraient presque. Le parquet sombre porte les stigmates du passé. Ses rayures sont ses blessures de guerre. On croit l’entendre gémir. Quelqu’un lui a craché dessus. Juste à côté, un masque gît comme une provocation.

La peinture des murs, vert bouteille, s’écaille, s’effrite à coup de graffitis. Des phallus à tout-va. Des grands, des petits, il y en a pour tous les goûts. Au premier étage, les prénoms font leur apparition. Certains seuls, d’autres à deux ; tout dépend l’intention.

Une lampe a rendu l’âme, l’endroit devient lugubre. Les fenêtres sont condamnées, mais condamnées à quoi ? Fermées à perpétuité, l’air vient à manquer. Une couche de poussière grasse les recouvre. Épaisse, elle masque la lumière du jour.

Au sommet de l’escalier, dans cet endroit reculé, une feuille de papier déchirée. Si on la dépliait, on y verrait la sentence sans appel. Les professeurs savent être cruels. La note est salée. À côté de la copie, un emballage de papier de bonbon comme maigre consolation.

La sonnerie retentit. Quelques notes délicates. Et alors, ils débarquent : un bruit sans nom, des vociférations. Ça crie, ça rit, ça se marre ou se bagarre, ça discute ou se dispute.