Le temps guérit les blessures
Pour pouvoir contempler un arc-en-ciel, il faut d'abord endurer la pluie.
J'ai une vie épanouie. Heureuse. J'ai un mari aimant qui prend soin de moi et un chien qui me comble de joie. J'ai un métier difficile mais qui me passionne. Mais la vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille...
Nous avons pour projet, mon mari est moi, de concevoir un enfant. En quelques mois, je suis tombée enceinte. Quel bonheur !
J’ai appris que j'attendais un enfant il y a quelques mois. Cela faisait plusieurs jours que je me posais la question de faire un test dont une prise de sang qui s’est avérée positive. Lorsque j’ai su que j’allais devenir maman, j’étais partagée entre une immense joie mais aussi le doute et la peur. Etait-il possible que je devienne enfin mère ? Est-ce que j’allais remplir ce rôle important qu’est celui de devenir maman ? Est-ce que tout allait se dérouler comme prévu ?
Je me suis empressée de le dire à mon mari le soir même. Il n’en revenait pas que cela soit arrivé aussi vite. Mais il était vraiment content. Je lui ai acheté un livre « le guide du super futur papa » dans lequel je lui ai laissé un petit mot. Ensemble, nous nous posions des millions de questions. Enfin surtout moi. Je commençais à lire des ouvrages pour me documenter et je me projetais dans cette future vie familiale en devenir. Bref que des bonnes nouvelles. A ce stade-là, on ne peut pas se dire que tout peut basculer du jour au lendemain… la vie ne peut que nous sourire !
Et c’est pourtant c'est ce qui est arrivé. Début juin, avec mon mari, nous venions de déménager dans une nouvelle ville car nous construisons une maison dans un village non loin de notre nouvelle location. Tout s’annonçait plutôt bien. Puis tout a basculé. En juin, j’avais rendez-vous chez la spécialiste pour mon premier contrôle. J’attendais dans la salle d’attente de la gynécologue, partagée entre stress et excitation. En effet, au début de ma grossesse, je ressentais de nombreux symptômes que beaucoup de femmes peuvent ressentir comme : la perte d’appétit, les nausées...
Sauf que ces symptômes ont disparu du jour au lendemain. Je me disais au fond de moi que ce n’était rien, que beaucoup de femmes vivent leur grossesse sans avoir la moindre nausée. C’était déjà pourtant un prémisse de ce qu’allait malheureusement m’annoncer la gynécologue.
Ce jour-là, j'arrive donc au rendez-vous et là, la gynécologue me réalise son discours habituel autour de la grossesse, de l’alimentation, de la toxoplasmose…bref elle me met à l’aise. Une gynécologue vraiment cool et gentille.
Mais en arrivant sur la table pour réaliser l’échographie, elle m’annonce assez rapidement que ma grossesse s’est arrêtée. Je me rappelle encore bien distinctement de ces mots :
« Je suis vraiment navrée, c’est notre premier rendez-vous ensemble mais je ne peux pas vous annoncer quelque chose de positif. Pour moi, la grossesse s’est arrêtée ».
Puis plus rien, le temps s’arrête. On cherche d’abord à comprendre ce qu’il se passe, mais on se prend littéralement une claque dans la figure. Les larmes me sont montées directement et je me tournais vers mon mari qui lui aussi avait l’air perdu et attristé de me voir ainsi. Je questionnais alors la gynécologue pour comprendre ce qu’il se passe et celle-ci me répondait tout simplement que cela pouvait arriver, que la nature fait bien les choses et que si cela s’est arrêtée c’est qu’il y avait bien une raison…
La nature ? alors c’est ainsi…tout peut s’arrêter du jour au lendemain…
Sans qu’on le sache vraiment pourquoi et sans vraiment que l’on soit prête à l’entendre.
Je sors donc de ma consultation complètement sonnée et perdue. Je venais donc de faire une fausse couche sans le savoir ? On pense toujours que cela n’arrive qu’aux autres mais quand on est confronté à la réalité, celle-ci est parfois cruelle…
Je suis donc restée plusieurs jours à la maison en attendant un second rendez-vous de contrôle chez la gynécologue qui me permettrait de confirmer l’arrêt de la grossesse. La gynécologue m’a alors expliqué que la nature pouvait se manifester et laisser les choses sortir « naturellement » mais que si ce n’était pas le cas, il fallait que je me rende à l’hôpital pour prendre un médicament ou bien réaliser un curetage. Et là, ce fût encore plus le choc. Non seulement je devais attendre plusieurs jours à la maison avec « ma grossesse arrêtée » dans le ventre mais en plus je ne savais pas du tout comment allait se dérouler l’issue de cette douloureuse aventure…
Ces quelques jours à la maison à ruminer, à chercher à comprendre ce qui m’est arrivé, sans trouver vraiment de réponses, ont été les plus douloureux. C’était tout simplement, stressant, angoissant. Oui je ne suis pas la première femme et la dernière à faire une fausse couche. Mais ce n’est jamais rien de banal. On pense donner la vie et c’est finalement, la mort qui frappe à notre porte…
Le plus difficile c’est de se dire : « Quel bonheur, je vais devenir maman ! » et de se projeter dans la grossesse pour finalement se retrouver sur un lit d’hôpital à prendre un médicament pour tout stopper. Bref, c’est ainsi, plus rien. On ne peut pas revenir en arrière et tout effacer.
Oui, la fausse couche n’a rien de banal. Oui, la fausse couche fait souffrir. C’est toujours un évènement difficile dans la vie d’une femme. Chaque grossesse est investie dès la première seconde par chaque femme. Même celles qui ne souhaitent pas garder leur enfant. C’est toujours une décision difficile et douloureuse… Et puis, il y a comme une sorte de tabou autour de tout cela que je déplore…
Ma mère a réalisé plusieurs fausses couches, dont une à quatre mois qui a été vraiment la plus traumatisante. Alors comment cela se fait-il que je l’apprenne uniquement le jour où moi-même j’en réalise une ? c’est assez troublant et inexplicable…
Sans doute avait-elle ses propres raisons de taire ces histoires. Peut-être que ces évènements étaient beaucoup trop douloureux pour le partager avec sa fille...
Mais elle a été présente pour moi le jour où j’ai dû me rendre à l’hôpital pour prendre le fameux médicament qui allait me libérer de cette situation douloureuse qui a duré plus de deux semaines et demie.
Fin juin, arrivée à l’hôpital, une infirmière me prend en charge et m’explique en détails tout ce que je dois savoir sur le traitement donné pour arrêter la grossesse.
Je prends donc ce fameux médicament au goût vraiment immonde que je laisse fondre dans ma bouche de nombreuses minutes. Heureusement pour moi, le traitement agit vite et bien. Les infirmières et la psychologue s’occupent de moi en me parlant, en me rassurant, en me fournissant une bouillotte pour les douleurs. Je dois tout de même subir des maux de ventre, de la diarrhée et surtout une énorme fatigue. Puis en milieu de journée tout rentre dans l’ordre et je peux enfin rentrer chez moi pour me reposer. Je rentre donc à la maison et je me couche tôt, épuisée par cette épreuve.
Tout aurait bien sûr pu s’arrêter là. Mais ce ne fût pas le cas. Le lendemain même, j’apprends le décès de mon grand-père. C’était une personne à laquelle je tenais énormément. Il s’est occupé de moi et de ma sœur quand nous étions petites. Au fond de moi, je me réjouissais de pouvoir lui annoncer dans quelques mois qu’il allait être arrière grand-père. Mais la vie en a décidé autrement…Je n'ai pas pu lui faire mes adieux, ni lui annoncer la bonne nouvelle. La vie est parfois cruelle. Ce n’est pas une route toute droite que l’on empreinte sans trébucher ni tomber. Le plus difficile c’est toujours de se relever…
Je pense que de nos jours la fausse couche ne doit plus être un tabou et nous devrions pouvoir en parler plus librement. Oui je pense qu’en parler ne répare pas ce qui a été fait, mais permet d’avancer. Alors soyons courageux et parlons-en autour de nous.
Il y a quelques mois j'ai sombré dans la dépression à cause de ces évènements qui sont survenus brûtalement dans ma vie. Malgré ces moments difficiles, je sors la tête de l'eau afin de croquer la vie à pleine dent. Notre moment sur cette terre n'est qu'un instant, il est éphémère et c'est pour cette raison que nous devons en profiter pleinement. De là haut, je sais que mon grand-père veille sur moi et qu'il espère me voir heureuse et épanouie dans ma vie.
Malgré cette douloureuse épreuve, mon mari et moi-même nous n'abandonnons pas nos projets de vie.
Il faut simplement se dire que la vie est comme un chemin sur lequel on marche chaque jour. Parfois c'est une ligne droite, parfois il y a des virages, des obstacles au milieu de la route, des trous ou mêmes plusieurs bifurcations. Le plus important si on finit par tomber, c'est de se relever et de poursuivre la route. C'est une route que l'on ne va empreinter qu'une seule fois, jusqu'à notre arrivée où tout se termine.
Alors même si comme moi, vous vivez des évènements difficiles durant votre vie, gardez le sourire et poursuivez votre chemin. Vous êtes plus fort que vous ne le croyez !
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