1. L’aigle, le cerf et le lion
-Eh, il est temps de partir.
Byleth maugréa intérieurement de son temps de sommeil nettement diminué, mais obtempéra. Ce n’est qu’en se redressant pour sortir du lit qu’elle remarqua qu’elle était couverte de sueur. Elle passa rapidement sa main pour constater les dégâts, et elle ressortit trempée.
-Bon sang Byleth, gémit Jeralt en voyant sa fille dans cet état déplorable, encore un cauchemar ?
Non, ses cauchemars ne l’avait jamais mis en sueurs. Ils étaient désagréables, difficiles à supporter, mais elle commençait à avoir l’habitude de refaire le même en boucle depuis cinq ans. Et honnêtement, elle préférait en faire que d’oublier.
Car oublier est la pire chose qui pouvait se produire en son sens.
Ce qui la mettait dans cet état là n’étaient donc pas ses cauchemars, mais autre chose.
En essayant de se remémorer ce qui s’était passé dans son cerveau cette nuit, Byleth arriva au même constat que ses précédentes nuits :
-C’était la jeune fille du trône, maugréa t’elle en commençant à se préparer.
-Encore elle ? fit Jeralt en lui envoyant ses habits par dessus le paravent. Tu m’en as déjà parler, mais je ne l’ai jamais croisé avant.
-Je me serais poser des questions si tu avais déjà croiser une petite fille assise sur un trône avec des oreilles pointues.
-Ne me sous estimes jamais quand j’ai bu plus de trois verres d’alcool.
Et c’était tout. Jeralt se mordit la lèvre, comme depuis cinq ans. Sa fille avait toujours garder son sens de l’humour (dont il était très fier de dire qu’elle l’avait hérité de lui), mais elle parlait d’un ton tellement froid et sans une once d’émotions qu’on avait du mal à faire la différence.
Ses Mercenaires la prenait pour quelqu’un de sans pitié, mais lui savait que ce n’était pas ça.
Cela n’avait pas toujours été le cas. Et cela lui faisait mal d’y penser.
-Quoiqu’il en soit, fit-il en sortant de la pièce, tu me feras le plaisir de te dépêcher. L’Empire est loin, et c’est pas en traînant au lit comme tu aimes le faire qu’on y arrivera avant la nuit.
L’Empire hein… Byleth sentit une petite pointe lui piquer le cœur, mais se contenta de répondre par l’affirmative (sauf pour sa flemmardise au lit, où elle contre-attaqua avec son flegme habituel par l’argument ‘’je ne traînerai pas au lit si je devais moins surveiller tes boissons le soir’’)
Elle n’avait pas encore finit de s’habiller que son père revient dans la pièce tel une tornade d’armes et d’armures :
-Ah et au fait, tu peux me faire le plaisir d’aller rapidement faire le tour du camp pour regarder si rien n’a été oublier ? Ce serait vraiment bête d’oublier une arme, vu le prix que ça coûte de nos jours…
-Ai-je le droit de me poser des questions sur pourquoi une arme se trouverait seule et perdue à la lisière du camp ?
Toujours aucune émotion, mais Jeralt avait l’habitude. Il se contenta de sourire pour lui même en lui criant depuis l’autre pièce où il venait de disparaître :
-Je t’accorde l’argument de la boisson !
***
Après avoir ratissé de long en large les alentours du camp, Byleth finit par admettre que le javelot qu’elle avait trouvé était bel et bien le seul écart de son père. Elle leva les yeux au ciel : les rayons du soleil commençait à se réveiller timidement du côté d’Adrestia, comme tous les matins depuis la création de Fodlan.
Mais les levers de soleil étaient encore plus beaux sur les montagnes d’Adrestia.
-COURREZ PLUS VITE, ILS SONT SUR NOUS !
-CELA VOUS VA BIEN DE DIRE ÇA CLAUDE, VOUS QUI AVEZ PRÉFÉRÉ FUIR AU LIEU DE COMBATTRE !
-JE M’EXCUSE PLATEMENT SI AFFRONTER UNE COHORTE DE BANDITS A TROIS NE M’A PAS SEMBLER ÊTRE LE MEILLEUR PLAN POUR ASSURER LE FUTUR DE L’ALLIANCE !
Le futur de l’Alliance ? Des bandits ? Au son des voix, Byleth se retourna immédiatement vers l’orée de la forêt : au même instant, trois jeunes personnes en sortit. Le premier à immerger des arbres broussailleux était un jeune homme brun à la peau matte vêtu d’une cape jaune, qui semblait, malgré sa course désordonnée, passer un bon moment.
Le deuxième à immerger était également un jeune homme, mais qui était l’exact opposé du premier : blond, pâle comme la neige et vêtu d’une cape bleue, qui lui semblait trouver la situation beaucoup moins drôle.
Enfin, la dernière personne à sortir des bosquets était cette fois une jeune femme, avec des cheveux blancs soyeux, vêtu de rouge et de noir.
Quelque chose frappa Byleth chez cette femme, mais elle ne saurait dire quoi… Elle avait l’impression de l’avoir déjà vu il y’a bien longtemps déjà…
Mais quelque chose n’allait pas.
Les instincts de chasse de Byleth prirent le dessus, et elle envoya dans la direction de la jeune femme le javelot qu’elle avait en main : bien lui en prit, car le javelot réussit à dévier la hache qui venait de voler dans sa direction, lui évitant une mort certaine.
-Eh, par ici ! s’écria t’elle aux trois individus, les incitant à courir vers le camp.
-Ouah, joli lancé ! s’exclama en guise de réponse le garçon en jaune. Votre présence, serait-elle un miracle ? Les dieux sont trop bons envers moi.
-Il est vrai que ce javelot m’a sauvé la vie, renchérit la jeune femme. Vous avez toute ma gratitude, et bien plus encore si on arrive à survivre.
-Pas de quoi. On arrive au camp, vous pourrez y trouver des renforts.
Même si Byleth ne comprenait pas grand chose à la situation, deux choses seulement lui importait : Il y’avait des personnes en danger à cause de bandits.
C’était amplement suffisant pour la faire agir. Mais au fond d’elle, elle savait que ce n’était pas tout. Ces trois jeunes… Elle sentait que ce n’était pas des civils ordinaires. Ils étaient tous bien vêtus, de façon presque identique. Et ils parlaient de façon beaucoup trop distinguées pour qu’ils fassent partie du bas peuple.
Tout en courant, Byleth leva les yeux vers la fille aux cheveux blancs qui l’avait remercié de lui avoir sauvé la vie. Un sentiment désagréable lui picota le cœur lorsqu’elle croisa une fois de plus son regard, mais elle ne savait toujours pas la raison de cela.
Son maintien, sa dignité…
Pourquoi tout chez cette femme lui rappelait Léo ?
Non, pas tout. Ses yeux reflétaient quelque chose mais ce n’était pas la détermination de son meilleur ami.
***
-Par la déesse, mais qu’est-ce que c’est que ça ? murmura Jeralt en voyant sa fille débarquer avec trois parfaits inconnus.
-Pas le temps de t’expliquer, fit calmement Byleth en retour. Des bandits veulent leurs peaux.
-Des bandits ?
Jeralt balaya du regard les trois jeunes gens, s’arrêtant particulièrement sur la jeune femme, comme si lui aussi, semblait la reconnaître.
-Des bandits, ici ? répéta t’il pour être sûr d’avoir bien entendu l’information. Ce n’est pas possible, cela fait quelques semaines qu’on boule le secteur, et je n’ai jamais entendu que des bandits séjournaient dans les environs.
-Et pourtant elle dit vrai, parla le garçon blond. Nous avons été attaqués en traître, alors que nous nous reposions.
-Ouais. Ils en veulent autant à notre vie qu’a notre bourse, renchérit le garçon en jaune.
-Vous êtes Mercenaire n’est-ce pas ? termina la jeune femme. Auriez-vous l’obligeance de nous prêter main forte ?
Byleth sentit clairement que son père était en train de les jauger du regard. Elle décela d’ailleurs une lueur de stupeur lorsque son regard se posa sur les uniformes que portaient les inconnus.
-Attendez, cet uniforme… Ce ne serait pas…
-Captain Jeralt ! s’exclama un de leurs hommes (dont Byleth ne s’était pas soucier de de retenir son nom) y’a une grande troupe de bandits qui arrivent sur le village de Remire !
Le jeune garçon blond eut un léger élan de tristesse, et Byleth réussit à distinguer le murmure de ses lèvres :
-Alors les villageois… c’est à cause de nous qu’ils…
-Putain sérieusement, déjà ?! s’exclama son père. Pas le temps de parlementer, on fonce avec les hommes présents actuellement. Le village de Remire a eut la gentillesse de nous accueillir, il est hors de question d’en laisser un seul mourir !
Byleth approuva silencieusement ses paroles, trouvant son père beaucoup plus chevaleresque quand il était sobre.
-Nous combattrons à vos côtés.
C’était la jeune femme qui avait parlé, et tout son corps gracieux semblait se préparer à rentrer dans la mêlée.
Elle avait l’expérience du combat, cela tombait comme une évidence.
-Hors de question, refusa immédiatement le mercenaire. Vous êtes des élèves de Garreg March, et je tiens pas à ce que Rhéa me retrouve pour me faire la peau.
Garreg March ? Rhéa ? Byleth fronça légèrement les sourcils, ce qui était le maximum qu’elle pouvait faire pour signifier à son père qu’elle était perplexe quand à ses propos.
-On sait se battre, répliqua le garçon blond. Et on ne compte pas rester les bras croisés à attendre que les bandits à notre poursuite massacrent des villageois innocents.
-Ils ont raison, fit le garçon en jaune avec un clin d’œil. Laisser des innocents mourir ne serait pas très chevaleresque, surtout que je peux faire des merveilles si vous me laissez utiliser l’un de vos arcs.
-C’est hors de…
-Papa !
Jeralt se retourna vivement vers sa fille, surpris de la voir hausser la voix. Byleth continua fermement :
-On a pas le temps de négocier sur qui se bat ou qui ne se bat pas. Fonce avec les mercenaires, je m’occupe de leur fournir une arme et de les accompagner sur le champ de bataille. Toute personne sachant manier une lame, ou un arc, est bonne à prendre.
Pendant qu’elle parlait, elle vit la gratitude percer le regard de la jeune femme vêtue de rouge et de noir.
Mais ce n’était pas suffisant pour combler la lueur étrange qui se reflétait dans ses yeux.
-Mais je… bon et puis fait comme tu veux, mais fait gaffe à eux, compris ?!
Byleth hocha la tête et son père fit de même : ils n’avaient pas besoin de plus pour communiquer. Jeralt appela d’un cri les mercenaires présents, et tous se mirent à courir en direction du village de Remire.
Les trois jeunes suivirent Byleth sans discuter, prenant en main les armes qu’elle leurs donnaient. Une lance pour celui en bleu, une hache pour la dame en rouge et un arc pour le garçon en jaune.
Sans même réfléchir à si elle avait le droit où si c’était incorrect d’imposer quelque chose, Byleth prit le commandement de cette petite troupe improvisée.
Elle leur imposa des directives, des manœuvres et des embuscades parfaitement calculés. Et étrangement, les trois jeunes lui obéirent sans poser de question.
Elle avait tout de suite remarquer que celui en jaune était un excellent tireur et était très discret, mais semblait avoir quelques difficultés à esquiver.
Alors elle lui avait ordonner de se poster dans la forêt environnante.
La jeune femme à la hache avait une puissance de frappe phénoménale, mais manquait encore un peu de précision.
Alors elle avait demandé à l’archer d’affaiblir l’ennemi avant qu’elle ne l’achève.
Quand au garçon blond… il jouissait d’une technique phénoménale, mais avait tendance à se mettre constamment en danger.
Alors elle supervisait tous les coups qui pouvait dégénérer en sa défaveur.
Byleth n’avait jamais réellement fait attention à comment elle arrivait à distinguer les forces et les faiblesses de chacun, tout simplement parce qu’elle ne faisait jamais part de ses observations. Elle savait qu’elle pouvait le faire, et ça s’arrêtait là.
Toujours est-il que les trois jeunes lui obéissaient au doigt et à l’œil, et que les bandits étaient en total déroute. Quand plus un seul bandit n’étaient dans le secteur (soit mort, soit en fuite vers les mercenaires qui les attendaient à bras ouvert), Byleth se permit de souffler une seconde. Machinalement, elle posa le genou à terre et fit une prière rapide pour les âmes des bandits.
Elle n’avait aucune idée de quand elle avait commencé à prier pour la paix des défunts, mais elle le faisait après chaque bataille.
Après chaque bataille, Byleth posait son épée et priait silencieusement pour que ceux dont elle avait causer la mort rejoignent le royaume de la déesse.
Même si au fond d’elle, Byleth savait que ses prières étaient purement égoïstes.
-Ouah ! Vous… vous étiez en train de prier où je rêve ?
Elle rouvrit les yeux, et s’aperçut que le garçon en jaune et le garçon en bleu se tenaient juste à côté d’elle.
-Est-ce si surprenant ?
-Quelque peu effectivement, répondit le garçon blond. En voyant la férocité avec laquelle vous combattiez, je n’aurais pas penser que vous étiez femme à prier.
-Quelle grossièreté vous faîtes preuve envers notre sauveuse Dimitri ! s’exclama le garçon en jaune avec son éternel sourire gravé sur son visage. Excusez le, il n’a pas vraiment de manières.
-Moi ? Sans manières ? Dites-moi, êtes vous inconscient ou êtes vous simplement incapable de vous taire ?
-Je dirais réaliste, vu qu’aucun de nous n’a pris la peine de se présenter.
Il souri encore devant le regard de haine que lui lança le dénommé Dimitri, fit un clin d’œil et salua tel un chanteur d’opéra.
-Je m’appelle Claude Von Riegan. Enchanté de vous rencontrer !
-Dimitri Alexandre Blaiddyd, renchérit rapidement le garçon en bleu. Je vous remercie sincèrement de nous avoir sortit de ce mauvais pas, je saurais m’acquitter de cette dette.
-Byleth Eisner, fit machinalement la mercenaire, son cerveau tournant à vive allure. Von Riegan et Blaiddyd…
Et d’un coup, elle se souvient pleinement des leçons d’histoires qu’avait essayé de lui inculquer Léo :
-Mais alors vous êtes…
Les deux se firent un léger sourire, amusé de voir le temps que cela lui a prit pour se rendre compte d’une évidence :
-Les héritiers du Royaume et de l’Alliance ? fit Claude en passant ses bras derrière la tête. Effectivement, mais actuellement on est simplement des étudiants à l’académie des officiers donc vous pouvez vous passer de tout titre formel et ennuyant à notre égard.
Byleth ouvrit alors de grands yeux, mais pas pour les mêmes raisons : si ces deux jeunes gens étaient respectivement le futur dirigeant de l’Alliance et l’héritier du Royaume de Faerghus, alors la troisième…
-Où est votre camarade ? s’exclama-t’elle plus vivement qu’elle ne l’aurait voulu.
-Edelgard ? fit Dimitri en levant un sourcil interrogateur, déconcerté par sa réaction. Oh, elle a dit qu’elle voulait faire un tour pour vérifier si les villageois allaient bien.
Edelgard. Cela ne pouvait pas être une simple coïncidence.
D’un seul coup, Byleth sentit son cœur s’affoler. Les trois futurs dirigeants des trois régions de Fodlan étaient présent.
Edelgard Von Hresvelg était présente.
Cette fois, un mal de crâne la prit par surprise, la faisant légèrement grimacer sous l’effet de la douleur. Elle n’avait aucune idée de pourquoi cela la prenait maintenant, mais les voix…
Les voix n’avaient pas disparût.
'’Léo ! Non, Léo, je t’interdis de mourir tu m’entends ?! Tu en as pas le droit !’’
‘’Byleth… Je suis désolé… J’ai échoué à protéger la princesse Edelgard.’’
‘’Non, non, NON ! Tout n’est pas finit Léo !’’
‘’Byleth, mon amie, ma très chère amie… Tu dois… protéger la princesse… Je t’en prie, ne la laisse pas mourir… Elle est… l’avenir d’Adrestia… et ma raison de vivre’’
‘’Arrête Léo ! Je te laisserai pas mourir ici tu m’entends ! Caspar t’attends et Edelgard aussi ! Et moi aussi Léo… On a tous besoin de toi !’’
‘’Je suis… désolé… de tous vous laisser tomber…’’
'’Dit pas ça Léo !… Léo ?! LEEEOO !!!’’
"’Tu les entends toujours n’est-ce pas ? Les demandes des morts ?’’
Byleth avait maintenant la tête en feu, mais elle avait réussi à distinguer une voix différente de celle de Léo et de tous ceux tombés.
C’était la jeune fille du trône.
"Est-ce toi qui me rappelle ses derniers instants éternellement ?’’
"Non, tu sembles le faire de toi même. De façon volontaire’’
Cela n’avait pas de sens, rien n’avait de sens… Tout n’était que douleur, cris, pleurs et sang…
-EH ! Vous allez bien ?!
Et brusquement, tout s’arrêta. Elle se rendit compte qu’elle était à genoux, se tenant la tête dans ses mains. Au dessus d’elle se tenait Claude et Dimitri, qui semblaient particulièrement inquiets :
-… oui, merci, grommela t’elle en se redressant rapidement. Maux de tête violents, ça m’arrive quelques fois sans raisons apparentes.
-C’est particulier tout de même, s’étonna Dimitri. Enfin, je me demande ce que fait Edelgard…
-Le joli prince s’inquiète pour sa belle princesse à la chevelure blanche ?, le taquina Claude.
Même Byleth avait prédit le coup de poing qui arriva.
Esquissant un petit rire en direction des deux héritiers qui débattaient furieusement sur si le coup de poing de Dimitri était noble ou pas, Byleth tourna les yeux et l’aperçut au loin :
La même princesse pour qui Léo avait donné sa vie. La même princesse qui avait tant pleurer dans ses bras.
Quand elle les aperçut tout les trois, elle esquissa un bref sourire et se mit à courir dans leurs directions pour les rejoindre.
Mais malheureusement, elle l’avait aperçut trop tard.
Un bandit, un seul bandit, sortit d’absolument de nulle part, sa hache dégainée. Edelgard n’eut pas le temps de brandir sa hache pour parer le coup, qui se rapprochait inévitablement d’elle.
Byleth ne sût pas ce qui se passa dans sa tête. La seule chose dont elle se souvient, c’était le coup qui la transperça de part en part, tandis que les paroles de Léo lui revinrent encore et toujours en tête :
" Je t’en prie, ne les laisse pas mourir"
***
Du vide
De la douleur
Du sang qui perlait
Son sang
L’angoisse
La souffrance
Elle sentait à la fois tout et à la fois rien
Était-ce donc cela, la mort ?
-Idiote ! Mais pourquoi tu t’es jetée comme ça sur cette hache ?!
Lorsque Byleth ouvrit finalement les yeux, ce fût pour tomber sur la jeune fille du trône. Contrairement à tout ses précédents rêves d’elle, elle semblait parfaitement réveillée.
Et très en colère.
-C’est pas vrai, mais je suis vraiment attachée à une imbécile pareille ?
Byleth ne savait pas quoi dire. En fait, elle ne comprenait absolument rien à ce qui se passait.
Mis à part qu’elle se sentait comme une enfant ayant fait une grosse bêtise.
-… c’est grâce à toi que je suis en vie ? murmura t’elle en direction de la fillette.
-Effectivement, et tu devrais me remercier pour cela, fit-elle en esquissant un sourire. Enfin en vie… J’ai juste arrêter le temps.
"J’ai juste arrêter le temps." Byleth se mordit la lèvre inférieure, se sentant comateuse à l’intérieur. Elle était maintenant persuadée qu’elle était en plein coma éthylique après avoir trop poussé sur les choppes de bière.
-Alors premièrement, s’exclama de nouveau la jeune fille, non t’es pas complètement alcoolisée. Je suis bien réelle, je suis juste dans ta tête.
Elle sembla remarquer alors que ses paroles avaient encore moins de sens, mais elle balaya toutes questions d’un revers de main. Byleth y crut alors, parce qu’elle n’avait pas d’autres choix que d’y croire.
-Deuxièmement, je t’interdis de penser que je suis une gamine ! Je suis très ancienne et j’ai un nom ! Je m’appelle Sothis.
Sothis… Ce nom lui semblait à la fois si doux et si familier…
-D’accord, Sothis, acquiesça Byleth. Et pour ce qui est de la hache ?
-Ah oui, la hache !
Bizarrement, Byleth ne se sentait pas plus en confiance que ça concernant les capacités de cette jeune fille à lui sauver l’existence.
-Hm… fit-elle en passant machinalement son doigt dans ses tresses vertes. Là j’ai arrêter le temps, mais si je lui fait reprendre son cours tu mourras à coup sûr… Comment faire…
-Et si on remontait le temps ?
-Ah, pas bête ça !
Encore une fois, Byleth se demanda qu’est-ce qu’elle avait fait pour se retrouver avec une jeune fille pareille dans son crâne.
Même si cela changeait du souvenir de Léo, et de tout les autres.
D’un coup, Byleth sentit la tête lui tourner : tout semblait devenir flou, incertain. Comme si le flot du temps n’avait pas encore trouver sa route.
-Oh, et oublie pas ! entendit Byleth au loin. Cette jeune femme que ta conscience te fait protéger à certes un grand rôle à jouer dans l’avenir de Fòdlan, mais toi aussi tu es importante ! Alors évite de mourir bêtement !
***
-Hé ! Vous allez bien ?
Encore étourdie, Byleth leva les yeux et son regard se posa sur les visages inquiets de Dimitri et Claude.
Des visages beaucoup trop familiers.
Puis d’un coup, tout lui revient en mémoire : la hache, Edelgard, Sothis, le retour dans le temps…
Sans perdre une seconde, elle ignora la sueur qui dégoulinait de son front et dégaina son épée en se précipitant vers Edelgard, qui venait à peine de commencer à courir pour les rejoindre.
Elle savait. Elle savait que le bandit allait apparaître à cet instant précis.
Dans un mouvement habile, elle se plaça devant la princesse et para la hache avec précision, et contre attaqua avec sa jambe pour l’envoyer valser au loin. Une flèche s’abattît sur lui, et Byleth eut un visage reconnaissant pour Claude qui avait réussit à rapidement dégainer son arc.
-Edelgard ! s’écria t’il en courant vers leurs positions. Vous n’êtes pas blessée ?
Le regard d’Edelgard passa rapidement de Byleth, à Claude, puis sur Dimitri qui venait d’arriver.
-Tout va bien, Claude, merci à notre alliée ici présente, déclara t’elle finalement avec un sourire sincère. Vous m’avez sauver la vie deux fois aujourd’hui, je vous suis infiniment reconnaissante.
-Ça fait trois fois au total, elle devrait penser à prendre des abonnements, ricana une voix dans la tête de Byleth.
L’expression de surprise de la mercenaire concernant la voix dans sa tête étonna les trois jeunes gens, mais ils ne posèrent pas plus de questions.
-Je serais toujours avec toi maintenant, va falloir t’y habituer. Et répond, c’est malpoli de rien dire quand une princesse est reconnaissante.
-Pas de quoi, finit par déclarer laconiquement Byleth en rangeant son épée.
Edelgard sembla surprise de la neutralité de sa réponse, mais elle ne s’était toujours pas départit de son sourire : elle avait une autre idée en tête.
-Je vous ai vu combattre, continua t’elle, et vos talents à l’épée sont absolument phénoménaux. Comme votre sens du commandement par ailleurs : vous avez sût maîtriser la situation du début à la fin avec brio !
-… et c’est pourquoi le Royaume de Faerghus a grand besoin de talent comme vous, compléta Dimitri à la place d’Edelgard.
-Dimitri, laissez-moi terminer je vous prie. L’Empire d’Adrestia a grand besoin de personnes aussi compétentes que vous !
En y réfléchissant, Edelgard ne savait absolument pas pourquoi elle voulait à tout prix recruter cette mercenaire en particulier. Elle la sentait… familière.
Mais elle n’avait aucune idée d’où provenait ce sentiment.
-Houlà vous deux, vous perdez pas de temps à vouloir recruter une personne qui vous a juuuuuuste sauver la peau ! s’exclama Claude en riant ouvertement de ses deux camarades. Personnellement, je pensais discuter avec elle sur le chemin, l’inviter à boire un thé durant les heures de pause à l’académie, lui offrir des fleurs ou je ne sais quoi AVANT de la supplier de venir aider l’Alliance de Leicester ! Mais bon, apparemment on doit tout faire rapidement dans ce monde de brute… Alors, à qui choisissez-vous de prêter allégeance ?
-Hm… fit Byleth en arborant une légère moue. Techniquement, le principe d’un mercenaire est de ne prêter allégeance à personne, non ?
Les réactions se firent très diverses : le visage d’Edelgard se décomposa lorsqu’elle réalisa la bêtise qu’elle venait de commettre, celui de Dimitri devient rigide en regrettant d’avoir suivit Edelgard trop vite, et Claude éclata complètement de rire devant celui des deux autres.
-Il… est vrai que c’est un point… important, bafouilla Edelgard. Même… vital lorsqu’on y réfléchit. Évidemment je ne peux pas vous forcez à tout quitter pour venir servir Adrestia mais… songez-y quand même ?
Byleth trouva sa détermination à la recruter presque mignonne.
-En même temps, fit Sothis, lui prêter allégeance te permettra de la protéger plus efficacement… non ?
Elle secoua machinalement la tête. La promesse qu’elle avait faite à Léo était terminée depuis longtemps.
Elle avait sauvé la princesse.
Léo devrait reposer en paix… non ?
Alors pourquoi, pourquoi cette promesse agonisante continuait de la hanter ?
Et d’un coup, la cruelle vérité la transperça de plein fouet :
Sa promesse… n’avait pas encore trouvé sa fin.
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