Journal

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Note d'Ilia

J'ai cherché en vain des traces du journal des servantes que mentionnait Rouge. Soit c'était une invention de sa part, soit c'était un des secrets les mieux gardé. Je n'ai pu trouver que ceci dans des archives de la soixante-septième cohorte que m'avait fournies Taric.

J'allais enfin rencontrer, voir cette personne qu'on m'a tant décrite et qu'on m'a formée à servir. J'étais arrivée sur son vaisseau il y a dix jours, elle n'était pas là. Elle était en mission pour répandre les vraies paroles de nos dieux. J'avais enfin eu l'honneur d'obtenir ma toge rouge il y a un mois. Dans le boudoir de son vaisseau spatial, j'allais enfin la rencontrer.

On nous a annoncé il y a quelques heures qu'elle revenait avec sa cohorte de campagne. Depuis, les dix ponts supérieurs de son vaisseau s'étaient transformés en fourmilière, les toges rouges couraient dans tous les sens, préparant sa venue. Le rôle de porte-forge m'avait été échu, une fonction simple et rassurante pour une première fois. J'allais pouvoir porter l'arme de ma Seigneur.

La pièce était sublimement décorée de coussins de tissu et de voilages. Adjacente à son boudoir se trouvait son bain que préparaient des servantes, les vapeurs d'humidité s'en dégageaient. Nous attendions tous et toutes l'arrivée imminente de notre maîtresse. J'étais excitée comme une puce à l'idée de poser mes yeux sur le guerrier capable de faire peur aux dieux eux-mêmes.

Un bruit sourd de pas se faisait entendre dans le couloir et là, la porte s'ouvrit sur un colosse en armure noire telle une carapace. Entre les jointures, un feu orange brillait et dégageait des nuages de fumée. Sa tête aux yeux de feu balayait la pièce où la chaleur devenait étouffante. L'armure prit une position étonnante, comme assise dans le vide, et dans un grincement strident, l'armure devint immobile, comme inerte. Les flammes des jointures s'éteignirent et une grande quantité de fumée se dégagea de l'imposante tenue, rendant la pièce étouffante de chaleur.

Un craquement de cliquetis se fit entendre, des bruits de décompression, et l'armure semblait s'ouvrir. Les centaines de plaques d'acier éclosaient telles des pétales et en son centre, laissèrent apparaître ma seigneur. Elle attendait, j'aurais presque dit nonchalamment, que l'armure finisse de relâcher son emprise.

— Enfin, un jour de plus là-dedans et je serais devenue folle, ma bière.

Elle restait affalée dans son armure entièrement éclose, laissant apparaître son corps nu qui dégageait une telle puissance. On aurait dit qu'elle sortait d'une douche, entièrement trempée, même ses longs cheveux noirs. Un serviteur lui tendit un grand verre de ce liquide doré, je l'avais goûté et il m'avait répugné par son amertume. Elle le but d'une traite.

Un soldat de sa cohorte se présenta en tenue de combat devant elle, indiquant que dans cinq heures, les rites funéraires des soldats auraient lieu.

— J'y serai à l'heure, ne vous en faites pas, ils méritent tous un honneur pour leur service.

Après quoi, elle énuméra une longue liste de défauts sur son armure. Une épaulière enfoncée par une explosion, une jambe déréglée par une salve de tir, des défauts sur un gantelet, l'alimentation de son arme avait eu des ratés. Une liste longue comme le bras que le soldat notait sur une tablette avant de sortir de la pièce.

Une fois la porte fermée, son visage dur laissa place à une expression détendue et sa voix devint étonnamment nonchalante.

— Je n'accuserai pas la moindre minute de retard pour les rites funéraires, alors au travail, messieurs-dames. Je pue la transpiration, j'ai bu à la paille un liquide sans saveur pendant sept jours, alors vous avez cinq heures pour me faire oublier tout ça. Le bain a intérêt à être bouillant et rempli des meilleures huiles de cette galaxie. Mes cheveux sont dans un état horrible et bon sang, je sens la chatte négligée.

Durant ma formation, on nous avait appris que les Gardes phoenix avec leurs serviteurs n'avaient aucun filtre et même forçaient le trait. Je n'y croyais pas jusqu'à maintenant.

Elle sortit une jambe de son armure, elle me paraissait si musclée, puissante, c'était intimidant. Du haut de mon mètre cinquante-cinq, voir ma maîtresse nue dans cette pièce à la chaleur étouffante me fit comprendre que les légendes n'étaient pas si éloignées de la vérité. Elle fit le tour de son armure comme pour l'inspecter, saisissant une autre bière en chemin. Arrivée sur le côté, elle tapa brusquement sur un revolver immense rangé dans une sorte de holster sur le côté de l'armure. Un cliquetis se fit entendre et elle attrapa un tube noir perforé six fois. Sa forge. Je me précipitai à ses côtés pour tendre mon coussin où elle devait la poser selon les protocoles.

Elle explosa d'un puissant rire.

— T'es nouvelle ?

— Oui, puissante maîtresse.

— Maîtresse suffira, je ne me sépare jamais de ma forge, désolée. Mais promis, je vais te trouver une utilité. Suis-moi.

Elle se dirigeait face à son armure ouverte, se pencha et sortit un revolver de taille humaine cette fois-ci. Il était mis dans un emplacement prévu à cet effet sur un côté interieur de l'armure. Elle glissait la forge dedans avec une telle fluidité, elle avait dû le faire des milliers de fois. Elle se retourna face à moi a quelque centimètre. Elle posa un pied sur un tabouret, écartant une jambe sans la moindre gêne, exposant toute son intimité. Ca lui donnait une présence étrange debout, arme à la main, verre de bière dans l'autre et sa jambe écartée me laissant face à elle. Je me sentais si insignifiante face à ma maîtresse. Elle glissa le fut de son arme sur mes épaules, faisant tomber les bretelles de ma toge et la fit tomber au sol. Elle me regardait avec une envie presque effrayante.

— Intéressant.

Elle but de grandes gorgées de son liquide.

—Tu m'accompagneras pour toute cette journée.

Et elle me fit signe de m'écarter. Un serviteur attendait derrière moi et prit ma place.

— Sept jours, et le pire, personne pour s'occuper de ma fleur intime comme vous écrivez dans vos journaux. Bon sang, détendez-vous, une chatte c'est une chatte, point barre.

L'homme se pencha et se mit à lécher ma maîtresse. Le livre ne mentait pas sur l'insatiable désir des gardes Phœnix.

— Oh oui, c'est bon ça.

Elle finit sa bière à grandes gorgées, faisant déborder le liquide de ses lèvres, ruisselant sur son corps et sur le serviteur affairé à la lécher. Elle lança son verre contre un mur brutalement et me fit sursauter avant de saisir la tête de son serviteur et de la maintenir plaquée sur son intimité.

— Quatre heures trente, il vous reste pour me faire jouir, m'apporter de la bouffe et que je sente plus l'ombrlune après une averse.

Elle tira la tête de son serviteur en arrière.

— Tu vas pas dire le contraire, ma chatte doit être une infection, mais te connaissant t'aimes ça.

Et elle le replaça. Je ne savais pas où me mettre ni quoi faire. Elle tourna sa tête vers moi et planta son regard dans le mien.

— Tu sais faire des massages ?

Je lui répondis par l'affirmative, la tête baissée.

— Parfait, j'ai pris une méchante explosion le troisième jour au niveau de l'épaule, ça me fait un mal de chien

Elle faisait de grands cercles avec son épaule, dessinant une musculature impressionnante.

  • Ça fait du bien de revenir sur son vaisseau, à la maison. Vous m'avez manqué en bas. Direction la douche avant que j'étouffe ce pauvre bougre.

Elle relâcha sa pression, il était rouge, reprenant difficilement sa respiration. Je la suivis dans la salle de bain, une grande pièce noyée de vapeur d'eau brûlante. Elle se glissa dedans avant de s'allonger contre le rebord. Dans un coin de la pièce se trouvait un bol contenant une crème pour éviter les brûlures. Je m'en passais sur tout le corps avant de venir m'asseoir derrière ma seigneur, mettant mes jambes dans l'eau bouillante. Même avec la crème, je sentais comme des langues de feu m'englober. Elle posa sa tête sur mes cuisses et je me mis à masser ses épaules aussi dures qu'un mur et chaudes comme l'eau.

Deux serviteurs apportèrent des plateaux de mets raffinés ainsi qu'une bouteille d'alcool orangé, elle se servait sans retenue.

— Nouvelle, connais-tu les us et coutumes des rites funéraires des cohortes ?

Je lui répondis par l'affirmative et elle me questionna sur des formules et protocoles que je connaissais. Tout en lui répondant, je la massais puis lui lavais les cheveux durant un long interrogatoire sur mes connaissances et prières.

— Bien, tu m'accompagneras, mais attention, pas le moindre faux pas, chaque soldat mérite une cérémonie parfaite.

Sa voix était devenue dure, froide et stricte, et changea du tout au tout entre deux bouchées pour redevenir nonchalante et provocatrice.

— Sinon tu dirais que tu sais lécher ?

Je m'excusai de ne pas comprendre la question. Elle se tourna dans le bain, m'écarta les cuisses et engouffra son visage sur ma fleure. Je sentait sa langue se frayer un chemin dans les vagues sinueuses de mes lèvres intimes avant de s'enfoncer en moi, ce qui m'arracha un gémissement de plaisir insoupçonné. Avant que ma maîtresse relève la tête.

— Lécher, bouffer une chatte, faire un cuni, j'ai envie de jouir. Et clairement, je n'ai pas envie de bite, je veux une langue entre mes jambes pour me faire crier comme la dernière des salopes phoénix de cette galaxie. Je te pisserai sûrement dessus d'ailleurs, si tu me fais jouir. Enfin bref, je répète ma question : tu sais lécher ?

Elle me regarda, le visage noyé de désir face à mon incrédulité devant ses propos.

— Je vais prendre ça pour un oui.

Elle sortit du bain, alla sur un transat, écarta les jambes et se mit à caresser son fourreau.

— Tu vas pas me laisser seule tout de même ?

Je la rejoignis, me glissant entre ses jambes sous le regard attentif des autres serviteurs présents. Les livres disaient tout un tas de choses sur les premières rencontres et ils avaient, pour la plupart, raison : nous étions leur jouet et ils en prenaient possession avec une autorité naturelle. De deux doigts délicats, elle écartait ses lèvres intimes, me laissant tout le loisir de m'offrir à son intimité. À peine mes lèvres entrèrent en contact avec les siennes, sa main agrippa fermement ma tête, appuyant avec une force qui me coupait le souffle, tandis que ses gémissements puissants résonnaient dans la pièce. Elle me bloqua ainsi sans aucune difficulté, pendant un temps qui me parut interminable, entre le manque d'oxygène et les sensations intenses que sa fente libérait en vagues de plaisir humide. Ma libération vint finalement d'un puissant jet de liquide, témoin de son plaisir débordant.

— Enfin, ça fait trois jours que dès que je fermais les yeux, je faisais des rêves érotiques. Merci, nouvelle, je vais te garder dans mon lit à mon avis.

Je ne la quittai pas du reste de la journée. À la cérémonie funéraire, elle semblait être une nouvelle personne, droite, stricte, avec un respect infini pour ses soldats. Durant les deux heures, elle ne montra aucun signe d'ennui ou d'irrespect. Même l'inverse, elle semblait profondément touchée par la perte de trois cent trente-deux soldats. J'exécutai les prières en lieu et place et le cérémonial d'adieux des flammes. À la fin, son visage fut traversé d'une vague de sincérité qui me prit de court.

— C'était une magnifique cérémonie, nouvelle servente. Je suis ravie de vous avoir à mes côtés merci.

En fait, dès que des membres de la cohorte étaient là, elle changeait du tout au tout par rapport à ses serviteurs. Elle prenait le rôle d'une dirigeante forte et juste. Avec nous, elle était à son état naturel, une force brute de la nature.

Le soir venu, dans sa couche, sa fougue eut presque raison de mon corps, mais je gardais en tête le petit bout de papier que m'avait glissé un autre serviteur avant d'entrer dans sa chambre.

Les étoiles meurent toutes un jour.

Je venais de rentrer à son service, et je glissai la lame tranchante d'un couteau le long de sa gorge sous son regard médusé. Son sang brûlait mes mains et ses yeux s'éteignaient. La soixante-septième cohorte n'avait plus de chef à servir.

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