Chapitre 24
Hélas, la cérémonie d’inauguration n’épargna pas à la Lisa la vue de Scott Davis, qui, vêtu de sa tenue de baseball bleue et blanche, se pavanait fièrement dans les allées menant au complexe sportif du lycée.
- Comment peut-il continuer à frimer, maintenant que tout le monde sait ce qu’il a fait à Ashley et à Melina ? lança Astrid en marchant aux côtés de Lisa jusqu’au terrain de baseball.
Le chemin qui longeait la piste d’athlétisme jusqu’au gymnase était bordé de camions-restaurants qui répandaient dans l’air d’alléchantes odeurs de friture et de barbecue. Des hordes d’élèves faisaient la queue devant ces stands pour commander des burgers, des frites ou des corn dogs, et Lisa commençait à regretter d’avoir déjà pris son déjeuner.
Il était deux heures de l’après-midi et le soleil tapait déjà bien fort au milieu du ciel bleu azur. La température venait de dépasser les vingt degrés et ne semblait pas prête de s’arrêter de grimper. Un vrai temps estival. Difficile de croire qu’on était encore en hiver !
- Kevin m’a dit qu’il allait se chercher à manger avec Joey, continua Astrid. Il ne reste plus qu’à les retrouver au milieu de toute cette cohue…
Les spectateurs qui affluaient vers le terrain de baseball paraissaient de plus en plus nombreux. Beaucoup d’élèves avaient invité leur famille à venir assister à la cérémonie, en particulier les joueurs de l’équipe de baseball, qui déambulaient dans les allées accompagnés de leurs parents et de leurs frères et sœurs. Tandis qu’Astrid cherchait des yeux Kevin et Joey, Lisa, elle, sondait la foule à la recherche de M. Bates. Elle aperçut la mascotte des Lincoln Lions qui gesticulait devant une bande d’enfants riant aux éclats, et se demanda comment le lycéen qui portait ce déguisement de lion faisait pour ne pas crever de chaud. Elle-même avait retiré sa veste en jean et se baladait désormais en simple t-shirt. En arrivant aux abords du terrain de baseball, un drôle d’attroupement attira son attention : il était composé en grande majorité de femmes qui brandissaient des pancartes portant les mots « Justice pour Ashley », « Ashley méritait mieux », « Touche pas à ma fille », accompagnés de portraits photo d’Ashley Westbrook. Des journalistes avaient rejoint ces militants pour les filmer et les interviewer, et certains élèves ne pouvaient s’empêcher de les photographier avec leur smartphone.
- Tiens, tiens, je ne savais pas que les défenseurs d’Ashley Westbrook seraient au rendez-vous..., commenta Astrid. J’espère qu’ils vont mettre un peu d’ambiance à la cérémonie !
- Tu penses qu’ils ont écouté les MP3 d’Ashley, eux aussi ? demanda Lisa.
- Bien sûr que oui ! Tout le monde les a écoutés !
- Tout le monde sauf moi, manifestement…, marmonna Lisa à voix basse.
- Hey Kevin ! On est là ! s’écria alors Astrid en agitant ses bras en l’air.
Le garçon se fraya tant bien que mal un chemin parmi la foule pour essayer de s’en extirper sans renverser sa barquette de frites, suivi de près par Joey qui tenait un corn dog dans chaque main.
- Tu es sûr que tu auras assez à manger ? s’exclama Lisa pour taquiner son ami. Tu aurais peut-être dû en prendre un troisième !
- Eh, je n’ai rien avalé à midi, moi ! riposta Joey. Et puis, il me faut bien ça pour supporter de voir une fois de plus les Lincoln Lions s’auto-congratuler…
- Tu as raison, finit par approuver Lisa. Je crois que je vais me prendre un truc à grignoter, moi aussi. Tu sais s’il y a un stand de glaces ?
- Là-bas, à l’entrée du gymnase, indiqua Joey en pointant son doigt vers la salle de sport.
- OK, j’y vais. Je vous rejoins tout à l’heure sur le terrain de baseball. Vous pouvez me garder une place ?
- Ça dépend, répondit Joey avec un sourire malicieux. Tu veux bien me prendre un cornet à trois boules ?
- Quoi ? Mais tu as déjà deux corn dogs à terminer !
- T’inquiète pas ! Le temps que tu reviennes, je les aurai déjà finis !
- Très bien. Tu veux quels parfums ?
- Vanille, fraise, chocolat. Avec des éclats de noisettes par-dessus, si possible.
- Je vais voir ce que je peux faire… A tout de suite !
Lisa dut jouer des coudes pour réussir à se frayer un passage jusqu’à la camionnette du marchand de glace. Une dizaine d’élèves faisaient déjà la queue devant le stand, et Lisa dut se résoudre à rejoindre le bout de la file et à attendre son tour. Pour tuer le temps, elle se remit à chercher M. Bates au milieu de la cohue, mais celle-ci était si dense qu’elle ne parvint à le trouver nulle part. Elle finit par se demander s’il n’avait pas réussi à boycotter la cérémonie.
« Tant mieux pour lui » se dit-elle. « Au moins, il pourra profiter de son week-end avant tout le monde ! »
Elle avait pourtant tant espéré le voir aujourd’hui… Dépitée, elle reporta son regard sur les bacs remplis de crème glacée et réfléchit aux parfums qui l’aideraient le mieux à compenser sa déception.
- Un cornet avec deux boules au caramel et au beurre de cacahuètes, s’il vous plaît, demanda-t-elle au glacier.
Elle passa également la commande pour Joey, et se retrouva bientôt avec un cornet de glace dans chaque main, ce qui rendit tout de suite plus difficile la traversée de la marée humaine qui s’étendait entre elle et le terrain de baseball.
« Pas de panique. Il suffit juste de regarder où je mets les pieds » se dit-elle pour se rassurer.
Ce fut à cet instant qu’elle aperçut M. Bates à quelques mètres sur sa gauche, flânant près des gradins, les deux mains dans les poches. Il était vêtu d’un élégant costume de lin blanc, qui mettait parfaitement en valeur sa chemise couleur saumon et son fameux nœud papillon turquoise. Il avait l’air à la fois classe et décontracté, et marchait d’un pas tranquille en direction du lieu de la cérémonie. Lisa était tellement heureuse de le voir dans de si beaux habits qu’elle continua d’avancer au milieu de la foule sans le quitter des yeux. C’était vraiment plus fort qu’elle : elle ne pouvait se résoudre à le lâcher du regard, tant il la fascinait... Elle se sentait attirée vers lui comme un aimant et refusait de le perdre de vue un seul instant.
Hélas, ce qui devait arriver arriva, et elle percuta de plein fouet l’individu qui arrivait en face d’elle. La violence du choc fut si terrible que Lisa fut propulsée en arrière et manqua de tomber sur les fesses, avant d’être retenue de justesse par l’une des personnes qui marchaient derrière elle.
- Attention ! s’exclama celle-ci, avant de s’écarter de la jeune fille comme si elle était dangereuse.
Sonnée par cette collision aussi brutale qu’inattendue, Lisa remarqua avec stupeur qu’il ne restait plus dans sa main droite que la pointe du cornet de glace que Joey lui avait commandé. Elle leva aussitôt les yeux pour voir sur qui s’était écrasé le restant de sa crème glacée, et découvrit avec effroi que le colosse qu’elle venait de heurter n’était autre que Frank Kowalski, le coach de l’équipe de baseball du lycée.
- Bon sang mais c’est pas vrai ! s’écria celui-ci en constatant l’étendue des dégâts sur sa veste de sport bleu marine.
Les trois boules de glace vanille-fraise-chocolat dégoulinaient lentement sur son survêtement des Lincoln Lions jusqu’à venir tacher ses baskets Nike.
- Oh mon Dieu, je… je suis vraiment désolée ! bégaya Lisa, tétanisée.
- Ça t’arrive de regarder où tu marches ? lança l’entraîneur, avant de reprendre son chemin d’un air furibond.
Encore sous le choc, Lisa essaya de rassembler ses esprits et de comprendre pourquoi sa glace au caramel et au beurre de cacahuètes était la seule à avoir miraculeusement survécu à l’accident.
- Pfff..., soupira-t-elle en pensant à Joey qui devait déjà avoir terminé ses corn dogs et attendre avec impatience qu’elle lui apporte sa glace.
« Il ne me reste plus qu’à aller lui en chercher une autre… »
Mais lorsqu’elle vit la file d’attente monstrueuse qui serpentait devant la camionnette du glacier, Lisa renonça aussitôt à son projet.
« Oh, et puis après tout, il n’aura qu’à prendre la mienne ! » se dit-elle, avant de se remettre en route vers le terrain de baseball.
Elle retrouva ses camarades assis à la dernière rangée de chaises qui avaient été installées dans l’herbe, à droite du pupitre en bois où le maître de cérémonie n’allait pas tarder à faire son discours. La moitié des places étaient déjà occupées par des élèves, des parents et des enseignants, mais Lisa n’aperçut nulle part son prof de maths... Sa rencontre avec M. Kowalski lui avait définitivement fait perdre la trace de M. Bates.
- C’est pas trop tôt ! s’exclama Joey en voyant arriver son amie.
- Je suis désolée… J’ai eu un petit contre-temps…
- Quoi ? C’est tout ce qui reste de ma glace ? se récria alors Joey, qui venait de remarquer le bout du cornet que Lisa tenait encore dans sa main droite. Ne me dis pas que tu l’as mangée en route !
- Mais non ! se défendit la jeune fille. Je l’ai simplement renversée…
- Renversée ? répéta Joey, ahuri. Mais comment tu as fait ton compte ?
- Je… Je suis rentrée dans le coach Frank…
- Quoi ? s’exclama à son tour Astrid. Tu as renversé ta glace sur l’entraîneur de l’équipe de baseball ?
- Je ne l’ai pas vu arriver ! Il m’a foncé dessus et je n’ai pas eu le temps de l’éviter…
A ces mots, la blonde partit d’un éclat de rire qui déclencha aussitôt celui de Kevin et Joey. Tous les trois regardèrent Lisa en se tenant les côtes, incapables de contenir leur hilarité.
- Quel dommage qu’on ait raté ça ! lança Kevin en essuyant les larmes de joie qui lui coulaient des yeux. J’imagine qu’il devait être furieux !
- Surtout s’il comptait faire un discours pour la cérémonie, ajouta Astrid. Il est bon pour aller se changer, maintenant.
- Tiens, en attendant, tu peux prendre ma glace, déclara Lisa en offrant sa crème glacée à Joey dans l’espoir de calmer son fou rire. Je sais que ce n’est pas tout à fait celle que tu voulais, mais c’est toujours mieux que rien.
Sur ce, elle prit place à côté de son ami et parcourut à nouveau le public des yeux. M. Bates était introuvable. Où était-il donc passé ? Elle savait qu’il était dans les parages : elle l’avait entrevu quelques instants plus tôt. Un homme avec un costume blanc aussi rayonnant pouvait difficilement passer inaperçu !
« Heureusement d’ailleurs que ce n’est pas sur lui que j’ai renversé ma glace... » songea Lisa. « Sa veste blanche en aurait pris un sacré coup… »
Comme elle se disait qu’elle avait finalement eu de la chance dans son malheur, Lisa vit apparaître son prof de maths sur le terrain de baseball, marchant en compagnie de deux autres enseignants vers les rangées de chaises situées à gauche du pupitre. Jubilant intérieurement, elle se remit à suivre M. Bates du regard et le vit s’installer à l’extrémité du troisième rang.
« Parfait ! » se dit-elle.
Peu de têtes lui masquaient la vue qu’elle avait sur son prof et elle se réjouissait déjà à l’idée qu’elle allait pouvoir l’observer en secret pendant toute la durée de la cérémonie. Bien sûr, elle devait veiller à ne pas le fixer avec trop d’insistance si elle ne voulait pas éveiller les soupçons de ses camarades, mais Joey était pour le moment bien trop occupé à dévorer sa glace pour se douter de quelque chose.
D’après le programme imprimé sur le feuillet que Lisa avait trouvé sur sa chaise, la cérémonie devait débuter à deux heures et demi, ce qui lui laissait encore dix bonnes minutes à tuer en épiant M. Bates. Elle le voyait papoter avec ses collègues et sortir régulièrement sa montre à gousset pour consulter l’heure, comme s’il lui tardait que la cérémonie commence, afin qu’elle puisse se terminer au plus vite. Son souhait fut exaucé lorsque, à deux heures et trente-et-une minutes exactement, les joueurs de l’équipe de baseball et les pom-pom girls des Lincoln Lions firent leur entrée sur le terrain. Salués par les applaudissements du public, ils vinrent se placer de part et d’autre du pupitre, et furent bientôt rejoints par le principal Hawkins, puis par Mark Collins, qui prit le micro pour entamer son discours d’introduction.
- Bonjour à toutes et à tous. Je suis Mark Collins, le président du bureau des élèves, et je suis ravi d’être parmi vous aujourd’hui...
- Vraiment ? commenta Astrid. Ça n’en a pas l’air... Vous ne trouvez pas qu’il a mauvaise mine ?
- J’avoue que je ne le trouve pas très en forme, confirma Joey. Il a dû faire un peu trop la fête hier soir.
Lisa, qui jusqu’ici avait gardé ses yeux rivés sur M. Bates, reporta subitement son attention sur Mark. Elle devait reconnaître qu’il ne paraissait pas vraiment dans son assiette : alors qu’il avait l’habitude de faire son intéressant lorsqu’il prenait la parole en public, il semblait cette fois plutôt embarrassé, et jetait quelques regards hésitants vers l’assemblée comme s’il craignait quelque chose.
- Depuis sa création en 1919, reprit-il, le lycée Lincoln met tout en œuvre pour permettre à ses élèves d’atteindre l’excellence scolaire, en leur offrant un cadre de vie à la fois privilégié et propice à la réussite.
- Je doute que les parents d’Ashley soient de cet avis…, lança Astrid.
- Aujourd’hui, continua Mark, force est de constater que toutes ces belles valeurs... sont parties en fumée.
- Quoi ? se récria Lisa d’une voix stupéfaite.
M. Bates, aussi surpris que le reste de l’auditoire, se tourna vers ses collègues en fronçant les sourcils d’incompréhension.
- J’en suis en partie responsable, avoua Mark. En tant que président du bureau des élèves, il était de mon devoir de veiller au bien-être de mes camarades, en particulier des plus fragiles, victimes de harcèlement scolaire... Mais je n’en ai rien fait, car au fond... je ne suis qu’un sale hypocrite.
- Ça alors ! s’exclama Kevin. Moi qui pensais m’ennuyer pendant cette cérémonie… Finalement, elle s’annonce beaucoup plus amusante que ce que j’imaginais !
Lisa n’en revenait pas de ce qu’elle entendait. Que diable était-il arrivé à Mark Collins ? De toute évidence, le président du bureau des élèves n’était pas dans son état normal. Il parlait comme s’il était sous l’effet d’un sortilège qui le forçait à prononcer ces mots auxquels il ne croyait pas une seule seconde. Lisa repensa alors à ce que lui avait dit Mike la veille au soir, lorsqu’il avait laissé entendre qu’il connaissait déjà le speech de Mark et qu’il ne pensait pas qu’il allait plaire à tout le monde… Quel rôle son ami avait-il joué dans cette mascarade ? Etait-ce lui qui avait obligé Mark à faire ce discours ? Après le mauvais tour qu’il lui avait joué en l’éclaboussant de peinture vert fluo, cela n’aurait pas été étonnant… Mais quel moyen de pression avait-il trouvé pour faire chanter Mark de la sorte ?
Persuadée que Mike n’était pas étranger à toute cette histoire, Lisa essaya de le localiser parmi les spectateurs, mais elle ne le vit nulle part. Même Nils était introuvable. Tous les deux devaient certainement se tenir à l’écart et rire sous cape en écoutant Mark lire son allocution.
- C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, je vous présente officiellement ma démission de la présidence du bureau des élèves. Comment pourrais-je en effet continuer à faire semblant d’être concerné par le droit des filles au lycée, alors que je soutiens depuis toujours... un putain de violeur comme Scott Davis ?
Cette fois-ci, Lisa resta bouche bée. Si certains dans l’assemblée n’étaient pas encore au courant des accusations dont Scott faisait l’objet depuis le début de la journée, voilà qu’ils en étaient brutalement informés. Les invités s’entre-regardaient d’un air ahuri et Mark Collins profita de la confusion générale pour s’enfuir en courant. Bientôt, les militants pro-Ashley Westbrook retenus à l’entrée du terrain de baseball par les agents de police se mirent à crier avec colère : « Scott Davis doit payer pour ce qu’il a fait ! », « Le lycée Lincoln doit mettre fin à ces agissements ! ».
- D’accord, d’accord, s’impatienta M. Hawkins, qui venait de s’emparer du micro pour tenter de calmer l’auditoire. De toute évidence, il s’agit d’une blague de nos élèves… qui est, je vous l’accorde, de très mauvais goût.
Tandis que le proviseur s’efforçait de reprendre la situation en main, Lisa reposa son regard sur M. Bates et le vit retirer ses lunettes pour se masser le front comme s’il se sentait particulièrement fatigué. La terrible accusation de Mark venait-elle de lui apprendre ce qui était réellement arrivé à Ashley ? Que pensait-il, maintenant qu’il savait que sa classe de maths de terminale abritait un violeur ? L’accepterait-il à son prochain cours ? Une question à laquelle Lisa n’obtiendrait de réponse que le lundi suivant, à son retour de week-end… En attendant, une chose était sûre : elle devait se procurer les enregistrements d’Ashley Westbrook et les écouter au plus vite.
Par chance, les MP3 postés anonymement sur le blog du comté de Greentown étaient toujours disponibles lorsque Lisa rentra chez elle le vendredi en fin d’après-midi. Elle se dépêcha de les télécharger depuis son ordinateur, plaça son casque audio contre ses oreilles, puis lança la lecture du premier fichier. La voix d’Ashley Westbrook résonna alors dans sa tête, aussi claire et distincte que si la jeune fille s’était trouvée à ses côtés. Une voix que Lisa n’avait pas entendue depuis cinq mois.
- Salut, c’est Ashley. Ashley Westbrook.
Effarée, Lisa s’empressa d’augmenter le volume et d’appuyer sur ses écouteurs comme pour mieux réaliser ce qu’elle entendait.
- Pas la peine de régler l’appareil sur lequel tu écoutes cet enregistrement, reprit la voix d’Ashley. C’est bien moi, en direct et en stéréo. Ce que je m’apprête à te raconter risque d’être un peu long, alors installe-toi confortablement et prends de quoi grignoter. Ce que tu es sur le point d’entendre n’est ni plus ni moins que l’histoire de ma vie. Ou plutôt, pourquoi ma vie s’est arrêtée. Et si tu écoutes ceci, c’est parce que tu en es l’une des raisons.
Le cœur battant à tout rompre, Lisa mit la lecture en pause et inspira une profonde bouffée d’air pour essayer de retrouver son calme. Pourquoi commençait-elle déjà à paniquer ? Avait-elle peur de ce qu’elle allait découvrir dans ces enregistrements ? Craignait-elle de faire partie des dix raisons qui avaient poussé Ashley au suicide ? Pourquoi se sentait-elle aussi coupable ? Etait-ce parce qu’elle se reprochait de ne pas l’avoir suffisamment aidée ? De n’avoir rien vu à sa détresse ? Et si jamais M. Bates figurait lui aussi parmi les dix responsables de la mort d’Ashley ?
Ne pouvant faire durer le suspense plus longtemps, Lisa lança à nouveau la lecture, et pria pour que ses craintes ne se réalisent pas.
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