Pas de couloir
La maison de mots ne s'embarrasse pas de couloirs. Elle est remplie de portes et d'escaliers et de fenêtres qui ne donnent sur rien ou alors sur d'autres portes et d'autres escaliers et d'autres fenêtres.
Entre les murs de ma maison de mots, il n'y a pas de file d'attente, pas de mort dans l'âme, pas de pas qui claquent encore et encore et qui carcassent mon courage. Pas besoin de lignes vides pour créer des labyrinthes, pas besoin d'une autre dose de solitude, pas besoin de vous, satanés couloirs !
Sans vous, me voilà moins fantôme déjà. Sans vous, j'ai le droit de danser et de sauter des marches, d'ouvrir grand les fenêtres en hurlant sous la pluie pour en boire la suie. Sans vous, les mots enfin résonnent, hauts et clairs, sans limites, comme les cloches des églises.
Peut-être même que quelqu'un les entendra.
Et loin de vous, sur l'immense parquet de mon imagination, je peux me coucher en étoile de mer et rêver du silence, remplacer les acouphènes par l'infini roulis des vagues, m'enrouler dans ma coquille et oublier qu'à l'autre bout personne ne m'attend.
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